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Confédération Palestine-Jordanie, le oui mais d’Abbas

Christophe Lafontaine
5 septembre 2018
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A la proposition américaine vantant l’idée d’une confédération palestino-jordanienne, le président palestinien n’aurait pas dit non. A condition que cette union intègre Israël. Autrement dit, un plan étouffé dans l’œuf.


La presse locale et la presse internationale s’interrogent. La solution au conflit israélo-palestinien passera-t-elle finalement par la formation d’une confédération entre la Palestine et la Jordanie ? Si oui, cela signifierait abandonner la solution à deux Etats et donc la création d’un Etat palestinien basée sur les frontières de 1967 ayant Jérusalem-Est pour capitale. Et en réalité, renoncer au désir d’indépendance des Palestiniens.

L’idée (qui n’est pas neuve) aurait en tous les cas était évoquée, rapporte le journal israélien Haaretz, par le président palestinien, à une réunion le 2 septembre dernier avec des élus israéliens de gauche et des militants israéliens pour la paix (de l’ONG Peace now) à Ramallah, en Cisjordanie.

D’après Hagit Ofran, l’une des membres de cette ONG, Mahmoud Abass aurait expliqué que ce sont les émissaires américains qui œuvrent pour la paix au Proche-Orient (le conseiller et gendre de Donald Trump, Jared Kushner, et l’émissaire spécial du président américain pour le Proche-Orient, Jason Greenblatt) qui en auraient fait la proposition.

Toutefois, on ne sait pas à quand remonte cette discussion. Pour mémoire, les  relations diplomatiques entre Washington et Ramallah sont gelées depuis décembre 2017 suite à la déclaration unilatérale des Etats-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël. De plus, l’administration Trump a annoncé vendredi dernier qu’elle cesserait de fournir toute aide financière à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Ce qui ne semble pas aller dans la voie du réchauffement. A noter cependant que Jared Kusher et Jason Greenblatt ont effectué une discrète tournée dans la région fin juin…

La condition palestinienne

Face au plan américain qui rappelle celui de Shimon Perez, alors ministre israélien des Affaires étrangères du gouvernement d’Yitzhak Rabin et qui fut rejeté au moment des accords d’Oslo, le chef de l’Autorité palestinienne aurait répondu par l’affirmative. Mais il aurait ajouté qu’il souhaitait une confédération tripartite avec la Jordanie et Israël. Condition cependant qui coupe à la racine l’option américaine. Hagit Ofran de Peace now estimant en effet que l’Etat hébreu s’y opposera de fait.

Mais la question a tout de même été posée par Mahmoud Abbas : « j’ai demandé si les Israéliens accepteraient cette proposition », a-t-il dit lors de la réunion de dimanche dernier. Le lendemain, comme le rapporte le Times of Israel, le président israélien Reuven Rivlin s’exprimant lors d’une conférence organisée par Hadashot TV, a déclaré que la solution d’une confédération pourrait être « une opportunité formidable » sans s’étendre plus avant.

Cela dit, si l’on en reste à l’idée d’une simple confédération palestino-jordanienne, il faut savoir, comme le rappelle la chaîne de télévision israélienne i24news que « certains membres de la droite israélienne pensent (…) que la Jordanie, qui contrôlait Jérusalem-Est et la Cisjordanie de 1948 jusqu’en 1967, pourrait offrir une issue au conflit israélo-palestinien, la population jordanienne étant majoritairement d’origine palestinienne. » Voyant également dans l’établissement d’une confédération palestino-jordanienne un moyen d’éviter la création d’un Etat palestinien souverain et indépendant.

Le rejet jordanien

Le son de cloche est totalement différent de l’autre côté du Jourdain. « Une confédération entre la Jordanie et la Palestine n’est pas ouverte à la discussion » a déclaré sans ambages, Jumana Ghanimat, porte-parole du gouvernement jordanien, citée par Ynetnews. Rappelant l’engagement « ferme et clair » de la Jordanie en faveur d’une solution à deux Etats.

The National, le quotidien des Emirats arabes unis explique qu’une union des deux pays ne plairait ni aux Jordaniens d’origine palestinienne, inquiets de perdre tout espoir de retour sur leurs terres aujourd’hui dans l’Etat d’Israël, ni aux tribus jordaniennes, redoutant de devenir une minorité.

Pour mémoire, dans le cadre du projet d’un Royaume arabe uni, le roi Hussein de Jordanie avait fait aussi au début des années 80 la proposition d’une Confédération Jordano-palestinienne. Yasser Arafat,  à l’époque chef du Fatah et de l’OLP (organisation de libération de la Palestine) avait accepté cette idée mais sur la base d’une « Palestine indépendante ». Condition que les Etats- Unis, Israël et la Jordanie avaient refusée.

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