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Les jours comptés de Khan al-Ahmar, village bédouin

Christophe Lafontaine
31 mai 2018
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La Cour suprême israélienne a validé la destruction prochaine du village bédouin de Khan al-Ahmar. Ces deux derniers jours, la France et le Royaume-Uni pressent Israël de ne pas mettre en œuvre les ordres de démolition.


Le village palestinien de Khan al-Ahmar est sommé de plier ses tentes. Abritant environ 180 bédouins, il pourrait être rasé en juin. Ce village de fortune, près de Jéricho, est situé en Cisjordanie aux abords de la route 1 qui mène à la mer Morte. A proximité de plusieurs implantations israéliennes à l’est de Jérusalem.

Après s’être rendu sur place mercredi 30 mai 2018, le secrétaire d’Etat britannique chargé du Proche-Orient, Alistair Burt, a demandé à Israël de ne pas démolir ce village. Son appel intervient après que la Cour suprême israélienne a autorisé la semaine dernière – jeudi 24 mai –  le ministère de la Défense à le détruire. Au motif qu’il a été bâti sans permis de construction. Des autorisations, de fait,  rarement accordées aux Palestiniens habitant dans la zone C de la Cisjordanie, contrôlée au niveau administratif et sécuritaire par Israël.

A l’instar du Royaume-Uni, « la France appelle les autorités israéliennes à ne pas mettre en œuvre les ordres de démolition visant la communauté de Khan al-Ahmar », a indiqué le 28 mai, le porte-parole du Quai d’Orsay, dans un communiqué publié sur son site officiel. Et le ministère des Affaires étrangères français de rappeler que ce type de mesures impliquant des transferts forcés de populations, représentent une violation du droit international humanitaire. Et en particulier celui de la IVème Convention de Genève qui interdit la destruction par la puissance occupante de biens mobiliers ou immobiliers, sauf dans les cas où ces destructions seraient « absolument nécessaires » dans le cadre d’opérations militaires.

Selon la chaîne de télévision israélienne i24News, Israël affirme pour autant avoir offert un site alternatif aux habitants du village. A priori il s’agirait d’un emplacement à Abu-Dis, banlieue collée à Jérusalem-Est en zone B, c’est-à-dire sous contrôle civil palestinien.

Quoi qu’il en soit, « ces ordres de démolition, rappelle le Quai d’Orsay, font peser une menace imminente contre une communauté palestinienne déjà extrêmement vulnérable qui se trouve dans une zone d’une importance stratégique pour la solution des deux Etats et la contiguïté d’un futur Etat palestinien. » A noter qu’Israël a dernièrement approuvé la construction de 1958 nouveaux logements pour colons en Cisjordanie, a indiqué l’ONG israélienne La Paix Maintenant, opposée à la colonisation dans les Territoires palestiniens. 92 d’entre eux seraient construits dans une colonie proche du village de Khan al-Ahmar.

La France et le Royaume-Uni n’en sont pas à leurs premiers appels. Et des gouvernements européens dont l’Italie encore récemment avaient fait pression contre la démolition de ce village. Par ailleurs, il y a dix jours, un groupe de 74 démocrates américains avaient exhorté Benjamin Netanyahou a ne pas détruire Khan al-Ahmar.

Malgré cela, Eid Abou Khamis, un porte-parole de la localité de Khan al-Ahmar, a déclaré à l’AFP, qu’il était « habitué à entendre des messages de soutien de la part des gouvernements occidentaux depuis de nombreuses années, mais qu’il avait vu peu de réelles mesures pratiques pour arrêter les destructions. »

Les communautés bédouines de la région de Jérusalem seraient plus d’une vingtaine, regroupant 5000 Palestiniens. Avec la décision de démolir leurs habitations, c’est tout un mode de vie pastoral qui est ainsi menacé de disparition.

Les 35 familles bédouines de Khan al-Ahmar sont issues de la tribu Jahalin. Originaires de Tel Arad, dans le sud d’Israël, les membres du clan ont été expulsés de la zone en 1951 et se sont établis dans ce qui était alors la Jordanie. Le village a connu une renommée internationale quand son école a été fondée, devenant la seule dans le monde à avoir été constituée de pneus. Une petite institution capable d’accueillir 170 enfants de Khan al-Ahmar et des communautés bédouines environnantes.

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