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Liban: succès du Hezbollah et de ses alliés aux législatives

Paul Turban
9 mai 2018
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Les élections législatives libanaises de ce dimanche 6 mai ont rebattu les cartes. Si les partis chiites s'affirment, les forces sunnites sont dispersées. Du côté chrétien, on assiste à une bipolarisation.


« Liban = Hezbollah »: voici comment a réagit le ministre israélien du parti ultranationaliste Le Foyer Juif Naftali Bennett. Le Hezbollah sort en effet grand gagnant des élections législatives qui se sont tenues au Liban ce dimanche 6 mai. Pour l’occasion, le parti chiite s’était allié à un autre parti chiite, Amal. Ensemble, les deux partis rassemblent 31 sièges. Le système libanais est ainsi fait qu’un certain nombre de sièges sont réservés à chaque communauté religieuse. Ainsi, 27 sièges reviennent aux chiites. Avec 31 députés, les partis pro-Iran chiites montrent donc qu’ils sont hégémoniques dans leur communauté, en en raflant tous les sièges, mais qu’ils ont aussi de l’influence au-delà. Sous ces deux étiquettes ont été élus deux sunnites, un druze et un chrétien maronite. Les deux partis ont ainsi gagné cinq sièges par rapport à la Chambres des Députés sortante.

Du fait de ses activités paramilitaires, le Hezbollah est considéré par les Etats-Unis comme un groupe terroriste. Il est engagé dans la guerre en Syrie au côté du régime de Bachar el-Assad et est un ennemi historique de l’Etat d’Israël. Ainsi, le ministre israélien de l’Education Naftali Bennett signifie, par sa formule « Liban = Hezbollah », qu’en cas de guerre, l’État d’Israël ne fera pas de différence entre l’Etat libanais et le Hezbollah. Selon nos confrères de l’Orient le Jour, le conseiller iranien pour les affaires internationales de l’ayatollah Ali Khamenei s’est lui réjouit de cette percée chiite : « Cette victoire complète les succès militaires. Le peuple libanais et ses représentants, à savoir le Hezbollah et les autres groupes de la résistance, l’ont emporté dans la lutte face à Israël et à ses alliés, notamment les Etats-Unis ».

La coalition actuellement au pouvoir, pro-iranienne, devrait garder les rênes du pays du Cèdre. Actuellement, les chiites libanais sont alliés au Courant patriotique libre (CPL), parti chrétien du président de la République Michel Aoun. Celui-ci a obtenu 25 sièges, sur les 54 attribués aux chrétiens. Si l’on ajoute les petits partis alliés, la majorité actuelle ne devrait pas peiner à rassembler la majorité des 128 députés. Les principaux postes de gouvernement sont distribués en fonction des confessions religieuses: le Président de la République est toujours chrétien maronite. Michel Aoun reste donc le dirigeant naturel du Liban, puisque la majorité des députés chrétiens sont issus de son parti.

Nouveau rapport de force dans l’opposition

Néanmoins, un nouvel adversaire de poids s’est affirmé dans la représentation des chrétiens à la Chambre des Députés. Dans l’opposition, les Forces libanaises ont fait une percée remarquable. Avec 16 députés élus, ce parti chrétien a doublé son nombre de sièges. Il devient ainsi une force incontournable face à la majorité pro-iranienne. En effet, le principal parti de l’opposition, le Courant du futur sunnite, n’obtient que 19 sièges. Soit une baisse de près d’un tiers des effectifs pour le parti du Premier ministre Saad Hariri. Ce dernier a relativisé ce recul selon l’Orient le Jour : « Nous aurions peut-être aimé avoir trois ou quatre [députés] de plus, mais ce n’est pas la fin du monde ». Son parti reste en effet la principale force sunnite à la Chambre des Députés. Cela devrait permettre à Hariri de garder la direction du gouvernement qui revient à un sunnite en vertu de la distribution confessionnelle des postes.

La Chambre des Députés n’avait pas été renouvelée depuis 9 ans. Les députés ont en effet à trois reprises prorogé leur mandat pour des raisons sécuritaires. Cela n’a pas pour autant provoqué l’engouement des électeurs libanais. Le taux de participation n’était que de 49,2% ce dimanche contre 54% aux précédentes élections législatives de 2009. 

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