Quel est le rapport entre Cracovie, Bethléem, Panama et la paix dans le monde ? La réponse est : le pape François. C’est Mgr Pierre Bürcher, prêtre suisse et évêque émérite du diocèse de Reykjavík en Islande qui l’explique dans le bureau de Terre Sainte Magazine à Jérusalem.
“L’année de la vie consacrée, le pape a voulu promouvoir un livre sur la vie consacrée, initié par un Suisse, Daniel Pittet. Il a voulu que l’ouvrage soit traduit et distribué dans le monde entier, confiant tout le projet à saint Joseph. De fait il a été traduit en quinze langues, tiré et distribué à 5 millions d’exemplaires dont 1,5 million aux jeunes présents aux JMJ de Cracovie de 2016. Alors que l’équipe qui portait ce projet était venue rendre les comptes de l’opération, le pape François interrogea un des membres. “Et toi Daniel tu pries pour la paix ?”. “Bien sûr je prie pour la paix”. “Et quelle prière dis-tu ?” “Je prie le chapelet”. Et le pape de confier une nouvelle mission : celle d’inviter les jeunes qui participeront aux JMJ de Panama à prier le rosaire pour la paix. Saint Joseph s’occuperait de nouveau de tout.
Un coup de pouce suisse
Le lien avec Bethléem se fit en Suisse, dans le bureau de Mgr Bürcher. Consulté sur le projet l’évêque répondit : “Pour prier le chapelet il faut…. un chapelet. Si les JMJ de Panama doivent réunir comme à Cracovie 1,5 million de jeunes, alors il faut autant de chapelets. Deux solutions s’offrent alors. Les faire fabriquer en Chine, mais dans ce cas je ne serai d’aucune aide ou, puisque l’olivier est un symbole de paix, les faire fabriquer à Bethléem.”
Mgr Bürcher connaît bien la Terre Sainte où depuis deux ans et sa démission forcée pour cause de santé, il passe la moitié de l’année. “Mes poumons ne supportaient plus l’air glacial d’Islande. Les médecins m’ont conseillé de vivre dans un pays chaud. Aussi, je passe l’hiver ici et l’été en Suisse.” S’agissant du projet, l’évêque poursuit : “Nous avons tout de suite pensé qu’une telle quantité de travail était une aubaine pour la fragile économie des chrétiens de Bethléem. Et nous avons désiré que soient employés en premier lieu des pauvres.”
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C’est avec ces développements que Mgr Bürcher et Daniel allèrent trouver le pape qui accueillit avec joie que le projet soit spirituel et permette de toucher les périphéries et les personnes en situation de précarité qui lui sont si chères.
Un tel projet ne pouvait se finaliser sans se rendre sur place et monter un partenariat. Le secrétaire de l’Assemblée des Ordinaires de Terre Sainte, le père Pietro Fellet, les orienta vers la Caritas de Jérusalem. C’est George Handal qui accueillit le projet et continue de le suivre. Cela tombe bien, lui-même a travaillé dans la fabrication d’objets religieux. Quand il fait rouler les grains au creux de sa main son verdict est sûr.
Pour la fabrication des 81 millions de grains et du million et demi de croix nécessaires, la Caritas a mis au travail quelque 800 personnes à Bethléem et ses deux villes chrétiennes proches, Beit Sahour et Beit Jala. Deux personnes sont employées à temps plein pour le contrôle qualité. Mgr Bürcher se rend régulièrement dans les ateliers et domiciles où les chapelets sont assemblés. “Plutôt que d’enfiler les grains sur un fil de nylon, nous avons pensé qu’il fallait les mettre sur un élastique puisque les jeunes aiment mettre au poignet leur chapelet ou autre bracelet coloré.” Soit 750 km de fil élastique à trouver. Pour des raisons de commodité, les grains du Credo, Notre Père et des 3 Je vous salue Marie que l’on trouve avant la croix ne seront pas sur le chapelet, rendu ainsi plus ergonomique.
“C’est la Caritas qui a construit techniquement et financièrement le projet, explique Mgr Bürcher. Fabriqué, expédié, envoyé au Panama, chaque chapelet revient à 1$ (0,80€ – 0,93 CHF – 1,25$CA).” Et où allez-vous trouver 1,5 million de dollars ? “Saint Joseph” qui est censé susciter la générosité de qui voudra. “Le jour de la fête du Saint nom de Marie, le 12 septembre dernier, nous avons reçu 100 000 francs suisses, le premier don… anonyme.” Mgr Bürcher ne cache pas sa joie de voir que la Vierge Marie elle-même ne voulait pas être en reste des bénédictions qui coulent sur ceux qui participent au projet. “A ce jour nous avons collecté un peu moins de la moitié de la somme.” Saint Joseph, si tu nous entends…
Tandis qu’à Bethléem on s’active dans les ateliers, Mgr Bürcher est en lien étroit avec l’archevêque de Panama. Sur la croix estampillée Bethléem, ce dernier a demandé qu’on inscrive aussi JMJ 2019. Pour des raisons de place, Panama ne pourra accueillir qu’un demi-million de jeunes. Aussi chacun d’entre eux recevra sous cellophane 3 chapelets et une belle photo du pape. Un chapelet pour lui, un pour donner à un Panaméen, l’autre pour le donner à un proche dans son pays d’origine. Ainsi chaque jeune va devenir missionnaire de la paix et les chapelets de Bethléem se répandre dans le monde entier. Les deux premiers containers doivent quitter le port d’Ashdod en octobre prochain. Un dernier container éventuellement partira lui par avion en décembre. Tout doit être arrivé à temps pour les JMJ du 22 au 29 janvier 2019.
A Panama, en attendant les chapelets, une équipe de jeunes travaille à créer une application pour smartphone qui aide à prier le rosaire. Elle sera écrite dans un langage renouvelé, spécialement à destination des jeunes et traduite en plusieurs langues.
“Le Saint-Père tient vraiment à la paix et il porte dans son cœur les chrétiens du Proche-Orient et le souci de la paix pour la région” souligne encore Mgr Bürcher. A 72 ans, le Valaisan porte moins souvent la mitre, mais l’évêque est plus que jamais épiscope, qui supervise avec un calme enthousiasme un projet qui met du baume aux cœurs des chrétiens de Bethléem.♦
Nom de code AVEJMJ
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Dernière mise à jour: 05/02/2024 14:59