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Une Juste érythréene honorée à Neve Shalom

Beatrice Guarrera
8 mars 2018
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Dans le Jardin des Justes dans le village israélien de Neve Shalom - Wahat as-Salam, le 6 mars dernier, hommage a été rendu à l'engagement d'Alganesh Fesseha qui a travaillé pour les migrants africains au Sinaï.


Alganesh Fesseha sourit sous les arbres du Jardin des Justes dans le village de Neve Shalom – Wahat as-Salam : elle fait partie de ceux qui ont été honorés lors du second Jour des Justes célébré le 6 mars dans le village israélien dont le nom, en hébreu et en arabe, signifie « Oasis de paix ». Cette femme médecin d’origine érythréenne a été récompensée pour « son travail et sa lutte contre la traite des êtres humains, l’enlèvement, la torture et le viol des réfugiés africains ». Devant les écoliers du village et les invités, Alganesh Fesseha a déclaré : « je m’occupe des réfugiés et des personnes vulnérables, ceux qui sont oubliés par la société. C’est pour cette raison que j’ai créé l’ONG Gandhi présente dans de nombreux pays africains ».

C’est une histoire de courage et d’engagement qui a débuté en 2002 alors qu’elle travaillait au Soudan pour une société internationale. Après avoir vu les conditions misérables d’une fratrie, des Erythréens comme elle, elle a décidé de faire quelque chose pour les aider. Avec son ONG Gandhi, fondée à Milan, le travail a commencé en Côte d’Ivoire, en aidant les femmes maltraitées par la société et leurs maris, à s’intégrer dans leurs propres pays. « Nous avons choisi le nom « Gandhi » parce que nous croyons en la paix et l’harmonie – a déclaré Alganesh Fesseha -. Les êtres humains peuvent vivre avec les autres sans être maltraités, torturés, déportés. Je crois que tous ensemble nous pouvons vivre en paix et en harmonie et c’est l’exemple donné par Neve Shalom – Wahat as-Salam ». Au cours de la cérémonie, en plein air sous les arbres du Jardin des Justes, les écoliers du village ont chanté et joué.

« Je suis en Israël pour la première fois et, même si elle n’œuvre pas directement ici, notre association a beaucoup traité de la déportation des migrants – raconte le docteur -. Aujourd’hui, c’est un problème urgent et qui concerne des personnes qui ont beaucoup souffert en passant par le Sinaï. J’y travaille depuis cinq ans, depuis 2013, et nous avons sauvé plus de 750 personnes des mains des trafiquants bédouins. Entre 8 000 et 10 000 personnes sont mortes dans le Sinaï et combien d’organes ont été vendus dans ce trafic ! » Lorsque les migrants n’ont pas l’argent pour payer leur voyage, ils peuvent effectivement rencontrer des groupes de criminels qui les kidnappent pour prendre leurs organes et les revendre. Alganesh Fesseha confie cependant qu’« être juste n’est pas facile ». Lorsque vous devez choisir des personnes pour les couloirs humanitaires, décider qui sauver reste toujours la chose la plus difficile.

À la création du Jardin des Justes de Neve Shalom – Wahat as-Salam, le Pr Yair Auron, historien spécialisé dans l’étude des génocides, y travaillait. Après avoir exercé également pour Yad Vashem (le Mémorial de l’Holocauste situé à Jérusalem), le professeur Auron a eu l’idée de rendre hommage à ceux qui ont risqué leur vie pour les autres. « Cette année, nous avons également décidé d’honorer les Palestiniens qui ont sauvé des Juifs à Hébron en 1929 », a expliqué Yair Auron, qui a également collaboré à la rédaction d’un livre sur ces actes héroïques. « Ces histoires sont importantes d’un point de vue pédagogique mais restent inconnues – observe le professeur – : ma mission est maintenant de diffuser la connaissance de ces cas d’entraide mutuelle ».

« Etre ici en cette Journée des Justes, est très important pour notre association », a déclaré Martina Landi, représentante italiennne de l’association Gariwo, qui a accompagné Alganesh Fesseha et a contribué à la création du Jardin des Justes de Neve Shalom – Wahat as-Salam. « La crise des migrants après 2013 à Lampedusa nous a conduit à rechercher toutes les personnes engagées non seulement dans le sauvetage immédiat des migrants en mer, mais aussi dans le sauvetage plus large contre le trafic d’organes, par exemple – ajoute Martina Landi -. Nous avons ainsi rencontré Alganesh et en 2015 nous lui avons dédié un arbre au Jardin des Justes à Milan. En 2016, nous l’avons également honorée dans le Jardin des Justes de l’Ambassade d’Italie à Tunis ». « Pour nous, elle est une femme de Nobel pour la paix », qui a le mérite d’élargir le discours de l’aide aux réfugiés : en plus des soins primaires, on compte également la recherche des moyens juridiques pour les faire passer dans les couloirs humanitaires, ou l’assistance en matière de scolarité et d’emploi.

Ashraf Eid al-Ajrami, membre du comité palestinien chargé de la liaison avec la société israélienne au nom de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et ministre pour les affaires liées aux détenus de l’Autorité palestinienne, aurait dû être présent lors de la cérémonie d’hommage, mais on l’a empêché d’entrer en Israël pour assister à l’événement.

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