Le 8 mars à Tel Aviv, des femmes de couleurs différentes et de tous les milieux sociaux sont descendues ensemble dans la rue. Pour dire non à l'expulsion des demandeurs d'asile africains d'Israël.
Elles ont marché côte à côte pour dire non à l’expulsion ou à la déportation des immigrants africains. A l’occasion du 8 mars, environ un millier de femmes de Tel Aviv sont descendues dans la rue en une unique manifestation : des réfugiées africaines et des israéliennes, des activistes et des personnes ordinaires. Le 1er avril approche, date à laquelle les expulsions des migrants érythréens et soudanais pourraient commencer, d’après la nouvelle mesure du gouvernement d’Israël. Pour cette raison, plusieurs organisations ont préparé depuis des semaines des manifestations publiques à Tel Aviv. Celle du 9 mars a été une nouvelle fois l’occasion d’exprimer sa dissidence à une loi qui pourrait conduire à l’expulsion et à la déportation de milliers de migrants. Diverses associations ont participé à la marche des femmes : Sud de Tel Aviv contre la déportation ; Ma soeur – Pour les femmes en Israël ; Bibliothèque Levinsky ; Pouvoir à la communauté ; le Centre pour le développement des réfugiés africains ; le centre féministe Akhoti et le centre communautaire des femmes érythréennes.
Aux côtés des femmes, il y avait aussi beaucoup d’hommes, de personnes âgées et d’enfants. One, two, three, four, deportation no more ! (« Un, deux, trois, quatre, stop à la déportation ! ») Let us say loud and clear, refugees are welcome here ! (« Disons-le haut et fort, les réfugiés sont les bienvenus ici ! ») sont quelques-uns des slogans que les manifestants ont criés à haute voix. Les premiers concernés par la mesure du gouvernement d’Israël, seront seulement les hommes, d’où les pancartes où l’on pouvait lire « Ne déporte pas mon frère, mon ami, mon fils ».
« Notre événement – explique Layahel, responsable du programme d’Ardc – est né pour créer une solidarité entre les femmes israéliennes et les femmes réfugiées, en marchant ensemble, en demandant d’arrêter la déportation ». Tous vêtus d’un vêtement blanc, à la demande des organisateurs, les participants sont partis du siège du centre féministe pour arriver jusqu’au parc Levinsky, près de la gare centrale de Tel-Aviv. Là, une scène avec des DJ et de la musique attendait les manifestants.
« J’appartiens à l’organisation Sud de Tel Aviv contre la déportation – explique Shlomit -. Nous voulions être ici avec tant d’autres organisations pour dire non à la déportation ». Beaucoup de migrants ont aussi participé, comme Rachel, Erythréenne, en Israël depuis neuf ans. « Ma famille est ici avec deux enfants et je travaille comme femme de ménage », raconte-t-elle. Mon voyage a duré des mois, à travers le Soudan puis le Sinaï : c’était très difficile. Aujourd’hui, nous sommes ici tous ensemble dans la joie pour manifester et nous espérons que quelque chose pourra changer ».
Tom, une jeune femme de Tel Aviv, faisait également partie de la manifestation : « Merci à certains de mes amis qui travaillent comme bénévoles pour la manifestation, j’en ai entendu parler aujourd’hui. Je crois que les personnes sont des personnes, peu importe la couleur ou la religion. S’ils ont des difficultés, nous devons leur permettre de rester ». « Nous étions nous aussi dans la même situation – lui fait écho Stephany -. L’argent utilisé pour les expulsions pourrait être destiné à d’autres et ce qu’ils font n’est pas digne d’un pays démocratique ».
Sur la scène de la manifestation, sous la direction de la féministe Shula, il y avait différentes invitées, toutes des femmes engagées et activistes à différents niveaux : Dr. Alganesh Fesseha, Hélène Kidane, Sumia Omer, Ester Alam. « Je viens du Darfour et le voyage pour venir ici a été compliqué – dit Sumia -. Sur mon chemin j’ai rencontré des hommes et des femmes ainsi que des enfants qui ont été capturés, mais Dieu merci, je suis arrivé saine et sauve. Pour beaucoup d’autres, cela n’a pas été le cas. Aujourd’hui, je suis heureuse de pouvoir être là, mais si nous essayons de penser à l’avenir, nous avons peur. Nous n’avons pas choisi de venir ici, mais nous avons dû partir à cause de la dictature. Nous voulons seulement être traités comme des êtres humains. »
Parmi les manifestants, il y avait aussi deux religieuses comboniennes. « Nous sommes missionnaires et venons à Tel Aviv deux jours par semaine pour travailler dans un centre d’écoute de femmes réfugiées », explique l’une d’elles, d’origine italienne. Il y a un psychologue pour le suivi thérapeutique et les femmes confectionnent aussi des tricots destinés à la vente pour avoir une aide financière. Sœur Aziza, Erythréenne d’origine, est également montée sur scène pour en tigrigna (langue officielle de l’Erythrée) aux manifestants. « Nous travaillons pour les femmes de Tel Aviv les plus marginalisées de la société – explique la religieuse – : elles sont mères célibataires ou sont venues seules en Israël. D’autres ont encore des enfants atteints du cancer, du Sida , d’une maladie du cœur ». Pour eux, Sr Aziza est la référence : « Quand je suis avec ces femmes, je suis heureuse qu’elles aient au moins quelqu’un avec qui parler, qui leur donne de l’espoir. Je leur ai dit que seul Dieu résolvait les problèmes. Maintenant, nous attendons le temps de Pâques : après la souffrance, viendra la joie ».