Détruite pendant la guerre en Syrie, la cathédrale des syriaques catholiques à Alep a été officiellement réouverte aux fidèles le 9 septembre 2018 après restauration. Un signe d’espoir qui invite au retour à la vie.
En 2017 dans le quartier d’Azizya la scène était sinistre. Les syriaques catholiques d’Alep avaient célébré la fête des Rameaux dans leur cathédrale … sous des parapluies. Et pour cause, le toit de Notre-Dame de l’Assomption (construite dans les années 70 en plein centre-ville) avait été gravement endommagé et troué par les bombardements de juillet 2014. L’archevêché voisin avait subi le même sort quelques jours plus tard.
La cathédrale se trouvait à la ligne de démarcation qui depuis juillet 2012 et quatre années durant a coupé Alep en deux. A l’ouest, le fief pro-gouvernemental, à l’est les quartiers rebelles. En décembre 2016, l’armée syrienne avait finalement repris le contrôle presque entier de la ville.
Le 9 septembre dernier, changement de ton : la liesse pouvait se lire sur les visages de centaines de fidèles aleppins qui en la fête de la naissance la Vierge Marie, ont pu à nouveau se rendre dans leur cathédrale toute bellement restaurée.
Et si en 2018, Michel-Ange était Syrien ?
Ceci grâce à la générosité de bienfaiteurs de l’archidiocèse, d’organisations catholiques et du gouvernement hongrois. Le grand dôme a retrouvé sa noble envergure. De nouvelles fresques ont été réalisées par deux frères peintres originaires d’Alep, Bachir et Ne’mat Badawi. Ils ont notamment réalisé une immense représentation de l’Assomption de la Sainte Vierge entourée d’anges musiciens, qui orne désormais la coupole en s’étalant sur une surface de 700 m². Et si en 2018, Michel-Ange était syrien ?
Après une procession dans les rues du quartier, c’est le patriarche syriaque catholique, Sa Béatitude Ignace Joseph III Younan qui a présidé la messe inaugurale des travaux de restauration de la cathédrale, indique le site de son patriarcat. A ses côtés, devant les fidèles et les représentants des autorités civiles d’Alep, étaient présents le cardinal Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie ainsi que des évêques d’autres Eglises sœurs catholiques, orthodoxes et protestantes.
« Nous sommes réunis aujourd’hui pour rendre grâce et féliciter le Seigneur qui nous a offert ce merveilleux cadeau de pouvoir réparer cette cathédrale afin de récupérer sa beauté du passé », a déclaré le primat de l’Eglise syriaque catholique.
« Pendant de nombreuses années, cette maison de Dieu a été dévastée, (…) elle est maintenant restaurée pour le culte, un signe d’espoir et de victoire du bien contre le mal qui a détruit tant d’églises et de mosquées dans cette ville bien-aimée, Alep », a ajouté le prélat. Se réjouissant de pouvoir aussi redonner du souffle à son Eglise, en tant qu’institution vivante, il a ordonné six nouveaux diacres. D’après le site catholic-hierarchy.org qui présente les diocèses de l’Eglise catholique romaine et des Eglises orientales rattachées, l’archéparchie d’Alep des Syriens comptait en 2015 environ 10 000 baptisés. Elle est placée sous la juridiction de Mgr Denis Antoine Chahda. D’après les chiffres, il n’y avait que deux diacres permanents, il y a trois ans.
Appel à la vie et au retour des émigrés
Dans son homélie, celui qui porte le titre de Patriarche syriaque catholique d’Antioche et des Syriens a vivement appelé ses fidèles à prier Marie pour « hâter le retour de ceux qui nous ont quittés et traversé des mers et des océans. Que ces chrétiens déracinés et exilés envisagent sérieusement de faire un retour, afin de contribuer avec vous aux courageux vestiges, en reconstruisant par l’amour, la vérité et la liberté leur pays dévasté. »
Un écho à l’appel du Pape qui s’adressait ce 14 septembre aux membres de la rencontre de travail sur la crise en Irak et en Syrie qui se déroule depuis hier à Rome. Le souverain pontife a encouragé « tous les acteurs concernés et la Communauté internationale à un engagement renouvelé en faveur du retour sécurisé des personnes déplacées dans leurs foyers. » Avant de dire que « leur assurer une protection et un avenir » constitue « un devoir de civilisation. »
Cette réunion sur la crise humanitaire syrienne et irakienne est organisée par le Dicastère pour le service du développement humain intégral. Une large réflexion – une première a indiqué à Vatican News Mgr Segundo Tejado Muñoz, sous-secrétaire du dicastère – devait être particulièrement consacrée aux « perspectives réalistes d’un retour volontaire des personnes déplacées et des réfugiés dans leurs communautés d’origine ». C’est ce qu’a relayé Zenit en amont de la réunion qui a débuté hier par la présentation d’n rapport sur la réponse des institutions ecclésiales aux crises syrienne et irakienne. En Syrie ce sont plus de 13 millions de personnes qui se trouvent dans le besoin. Dans le pays vivent 6,6 millions d’évacués alors que 5,6 millions de personnes ont trouvé refuge dans les pays limitrophes, principalement en Turquie, au Liban et en Jordanie.