Dimanche 1er avril 2018, le pape depuis Rome a lancé un appel vibrant pour la fin de « l'extermination » en Syrie et plaidé pour « la réconciliation » en Terre sainte, 48h après la mort de Palestiniens à Gaza.
Depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre de Rome, le pape François a délivré son traditionnel message de Pâques à la ville et au monde « Urbi et Orbi ». Il a demandé « des fruits de paix pour le monde entier », s’attardant particulièrement sur les pays du Proche-Orient.
Le chef de l’Eglise catholique a d’abord commencé par évoquer « la bien-aimée et tourmentée Syrie, dont la population est épuisée par une guerre qui ne voit pas de fin. » Pays où il voudrait que « la lumière du Christ Ressuscité éclaire les consciences de tous les responsables politiques et militaires, afin que soit mis un terme immédiatement à l’extermination en cours. » Des mots sans conteste très forts et rares dans la bouche du pape à l’adresse de la communauté internationale et en référence aux événements de la Ghouta orientale en passe d’être totalement reprise par les troupes du régime de Bachar al-Assad. En effet, une opération d’évacuation des rebelles et de leurs proches est organisée depuis le 2 avril par la Russie, grand allié du régime syrien.
Le pape en a également profité pour appeler au respect du « droit humanitaire » pour les Syriens. Souhaitant que soit facilité « l’accès aux aides dont ces frères et sœurs ont un urgent besoin, assurant en même temps des conditions convenables pour le retour de tous ceux qui ont été dispersés. » La guerre de Syrie a fait plus de 350 000 morts et des millions de réfugiés.
Le pape argentin a ensuite évoqué la Terre sainte, « blessée encore ces jours-ci par des conflits ouverts qui n’épargnent pas les personnes sans défense. » Le pape a de ce fait invoqué « des fruits de réconciliation. » Allusion claire et nette aux affrontements, ayant eu lieu deux jours plus tôt, à la frontière de la Bande de Gaza entre des manifestants palestiniens de Gaza et l’armée israélienne. Vendredi 30 mars, plus de 1 400 Gazouis ont été blessés et 16 Palestiniens ont été tués. Un 17ème est mort lundi, a indiqué lundi le ministère de la santé à Gaza. Vendredi a été la journée la plus meurtrière dans l’enclave palestinienne depuis la guerre de 2014 menée par Israël dans l’enclave. De nombreuses voix, dont celle du secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres et de la haute représentante de la diplomatie de l’Union européenne Federica Mogherini, se sont élevées pour réclamer « une enquête indépendante » sur les récentes violences à Gaza. Une demande rapidement rejetée par le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman. Des dizaines de milliers de Palestiniens ont afflué vers la barrière séparant Israël de la bande de Gaza, au premier jour de « la marche du retour » censée durer six semaines. Les manifestations visent à réclamer « le droit au retour » des Palestiniens qui, par centaines de milliers, ont été chassés de leurs terres ou ont fui lors de la guerre ayant suivi la création d’Israël en 1948.
Le pape a aussi prié « pour le Yémen et pour tout le Moyen-Orient, afin que le dialogue et le respect réciproque prévalent sur les divisions et sur la violence. »
Le souverain pontife a aussi prié particulièrement pour les chrétiens persécutés dans la région : « puissent nos frères en Christ, qui souvent subissent brimades et persécutions, être des témoins lumineux du Ressuscité et de la victoire du bien sur le ma. »
Un message pour les réfugiés à l’heure où Israël s’empêtre dans sa politique migratoire
Le pape François a aussi au début de son message pascal rappelé que la fête de la Résurrection porte des fruits d’espérance « là où il y a de la misère et de l’exclusion, là où il y a la faim et où manque le travail. » Il a ainsi fait notamment allusion aux « personnes déplacées » et aux « réfugiés » qui sont « tant de fois rejetés par la culture actuelle du rebut. »
Le pape a finalement conclu son message en appelant ceux qui ont « des responsabilités politiques » à respecter « toujours la dignité humaine. » Son message est intervenu la veille où le premier ministre israélien a renoncé à un accord avec l’Onu, annoncé pourtant seulement quelques heures auparavant.
Cet accord avec le Haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés prévoyait la réinstallation de 16 250 migrants africains vivant illégalement en Israël dans des pays occidentaux, tels le Canada ou l’Europe. Notamment en Allemagne et Italie. Cependant les deux des pays ont nié être au courant.
L’aile droite de la coalition gouvernementale de Benjamin Netanyahu s’est dite aussi prise de court. » Ce qui a fait dire au Premier ministre israélien quelques heures plus tard sur sa page Facebook : « J’ai décidé de suspendre l’application de cet accord et d’en repenser les termes », affirmant avoir été attentif aux critiques.
Selon les autorités israéliennes, 42 000 migrants africains, vivent en Israël. Considérés par l’Etat hébreu comme des « infiltrés », ils sont majoritairement d’origine érythréenne et soudanaise.
Début janvier, le gouvernement leur a signifié (à l’exception des femmes et des enfants) qu’ils devaient faire le choix de quitter Israël d’ici à la fin mars ou d’aller en prison et d’y rester indéfiniment. A moins qu’ils consentent à être expulsés avec une somme de 3 500 dollars (2 800 euros) et un billet d’avion. Ce plan est cependant gelé par la Cour suprême israélienne depuis deux semaines suite à de vives protestations qui ont profondément divisé la société israélienne.