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Inauguration d’un sanctuaire dédié à sainte Rafqa au Liban

Christophe Lafontaine
9 juillet 2018
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Le patriarche maronite, Mgr Bechara Raï a posé, fin juin, la première pierre d’un sanctuaire maronite dédié à Sainte Rafqa (1832-1914) à Hemlaya, dans le district de Metn. Un hommage à la première libanaise canonisée.


Le 10 juin 2001, sœur Rafqa (Rébecca) (au siècle Pierrette Ar-Rayès) a été la première femme libanaise et du Proche-Orient à avoir été déclarée sainte depuis que ce droit est réservé au pape (XIIe siècle). 17 ans après cet événement historique pour le Liban, cette moniale maronite née à Hemlaya (Metn), dans la montagne, à quelques kilomètres de la capitale libanaise, aura droit à un sanctuaire dans son village d’origine. Ainsi, dans la soirée du mardi 26 juin 2018 (soit trois jours avant l’anniversaire de la naissance de sainte Rafqa) alors que la nuit était déjà tombée, le patriarche maronite y a béni et posé la première pierre du futur sanctuaire Sainte-Rafqa et a présidé ensuite une messe sur place. La célébration s’est tenue en présence de l’ancien président de la République Amine Gemayel et de son épouse, du ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, de députés et d’autres figures politiques du Liban. 

 « Nous sommes heureux de poser la première pierre de l’église qui sera dédiée à sainte Rafka, a déclaré le cardinal Bechara Raï dans son homélie, a rapporté L’Orient-Le Jour. Un nouveau sanctuaire complété par un complexe pastoral pour l’accueil des fidèles et des pèlerins. Un véritable hommage à cette fille viscéralement attaché à  son pays, ses habitants et sa culture. « Rafqa Ar-Rayes était libanaise et aimait sa patrie, le Liban. Elle était maronite et aimait son Eglise maronite. Elle était fille de l’Ordre Libanais maronite et aimait son Ordre », indique sa biographie officielle sur le site du Vatican.

La parole de Dieu : le sens de la présence chrétienne au Moyen-Orient

Dans son homélie publiée sur le site officiel du Patriarcat maronite, Mgr Raï a d’abord évoqué la vie de Sainte Rafqa, patronne des malades, des affligés et des souffrants. Il a ensuite expliqué que le christianisme n’est pas seulement caractérisé par l’appartenance sociologique ou les réalisations économiques, mais constitue d’abord « une civilisation et une culture de vie. »

Le patriarche a également rappelé que « le secret de Sainte Rafqa est d’entendre la parole de Dieu ». Dans la foulée, il a invité les responsables politiques à écouter la parole de Dieu pour œuvrer en faveur de l’intérêt public. « Ils doivent suivre les enseignements de l’Evangile afin de pouvoir appliquer une politique saine et renforcer les droits de l’homme et les protéger », a-t-il ajouté. En ayant rappelé auparavant – et en citant l’Exhortation apostolique « Ecclesia in Medio Oriente » (2012) – que la parole de Dieu est l’esprit et la base de la vie chrétienne qui donne le sens de la présence chrétienne au Liban et au Moyen-Orient.

En 2001, lors de la cérémonie de canonisation de sœur Rafqa, le pape Jean-Paul II avait prié pour que  la sainte libanaise veille « sur ceux qui connaissent la souffrance, en particulier sur les peuples du Moyen-Orient confrontés à la spirale destructrice et stérile de la violence ! »

Pour les Libanais, Sainte Rafqa est  en effet devenue le témoignage de la fécondité spirituelle de la souffrance vécue en union au Christ. Les épreuves dans la vie ne l’ont en effet pas épargnée. Orpheline de mère à l’âge de 10 ans, elle vit une fin d’adolescence difficile en ayant maille à partir avec sa belle-mère et son père qui veulent la marier. Finalement l’âge de 27 ans, elle entre dans la congrégation des servantes de Marie, devient institutrice et enseigne le catéchisme. En 1871, alors que sa congrégation est dissoute, elle décide après une vision d’entrer dans l’Ordre Libanais Maronite. Au monastère Mar Sémaan (Saint Simon) à Aïto. En 1884, elle tombe malade et perd l’usage de son œil droit après une intervention sans qu’elle ait demandé d’anesthésie.

En 1897, l’Ordre Libanais Maronite décide de fonder le monastère de Saint Joseph al Dahr à Jrebta – Batroun dans le nord du Liban. La religieuse y est envoyée avec six autres moniales. Deux ans plus tard, elle perd complètement la vue et atteinte d’une tuberculose osseuse détruisant ses articulations, meurt le 23 mars 1914, le visage illuminé et le sourire aux lèvres. Trois jours après sa mort, son tombeau s’illumina de lumières miraculeuses. De nombreuses personnes vinrent prier, ou emportèrent un peu de terre de sa tombe. De nombreuses guérisons et miracles se produisirent. Le 10 de chaque mois, à Jrebta où se trouve la tombe de sainte Rafqa, des pèlerins libanais célèbrent la canonisation de Sainte Rafqa par une procession.

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