La basilique du Saint-Sépulcre a fait la Une de la presse pour la deuxième fois en un an. La première fois, c’était à l’occasion de travaux de restauration du Tombeau de Jésus. La seconde fois, fin février, quand les Églises qui en ont la garde décidaient d’en fermer les portes en signe de protestation à la politique fiscale israélienne (voir article page 22). Durant les deux jours de la fermeture, je me suis rendue à plusieurs reprises sur le parvis pour prendre la température, tandis que les pèlerins se heurtaient aux portes closes. Beaucoup exprimaient une vraie tristesse d’“être à la fois si près et si loin”. Pour certains, ce voyage et cette visite étaient la seule occasion de leur vie d’entrer là où le Christ a trouvé la mort et là où il est ressuscité. Pourtant, tous restaient calmes et nombreux sont ceux qui lorsqu’on leur donnait une explication étayée comprenaient. Beaucoup priaient silencieusement la tête ou les mains posées contre les murs, ou la porte, certains groupes trouvaient la force de chanter. Cela ne remplaçait pas la visite. Il aurait fallu être insensible pour ne pas être peinée de la tristesse qui voilait leurs visages.
Pour être fermée, la basilique n’était pas vide pour autant. Les religieux des trois communautés majeures, grecs-orthodoxes, Franciscains, et arméniens apostoliques ainsi que trois moines coptes, ont poursuivi à l’intérieur leur vigie de prière. “Pour nous, ces jours-ci, la vie quotidienne a été normale. Nous avons célébré toutes les liturgies, même avec la porte fermée ; même pendant la nuit nous avons officié. C’était très calme, je ne me souviens pas avoir célébré dans un tel silence”, témoignait le supérieur des franciscains frère Zacheusz. La fraternité, de jour comme de nuit, a célébré les offices, les messes, fait la procession quotidienne dans une église déserte, comme des générations de franciscains, reclus volontaires, parfois pendant des mois attendant qu’un groupe de pèlerins ait les moyens de payer aux gardiens musulmans des clés le prix de l’ouverture. Entre les religieux des diverses confessions, cela a donné lieu à des temps d’échange fraternels. Des photos publiées sur Facebook les montraient partageant un café.
Les religieux eux aussi cherchaient à prendre la température de ce qui se passait dehors : “Nous prions pour tous les pèlerins”, disait le supérieur, tandis que le premier sacristain frère Sinisa s’émerveillait de la foi des pèlerins qui “trouvent l’espérance de prier devant cette porte fermée”.
Et si nous qui avons eu la joie d’entrer dans la basilique nous continuions, pendant le carême, de prier pour ceux qui n’ont pas pu, invitant le Seigneur à leur faire un clin d’œil, un “clin Dieu”, tout spécial pour les consoler ?♦
Dernière mise à jour: 05/02/2024 15:36