La Libye a enfin rendu le 14 mai 2018 les dépouilles des martyrs coptes décapités en 2015 par des djihadistes affiliés au prétendu Etat islamique, dans la ville de Syrte. Vive émotion au sein de l’Eglise copte d'Egypte.
Poignant. En l’honneur des « martyrs de la foi et de la Patrie », les cloches des églises et monastères ont sonné à toute volée dans toute l’Egypte, rapporte l’agence Fides. Assurément, ce 14 mai restera gravé dans la mémoire des coptes.
Trois ans et trois mois après l’enlèvement puis l’assassinat près de la ville de Syrte au nord de la Libye, les corps des 21 victimes chrétiennes (dont 20 coptes) tuées pour leur foi début 2015 par des hommes masqués apparentés à Daesh ont été rapatriés par avion-cargo dans leur pays d’origine.
Le Patriarche copte-orthodoxe, Tawadros II, ainsi que le Ministre égyptien chargé de l’immigration, Nabila Makram, ont accueilli officiellement les cercueils à l’aéroport du Caire. Le pape des coptes a alors tenu une prière funéraire sur le tarmac en présence de nombreux évêques et prêtres de son Eglise, indique le site arabe d’information chrétienne, abouna.org.
Les autorités libyennes avaient découvert les corps en octobre 2017 après que la ville de Syrte a été reprise au prétendu « Etat islamique en Irak et en Syrie ». La plupart des victimes (13 exactement) étaient originaires du district de Samalut, dans le gouvernorat de Minya, en Moyenne-Egypte à moins de 250 kilomètres au sud du Caire, et l’une d’elles était originaire du Ghana ou du Tchad. Les victimes avaient entre vingt et trente ans et la moitié d’entre eux étaient mariés. Comme l’explique le journal Al-Mashareq, les autorités ont été en mesure d’identifier les 21 corps grâce à des analyses d’ADN prélevé auprès des familles des victimes. Mais ça n’a pas était facile, rapporte l’AFP, dans la mesure où ils étaient décomposés et les têtes séparées des corps.
Repos éternel dans « l’église des martyrs »
Les dépouilles vont désormais reposer dans le village d’el-Awar, non loin de Samalut, près de la nouvelle église sanctuaire construite pour conserver leur mémoire. Cette « église des martyrs » a été solennellement inaugurée le 15 février dernier et entièrement bâtie grâce aux deniers de l’Etat égyptien. Une date anniversaire symbolique, trois ans jour pour jour après qu’une vidéo de leur décapitation fut éditée en ligne sur des sites extrémistes. Agenouillés, ils portaient une combinaison orange que personne n’a depuis oubliée.
Une semaine après la nouvelle du massacre en 2015, le Patriarche copte orthodoxe, Tawadros III, décida d’inscrire les 21 martyrs au Synaxarium, le livre des martyrs de l’Eglise copte orthodoxe, établissant pour la célébration de leur mémoire la date du 15 février (le 8 Amshir du calendrier copte). Ce qui équivaut à la canonisation dans l’Eglise romaine.
« La vidéo qui montre leur exécution – avait alors indiqué à l’agence Fides, Mgr Antonios Aziz Mina, évêque copte catholique émérite de Gizeh – a été construite comme une mise en scène cinématographique terrifiante, dans le but de répandre la terreur. » Mais derrière l’aspect macabre, a-t-il souligné, « on voit que certains des martyrs, au moment de leur mise à mort barbare, répètent « Seigneur Jésus Christ » ». Aucun doute : ces chrétiens sont morts pour le Christ. Sans le renier.
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