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Rappel à Dieu du Patriarche émérite des syro-catholiques

Christophe Lafontaine
10 avril 2018
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Le 4 avril 2018 à Jérusalem, le patriarche émérite de l’Eglise syriaque catholique d’Antioche, Ignace Pierre III Abdel-Ahad, est entré dans le secret de Dieu. Il était très attaché à Bethléem et la ville sainte.


La Terre Sainte pleure une de ses grandes figures. Une déclaration du Secrétariat du Patriarcat des Syriaques catholiques d’Antioche a annoncé le décès le 4 avril 2018 du patriarche émérite de l’Eglise syro-catholique, Ignace Pierre (Boutros) VIII Abdel-Ahad à 87 ans. Conformément à ses dernières volontés, ses funérailles ont eu lieu à Bethléem, le 9 avril, a indiqué la rédaction du portail catholique suisse. Il fut Patriarche de 2001 à 2008, suite à la vacance du siège patriarcal dû au départ du patriarche Ignace Daoud à Rome. C’est le patriarche Ignace Joseph III Younan toujours en place qui lui a succédé en 2010.

L’Eglise syriaque catholique, unie à Rome, est une des Eglises catholiques orientales. Elle a cependant conservé sa langue, son rite et sa propre législation ecclésiastique. Cette Eglise est placée sous l’autorité d’un patriarche qui porte le titre de « patriarche d’Antioche, la ville de Dieu et de tout l’Orient ». La résidence officielle est à Beyrouth au Liban.

A la tête de cette Eglise, le patriarche Ignace Pierre III Abdel-Ahad s’est rendu très disponible pour apporter aide et soutien à son Eglise éprouvée par les différentes crises au Liban. De même, il s’est rendu en Irak juste avant l’invasion en 2003, pour témoigner à ses fidèles son affection et sa solidarité.
Un message du Patriarche actuel – Ignace Youssef III Younan -, relayé par L’œuvre d’Orient, indique qu’il « s’est fait surtout connaître par sa compassion pour les pauvres et les déplacés, en achevant le projet des HLM de saint Ephrem, situé dans l’ancien camp syriaque à Beyrouth. De même qu’il se lança à construire la nouvelle église de Jounieh, laquelle sera terminée en 2017, au nom de ‘Notre Dame de Fatima’. »

Né Grégoire Pierre Abdel-Ahad le 28 juin 1930 à Alep en Syrie, il entra au séminaire de Saint Ephrèm-Saint Benoit dirigé par les pères bénédictins à Jérusalem, puis au séminaire de Charfet au Liban. Il a été  ordonné prêtre en 1954 par le cardinal Ignace Gabriel I Tappouni, qui fut également patriarche syriaque-catholique, à Beyrouth.

Nommé ensuite comme professeur et économe au séminaire de Charfet et aumônier de la Confrérie Notre-Dame de l’Immaculée Conception, il publia « al-Dalil al-hadi », un guide en arabe de la liturgie de la Messe, de prières et des chants.

En 1965, il fut nommé curé de la paroisse Saint Joseph à Bethléem « où il déploya avec un zèle particulier ses services pour les pauvres et les déplacés à cause de la guerre de 1967 et réussit à construire une garderie et un foyer pour les pèlerins à Bethléem. », énonce le message du Patriarche Ignace Youssef III Younan. Il est aussi dit qu’en 1979, il fut nommé vicaire patriarcal en Terre Sainte et en 1986 il acheva la construction d’une nouvelle église dédiée à Saint Thomas à Jérusalem – proche de la Porte de Damas – pour remplacer l’ancienne église détruite suite à la guerre arabo-israélienne de 1948. De même il acheva la construction du vicariat et un foyer de pèlerins et des jeunes. Il fut par la suite désigné exarque patriarcal à Jérusalem et en Terre Sainte en 1991.

Nommé le 29 juin 1996 évêque auxiliaire d’Antioche des Syriens au Liban, avec le titre d’évêque titulaire de Batnae de Syrie, il a été consacré évêque en 1997  par l’imposition des mains du patriarche Ignace Antoine II Hayek à Alep en Syrie. Avant d’entamer en 2001 son mandat de Patriarche quand le pape Jean-Paul II lui accorda la communion ecclésiastique le 20 février 2001.

Un petit troupeau en Terre Sainte

Les origines de l’Eglise d’Antioche des syriens, de langue syriaque, qui se distingue et est séparée de l’Eglise chalcédonienne, remontent au concile de Chalcédoine en 451. A l’origine, l’appellation « syriaque » est destiné aux araméens et assyriens devenus chrétiens. Depuis les origines du christianisme, les Apôtres Pierre et Paul furent intimement liés à Antioche (ancienne capitale de la Syrie), où pour la première fois les disciples de Jésus reçurent le nom de chrétiens. L’Eglise Syriaque est l’Eglise d’Antioche, dont le siège apostolique fut établi en l’an 37 ap. J.-C. par saint Pierre. Deux illustres Pères dans la foi – irriguent l’Eglise syro-catholique. Saint Ignace (martyr), évêque d’Antioche, dont, par tradition, les patriarches syro-antiochiens prennent le nom au moment où ils acceptent l’office patriarcal ; et Saint Éphrem, communément appelé le Syrien et surnommé « la harpe de l’Esprit Saint ».

L’Eglise syriaque-catholique est issue de la division de l’Eglise syriaque orthodoxe au XVIIème siècle. Le rite liturgique est le rite syrien occidental d’Antioche, la messe est célébrée en araméen-syriaque et en arabe. L’Eglise est aujourd’hui membre du Conseil des Eglises du Moyen-Orient.

Aujourd’hui, l’Eglise des syro-catholiques est présente en Terre sainte, ainsi qu’au Liban, en Syrie, en Turquie et en Egypte. Mais une autre partie des fidèles vit aujourd’hui principalement  en Amérique, en Australie ou en Europe. L’Eglise d’Antioche des syriens compte entre 150 000 et  200 000 fidèles dont 50 000 en diaspora.

En Terre Sainte, elle est représentée officiellement par l’Exarchat patriarcal de Jérusalem, institué en 1890. L’exarchat  comprend deux paroisses, à Jérusalem et à Bethléem, et une troisième paroisse à Amman en Jordanie qui réunit 200 familles. En Israël et dans les Territoires palestiniens, la communauté syriaque catholique rassemble. La communauté de Terre Sainte a pour pasteur Monseigneur Grégoire Pierre Melki, exarque Patriarcal de Jérusalem.

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