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Tremblements de terre (sainte): bientôt la secousse de trop?

Paul Turban
10 juillet 2018
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Plusieurs séismes de faible intensité ont été ressentis ces derniers jours autour du lac de Tibériade, au Nord d'Israël. Des événements sans conséquences graves qui mobilisent pourtant les autorités. 


(Jérusalem) – Ce mercredi 11 juillet, le Ministère israélien de la Défense tiendra une réunion d’urgence avec les principales institutions en charge de la sécurité et de la gestion de crises, suite à la douzaine de tremblements de terre qui ont secoué le Nord du pays. Le dernier en date a été ressenti hier lundi 9 juillet. Dès jeudi dernier, le ministre de la Défense Avigdor Liberman a annoncé qu’un plan visant à améliorer la résistance des infrastructures dans l’Etat d’Israël serait dévoilé prochainement, selon le Jerusalem Post.

Les tremblements qui touchèrent le Nord du pays eurent une magnitude relativement faible, puisqu’ils ne dépassèrent pas 4,5 sur l’échelle de Richter. Cela n’a donc pas eu de conséquences majeures. Certains bâtiments montrent néanmoins leur fragilité, si un séisme plus violent devait frapper le pays. L’activité sismique fait trembler la terre, mais aussi les gouvernants israéliens.

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Tous les spécialistes s’accordent : la question est moins de savoir si la Terre sainte est menacée par un séisme d’ampleur que de savoir quand ce séisme aura lieu. La région est frappée à intervalles réguliers par des tremblements de terre. Tous les 90 ans à 100 ans, un séisme d’ampleur semble devoir toucher le pays. En 1837, la Palestine ottomane connut une secousse d’une force de 6 à 7 sur l’échelle de Richter. 4000 habitants furent tués, et la ville de Safed, en Haute Galilée, fut détruite. En 1927, un séisme à peine moins puissant (6.2) avec un épicentre à Jéricho avait touché Jérusalem. Environ 300 personnes perdirent la vie.

Quant d’Arabie s’écarte de l’Afrique

Chaque millénaire, un événement plus violent  survient, rappelle le Consulat Général de France à Jérusalem sur son site Internet qui précise que le dernier de ce type a eu lieu en 1033. A cette date, la mosquée Al-Aqsa, construite à côté du Dôme du Rocher, s’était effondrée. Près de mille ans plus tôt, en 31 av. J.-C, un tremblement de terre violent a touché la région, et a fait plusieurs dizaines de milliers de morts selon l’historien juif Flavius Josèphe.

On pourrait citer encore, en s’appuyant sur divers documents historiques, une multitude de secousses plus ou moins brusques et plus ou moins destructrices ayant ébranlé la région. Cela s’explique par la situation géologique de la Terre sainte. Elle est le lieu de rencontre entre les plaques tectoniques africaine et arabique. Marc Fournier (Paris VI) et Nicolas Chamot-Rooke (CNRS) explique, dans un article de Pour la Science d’avril 2010, que « la mesure par géolocalisation GPS des mouvements de [ces] plaques montre que l’Afrique est presque immobile par rapport à l’Eurasie, tandis que l’Arabie s’écarte de l’Afrique de deux centimètres par an, et se rapproche de l’Eurasie à la même vitesse ».

Cette vitesse est proche de celle de la pousse d’un ongle, donc autant dire, invisible. La dorsale, appelée Vallée du grand Rift, est formée par l’écart de ces deux plaques. Elle est à l’origine de la naissance de la Mer Rouge entre le Nord-est de l’Afrique et l’Ouest de la Péninsule arabique. Une faille, zone de frottement entre les deux plaques, traverse la Terre sainte du Nord au Sud, suivant le cours du Jourdain.

A plus de 12 kilomètres de profondeur, les deux plaques peuvent glisser librement, sans produire de secousses, grâce à la liquéfaction de la roche sous l’effet de la chaleur du noyau terrestre. Au-dessus par contre, la croûte terrestre est solide : elle se tend sous la traction exercée par les mouvements en sous-sol, et finit par se déplacer brusquement. Cela cause les tremblements de terre (1).

Tous aux abris ?

La multiplication des secousses de ces derniers temps est-elle le signe que la faille va se déchirer dans les jours à venir ? Que l’on soit clair, non. Le sismologue Antoine Shlupp (Univ. de Strasbourg) explique : « On arrive assez bien à expliquer les signes précurseurs après le séisme, mais on arrive mal à les prévoir parce que les mêmes signaux précurseurs peuvent occasionner un séisme ou rien ». Autrement dit, si la probabilité d’un séisme d’ampleur s’accroit à moyen-terme du fait de la répétition assez régulière des phénomènes sismiques, les tremblements de terre de ces derniers jours ne sont pas à voir comme les signes évidents de l’imminence d’une grande secousse.

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On peut par contre s’interroger sur la préparation, en Israël et en Palestine, face à un tel événement. Les secousses les plus brusques de ces dernières semaines ont atteint une intensité d’à peu près 4,5 sur l’échelle de Richter, expliquant l’absence de dégâts. Or, le « séisme du siècle » devrait atteindre 7 voire 7.5 sur cette même échelle. Un scénario envisageant un séisme d’amplitude 7.5 dans la région de la mer morte entrainerait des destructions dans un périmètre de 70 kilomètres. Jérusalem, située à 40 kilomètres serait alors touchée comme Bethléem et Ramallah, Bet Shemesh et Modiin.

Rien qu’en Israël, les autorités estiment qu’une telle secousse pourrait faire 16 000 morts, plus de 100 000 blessés, et 300 000 personnes seraient déplacées, d’après le site d’informations Mako.co.il. Dans cette perspective, un plan a été mis en œuvre en 2005 en Israël. Sous le nom Tama 38, il avait 10 ans plus tard permit le renforcement de 2000 immeubles selon le Times of Israël. Or, ce même journal explique que « environ 100 000 bâtiments dans tout le pays ne respectent pas les codes de sécurité et demeurent à risque. »

Le Saint-Sépulcre résistera-t-il ?

Un constat que relativise dans les colonnes du quotidien le sismologue Avi Shapira : « Israël est mieux préparé à un fort tremblement de terre que de nombreux autres pays dans le monde, y compris certains des pays les plus avancés techniquement. Israël est relativement prêt. Je ne dirais pas bien préparé, il y a beaucoup à faire, mais il est relativement préparé ». En Palestine, à défaut de plan de consolidation, les sites d’informations relaient les consignes à suivre et la sécurité civile revoit ses plans d’action.

Alors que la tombe de Jésus au Saint-Sépulcre vient tout juste d’être débarrassée des béquilles qui la soutenaient depuis le séisme de 1927, la question se pose de la résistance de la basilique de la résurrection. Elle a été analysée à la demande du gouvernement par les autorités chrétiennes.

Dans La Terre Sainte n°607 de mai-juin 2010, le père Athanase ofm, en charge du Status Quo pour la Custodie, expliquait à propos du Saint-Sépulcre : « Il ne court pas de grands risques, même si un séisme de grande ampleur l’endommagerait parce qu’il n’est rien qui puisse résister à des secousses telles que celles enregistrées en 1927 ». Pas de raisons de paniquer donc, les événements de ces derniers jours rappellent simplement qu’il faut se préparer intelligemment aux caprices de Dame Nature.

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1. cf. Une équipe franco-jordano-israélienne se penche sur la faille du Levant sur le site du CNRS

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