L'Autorité des Antiquités d'Israël a annoncé le 30 novembre 2017 la mise à jour, à l’aide de drones, d’une structure de 2200 ans, à 40 km au sud-ouest de Jérusalem. Un autel unique par sa décoration en est le fleuron.
Imaginez une zone d’entraînement militaire en Israël au-dessus de laquelle des drones planent. Naturellement, tout porte à croire qu’ils volent au service de manœuvres ou d’exercices. Mais ce serait oublier que ces « faux-bourdons » sans pilote sont aussi des alliés très précieux pour les archéologues. De fait, des drones survolant la zone militaire ont pris des photographies aériennes et permis grâce aux caméras de localiser les traces de l’emplacement d’un ancien temple construit il y a environ 2 200 ans par le peuple biblique des Iduméens (descendants des Edomites). Ces photos ont aidé les archéologues de l’Autorité des Antiquités d’Israël (AAI) et de l’Université hébraïque de Jérusalem à concentrer le périmètre de leurs fouilles. Le butin récolté a été à la hauteur. De fait, les chercheurs israéliens ont exposé le 30 novembre les fruits de cette riche découverte, indique un communiqué publié le même jour par l’Autorité des Antiquités d’Israël.
La découverte a eu lieu durant les fêtes de Souccot de cette année (4 -11 octobre 2017) sur le site de Horvat ‘Amuda, dans la région de Lakish (souvent citée dans l’histoire biblique) à 40 kilomètres au sud-ouest de Jérusalem. Les fouilles ont révélé d’importants vestiges d’un complexe datant de la période hellénistique. Il s’agit probablement d’un palais voire d’un temple iduméen. L’Idumée est le nom d’une région limitrophe de la Judée pendant la période du Second Temple. Elle s’étend du sud des monts de Judée au nord du Néguev. Selon les directeurs des fouilles, le Dr Oren Gutfeld de l’Université hébraïque, et Pablo Betzer et Michal Haber de l’Autorité des Antiquités d’Israël : « Si c’était un palais ou un temple iduméen, c’est une découverte rare et fascinante – des structures similaires dans ce pays peuvent être comptées sur les doigts de la main. »
Dans une des pièces de l’antique palais (ou temple), deux autels en pierre servant à brûler de l’encens ont été découverts. Sur l’un d’eux, un taureau sculpté en relief est représenté debout dans ce qui pourrait être la façade d’un temple « orné de magnifiques colonnes », précisent les chercheurs. Selon eux, l’autel est « une découverte unique et rare en termes de décoration. » Le taureau, soulignent-ils, « pourrait avoir symbolisé une divinité adorée par les Iduméens. » Par ailleurs, de délicates poteries ont également été déterrées, notamment des bols peints, des petites cruches et des lampes à huile. Sur le site des fouilles, on trouve également de nombreux espaces souterrains, qui ont été utilisés comme carrières ou pour abriter des bains rituels juifs (mikvaot), des pressoirs à huile et des pigeonniers d’époques postérieures. Des tunnels cachés de l’époque des révoltes juives contre les Romains ont également été découverts. L’un d’eux contenait une marmite intacte de l’époque de la révolte de Bar Kokhba (132-135 ap. J.-C.).
Les fouilles de Horvat ‘Amuda s’inscrivent dans le cadre d’un vaste projet de recherche archéologique entre Bet Guvrin et Maresha (une forteresse iduméenne voisine) au nord, et, Moshav Amatzia au sud. Les archéologues espèrent d’ailleurs que les fouilles du site iduméen, dans l’idéal au printemps, permettront de découvrir encore plus d’éléments significatifs et historiques. Il faut savoir qu’au cours de la période hellénistique, Horvat ‘Amuda était apparemment l’un des établissements satellites agricoles de Maresha, qui était devenue la capitale du district d’Edom (aujourd’hui, elle fait partie du parc national Bet Guvrin-Maresha).
Un démantèlement volontaire
Il semble que le palais ou le temple retrouvé ait été intentionnellement démantelé, peut-être pendant la conquête de la région par les Hasmonéens. Les experts pensent que cela pourrait avoir eu lieu vers 112 avant J.-C., lors des conquêtes du roi Jean Hyrcan Ier, dit Hyrcanus, fils de Simon Maccabée fondateur de la dernière dynastie juive, celle des Hasmonéens à la fin du IIe siècle av. J.-C. La dynastie hasmonéenne qui régnait sur la Judée et ses environs à l’époque a dévasté Maresha qui abritait 6 000 à 10 000 Iduméens.
L’hypothèse que le palais/temple aurait été démoli par les Hasmonéens correspondrait donc à l’Histoire. Dans le cadre des conquêtes, les habitants ont été forcés de se convertir à la foi juive ou de quitter la région. Ils se fondirent ensuite dans la population juive. D’ailleurs, il est connu que le père d’Hérode le Grand, Antipater, était issu des Iduméens convertis au judaïsme de fraîche date. La mère d’Hérode était nabatéenne. Hérode n’avait pas beaucoup de crédibilité à régner sur les Juifs. Et il le savait. Son mariage avec la petite-fille de l’ex-roi hasmonéen Hyrcan II, Mariamne, Juive de Jérusalem, devait lui donner un peu de légitimité….
Ces fouilles ont été commanditées par l’AAI et une organisation à but non lucratif basée aux États-Unis, la Fondation Beit Lehi, qui parraine des fouilles en Terre d’Israël. Des étudiants en archéologie de l’Université hébraïque et de l’Université Bar-Ilan ainsi qu’un groupe de volontaires américains ont participé.