Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Fouilles à Bethsaïde, de l’antique ville de Tzer à Cléopâtre

Christophe Lafontaine
11 juillet 2018
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La baisse du niveau du lac de Tibériade a permis de retrouver la porte d’entrée de la ville fortifiée de Tzer (devenue Bethsaïde). S’ajoute à cette rare découverte, une preuve du passage de Cléopâtre en Terre Sainte. 


A mauvaise fortune, bon cœur. Alors que le lac de Tibériade est au régime sec et que les conséquences pour la population de Terre Sainte sont graves, la sécheresse qui touche le pays a au moins le mérite de ravir les archéologues sur le plan professionnel. « La baisse du niveau de l’eau du lac a permis de faire de nouvelles découvertes. Cette baisse nous permet de mener des études sur les rives de la mer de Galilée et de découvrir des sites archéologiques dont nous ignorions l’existence », a déclaré au site israélien Ynet, le professeur Rami Arav, un archéologue de l’Université de Nebraska, responsable depuis 30 ans des fouilles qui se déroulent au cœur du Jordan Park sur l’un des lieux qui pourraient être la fameuse Bethsaïde, au lieu-dit et-Tell. Cette ville de pêcheurs, située sur le versant nord-est du lac de Tibériade (donc aujourd’hui se trouvant sur le plateau du Golan méridional), est connue pour être plusieurs fois mentionnée dans le Nouveau Testament. Si l’on s’en réfère à l’Evangile selon Saint Jean (1, 44 ; 12, 21), Pierre (considéré comme le fondateur de l’Eglise), André son frère, et Philippe, trois des douze disciples de Jésus, y sont nés ou y ont résidé. En outre, Jésus aurait marché sur les eaux non loin de cette ville. Et toujours selon les évangélistes, c’est dans les environs de cette ville qu’aurait eu lieu la première multiplication des pains de Jésus. D’après l’évangile selon Saint Marc, il guérit aussi un aveugle en lui imposant les mains (Mc 8, 23).

Mais l’actualité archéologique nous emmène plus loin dans le temps et à deux endroits différents sur le site du Jordan Park. Le Conseil régional du Golan, rapporte la presse israélienne, a en effet annoncé qu’une vingtaine de chercheurs originaires du monde entier ont découvert, dimanche 8 juillet 2018, après deux semaines de fouilles menées depuis le début de l’année 2018 en partenariat académique principal avec le Hebrew Union College de Jérusalem, ce qui pourrait être la porte d’entrée de l’antique et biblique ville de Tzer. Tzer étant  l’ancien nom de la ville de Bethsaïde à l’époque du Premier Temple (1000 avant J.-C. à 587 avant J.-C.).

Elle est citée et identifiée dans le Livre de Josué (19, 35) comme faisant partie des villes dites « fortes » de la région – « Ha-Siddim, Tzer, Hammath, Raqqath, Kinnèreth » – échues au peuple de Nephtali, l’une des 12 tribus d’Israël descendant du 6e fils de Jacob. D’après les archéologues, la ville aurait été bâtie au Xe siècle avant J.-C. par les Geshourites. C’est là où Absalom, fils de David et de Maaka, fille du roi de Geshour se serait réfugié chez son grand-père maternel, Talmaï. Absalom fuya son père après avoir tué son demi-frère Ammon qui avait violé sa sœur Tamar. Il est probable qu’à l’âge de fer, la ville de Tzer fut la capitale du royaume de Geshour. Ce que semblent confirmer les récentes découvertes faites sur les lieux. Rami Arav a décrit la découverte de la porte comme significative, puisqu’il existe peu de portes de ville qui ont été préservées depuis cette période. L’archéologue reste ébahi par les ruines retrouvées de la ville de l’Ancien Testament : « Sa taille, sa richesse et ses impressionnantes fortifications indiquent que c’était une grande ville. »

Temple romain et pièce à l’effigie de Cléopâtre

Les fouilles ont aussi permis de découvrir le sol d’un temple romain qui aurait été bâti par le fils d’Hérode le Grand, Philippe le Tétrarque. Sur place, le Jerusalem Post indique que les archéologues ont trouvé des pièces de monnaie, des perles, des cruches en argile et des clés de maisons romaines ainsi qu’un bouclier qui appartenait à un soldat romain. La découverte la plus significative est sans doute cette pièce de monnaie datée de 35 avant J.-C., frappée à Acre à l’occasion de l’arrivée dans la ville, de Cléopâtre et de son amant Marc Antoine. Une douzaine de pièces du même acabit auraient été retrouvées, d’après le site israélien Ynet.

Des reliques d’autres religions ont également été retrouvées à Bethsaïde même et ses environs. En janvier, des chercheurs israéliens ont identifié un petit fragment d’argile finement décoré, datant d’environ 2 300 ans et figurant la naissance de la déesse grecque Athéna. Bien que l’artéfact ait été trouvé à l’origine en 2016, les chercheurs avaient été incapables de déterminer jusqu’alors qu’il représentait Athéna naissante entièrement formée à partir de la tête de son père Zeus.

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