Anba Epiphanius, père abbé copte orthodoxe du monastère de Saint Macaire de Scété a été retrouvé mort dans son monastère le dimanche 29 juillet 2018. Selon Fides, les circonstances du meurtre ne sont pas élucidées.
Une enquête officielle par les autorités de sécurité égyptiennes est en cours. Et une cérémonie funéraire a eu lieu mardi 31 juillet, présidée par le pape des Coptes. Mais c’est seulement à la fin des investigations de la police que pourra avoir lieu l’enterrement de l’évêque copte orthodoxe Anba Epiphanius au monastère Saint Macaire le Grand (situé dans la région désertique du Wadi el Natrun à un peu plus de 90 km au nord-ouest du Caire en Egypte). Celui qui en était le père abbé a été retrouvé dimanche 29 juillet au matin « dans une mare de sang » sur le chemin qui le menait de sa cellule à l’église du monastère, rapporte l’agence de presse catholique Fides, relayant les propos du père Boulos Hallym, porte-parole du Patriarcat copte orthodoxe. Une autopsie du corps de l’évêque devait être pratiquée lundi, au lendemain de l’assassinat. Jusqu’à ce que l’affaire soit clarifiée, le monastère reste fermé.
Selon des informations parues dans la presse égyptienne, le prélat « aurait été frappé à la tête à l’aide d’un objet lourd et pointu. » Des sites locaux font état d’un « acte criminel » voire d’un « acte terroriste ». On ne sait pas encore si le coupable venait de l’intérieur ou de l’extérieur du monastère. Pour l’heure, l’enquête n’a pas encore confirmé cette thèse d’autant que l’évêque, de réputation modeste et ascétique, n’était pas un personnage en vue.
Même cette piste ne doit pas être négligée quand on sait que la communauté chrétienne en Egypte (minorité représentant environ 10% de la population) fait régulièrement l’objet de discriminations et de violences.
L’agence de presse Fides indique aussi que le Patriarche copte orthodoxe, Tawadros II, a dépêché des délégués au monastère pour recueillir des informations de première main sur les circonstances liés au meurtre. Egypt Today rapporte que le pape des coptes a exprimé ses condoléances dans une déclaration officielle décrivant le défunt évêque-moine comme rempli de modestie et de douceur.
Un savant modeste
Grand érudit, l’évêque Epiphanius était membre du conseil d’administration du Centre d’études coptes de la Bibliotheca Alexandrina (La grande bibliothèque d’Alexandrie). Mostafa El Feki, son directeur, a également présenté ses condoléances en relevant que l’évêque « a donné l’exemple d’un humble érudit et d’un moine ascétique qui a travaillé dur pour servir la nation et la culture. »
L’évêque Epiphanius (64 ans), né en 1954 originaire de Tanta (à une centaine de kilomètres au nord du Caire, tristement connue suite à l’attentat des Rameaux en avril 2017 où périrent 28 coptes) était diplômé en médecine. Il était entré au monastère Saint Macaire en 1984, et avait été ordonné prêtre en 2002. Chercheur et spécialiste, il avait œuvré à la traduction du grec à l’arabe de différents livres de la Bible, prenant également part à la X° Conférence internationale d’études coptes, tenue à Rome en 2012. Il avait été au conseil d’administration du Centre d’études coptes de la BA
Les 100 moines du Monastère Saint Macaire l’avaient élu à la majorité comme abbé le 3 février 2013. Il entretenait des rapports d’intense communion spirituelle avec des communautés monastiques catholiques. Il a de fait, été membre de Pro Oriente, un groupe de travail des Eglises chrétiennes dans le but de promouvoir les relations entre l’Eglise catholique romaine et les Eglises orthodoxes et orthodoxes orientales.
Par ailleurs, il était, pour reprendre les mots de Fides, « disciple » de Matta el Maskine (1919-2006), en français, Matthieu le pauvre. Ce dernier a joué pendant près de soixante ans un rôle important dans le renouveau spirituel de l’Eglise copte orthodoxe dans le seconde moitié du XXème siècle. . En 1969, sur la demande du patriarche d’Alexandrie le pape Cyrille VI, Matta el Maskin a pris en charge la direction du monastère. Ce monastère, l’un des plus glorieux de l’histoire de l’Eglise copte, est à cette époque réduit à un état misérable comptant six moines âgés et malades. Depuis plus de cinquante ans, les vocations n’ont cessé d’affluer.