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Israël ouvre ses portes à 1 000 Falash Mura d’Ethiopie

Christophe Lafontaine
21 septembre 2018
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Le 17 septembre 2018, le Premier ministre israélien a accordé le droit d’immigrer en Israël à 1000 Falash Mura. Une décision prise au nom du regroupement familial pour ces juifs éthiopiens, christianisés au XIXe siècle.


Le feu vert est donné. Lundi dernier, Benjamin Netanyahu a annoncé autoriser la venue de 1000 Ethiopiens Falash Mura dans l’Etat hébreu. A condition que ces hommes et ces femmes aient déjà des enfants installés dans le pays. 

Les Falash Mura composent une communauté qui, à l’instar des Falashas (ou exilés en Amaric) se considèrent comme les descendants d’anciens juifs éthiopiens qui seraient issus des amours du roi Salomon et de la reine de Saba, ou de l’une des « dix tribus perdues » d’Israël.

Mais, à la différence des Falashas qui avec au moins un parent juif, ont pu bénéficier dès 1973 du droit à immigrer en Israël, les Falash Mura, qui descendent de juifs (falashas donc) convertis au XIXe siècle de force (pour la plupart) au christianisme, ne bénéficient pas aujourd’hui de la Loi du retour permettant à tout juif de la diaspora d’immigrer en Israël. Et d’être de ce fait éligibles à la citoyenneté israélienne. De plus, comme le rappelle le journal La Croix, prouver l’ascendance juive des Falash Mura est une aventure quasiment perdue d’avance étant donné « l’absence d’état civil fiable » en Ethiopie. Une difficulté d’autant plus ardue que la pratique religieuse des Falash Mura étaient celles de chrétiens.

Au final, on l’a compris, le ministère de l’Intérieur ne considère pas les Falash Mura comme juifs bien qu’ils cherchent à retourner au judaïsme.

Une décision gouvernementale

Alors comment comprendre l’origine de la décision de Benjamin Netanyahu ? Pour cela, il faut remonter à 2015 quand le gouvernement israélien avait adopté à l’unanimité un plan prévoyant de faire venir d’ici 2020, 9 000 Falash Mura (sur liste nominative) considérées comme des ayant-droits à l’immigration en Israël et prouvant leur volonté de se convertir au judaïsme.

Mais pour vraiment bien saisir les choses : il ne s’agissait pas là tant d’un programme d’immigration dans le cadre de la loi dite du retour que d’une démarche s’inscrivant dans le cadre d’une opération gouvernementale de regroupement familial afin que les Falash Mura encore en Ethiopie rejoignent les membres de leurs familles (Falash Mura ou Falashas) qui ont pu s’établir dans le passé en Israël.

A ceci près que le projet avait été adopté sans qu’aucune programmation des fonds publics nécessaires à l’opération pourtant estimés à 1 milliard de dollars, ne soit prévue au budget. Ce qui a retardé la mise en place du plan. En effet, depuis 2015, seulement 1300 Falash Mura ont pu se rendre en Israël. Et malgré l’arrivée de 1000 autres dans les semaines à venir, on est loin du compte. Soit un peu plus du quart des objectifs prévus en 2015.

Si les choses vont dans le bon sens, confie « Lutte pour l’alya des juifs éthiopiens », Radio France Internationale indique que les membres de cette ONG sont « loin d’être satisfaits ».

« Nous exigeons du Premier ministre qu’il tienne ses promesses et qu’il fournisse une solution immédiate pour faire venir les 8000 membres de la communauté juive restés en Ethiopie », s’est exclamée lundi Alisa Bodner, la porte-parole de l’association auprès de l’AFP. « Tant que le gouvernement continuera de violer ses engagements de 2015 et de maintenir des familles séparées nous continuerons de protester et de lutter pour la justice », a-t-elle ajouté.

Ces dernières années et encore dernièrement en juillet, en effet des juifs d’origine éthiopienne ont manifesté plusieurs fois en Israël pour dénoncer le racisme et les discriminations auxquels ils disent être confrontés, et aussi pour exiger que des membres de leurs familles restés en Ethiopie puissent les rejoindre.

Israël compte actuellement plus de 140 000 juifs d’origine éthiopienne dont plus de 50 000 sont nés en Israël. D’après ce que rapporte le journal Haaretz sur les 7000 Falash Mura qui attendent encore à Gondar et Addis-Abeba en Ethiopie la sacro-sainte approbation de leurs demandes d’immigration pour Israël, 2 200 ont des parents déjà installés dans l’Etat hébreu et 80% ont des parents au premier degré. Pour l’heure, rien ne permet de savoir s’ils rejoindront un jour les leurs en Israël.

N’appartenant donc pas aux communautés « Beta Israël » (la famille d’Israël) comme les Falashas, l’immigration des Ethiopiens Falash Mura est peu plébiscitée en Israël. Selon l’AFP d’ailleurs même, « certaines associations d’aide aux juifs éthiopiens ainsi que des dirigeants de la communauté locale s’opposent (…) à cette immigration, arguant du fait que l’Etat d’Israël affronte suffisamment de difficultés pour l’intégration de la communauté et que ceux restés en Ethiopie ne sont pas juifs. » Certains les soupçonnant de s’inventer par opportunisme des origines juives pour pouvoir quitter l’Ethiopie.

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