Si pour les juifs le port de la kippa, la calotte, est une tradition, le tsitsit est lui un commandement de la Torah. Frange composée de fils noués selon un rituel défini, il est hautement symbolique.
L’origine du commandement
Le port du tsitsit est un commandement de la Torah : “Parle aux Israélites : tu leur diras, pour leurs générations, de se faire des franges (= tsitsit) aux pans de leurs vêtements” (Nb 15, 38). Le livre du Deutéronome précise que ces tsitsits doivent être faits “aux 4 pans de l’habit” (Dt 22, 12). Aussi, les juifs religieux portent le talith katan, ce que l’on peut traduire par petite cape, c’est-à-dire un vêtement rectangulaire avec un trou pour la tête, comme un scapulaire, aux 4 coins duquel sont noués les tsitsits.
Une histoire de nœuds
Un tsitsit est une frange de 8 fils noués d’une manière spécifique, comme le fait ici un prisonnier de Beer Sheva, au sud d’Israël. Le scapulaire qui porte les tsitsits est troué aux 4 coins. Dans ces trous, il faut passer 4 fils, dont un plus grand que les autres. On obtient donc, en pliant en deux ces fils, 4 et 3 fils de la même taille de chaque côté du vêtement, et un grand fil. On commence par faire 2 gros nœuds avec l’ensemble des fils, puis on entoure le grand fil autour des autres un nombre de fois qui varie selon les traditions, on refait un double nœud, et ainsi de suite.
Le tsitsit au quotidien
Les tsitsits sont des franges, c’est-à-dire des fils pendant des vêtements. Le talith gadol, le châle porté par les hommes lors de la prière du matin contient toujours des tsitsits. Alors que le châle, le talith, entoure le croyant et symbolise Dieu inatteignable, hors de portée, les tsitsits, dont les nœuds symbolisent le nom de Dieu, sont un témoignage d’un Dieu qui se révèle et descend à la rencontre de son peuple. Les petits garçons peuvent les porter dès 3 ans.
La laine, matière obligatoire ?
Il y a débat quant à savoir si les scapulaires peuvent tous accueillir les tsitsits.
Pour certains, seuls la laine de mouton ou de bélier et le lin le peuvent. Pour d’autres, tous les vêtements en fibres naturelles à 4 pans peuvent porter ces franges. Mais on préférera le lin.
Quoi qu’il en soit, la laine est privilégiée.
Chez les ultra-orthodoxes, on utilise uniquement de la laine tondue selon le rite de reshit hagez, c’est-à-dire la laine de la première toison d’un animal, consacrée au Seigneur, qui est ensuite bénie comme le montre la photographie.
Le compte est bon
Le nombre de tours de fils varie selon les traditions. La première veut que l’on fasse 10 + 5 + 6 + 5 tours avec le plus long fil, séparés par un double nœud. Ces chiffres correspondent en fait au tétragramme YHWH, chaque lettre ayant en hébreu son équivalent numérique. La seconde tradition repose, elle, sur 7 + 8 + 11 + 13 tours, ce qui fait un total de 39. Ce chiffre 39 correspond à דחא הוהי, c’est-à-dire “YHWH est Un”, citation de Dt 6, 4. Dans la Kabbale, il s’agit du nom de Dieu en mouvement, le chiffre 39 étant égal à la somme des lettres de Kouzou, le tétragramme YHWH si on remplace chaque lettre par celle qui suit dans l’alphabet. Or, le nombre 39 s’écrit en hébreu comme le mot rosée, duquel vient talith, le “vêtement qui porte la rosée”.
Dans les deux cas, si l’on ajoute la somme des lettres du mot tsitsit en hébreu (600), ainsi que les 8 fils et les 5 nœuds qui composent chaque tsitsit, on obtient 613, ce qui équivaut selon la tradition au nombre des mitzvot¸ les commandements contenus dans la Torah. En effet, le livre des Nombres explique que les tsitsits sont destinés à remettre en mémoire les commandements de Dieu et à les mettre en pratique (Nb 15, 38).
La confection des fils
Pour les juifs ultra-orthodoxes, il est important que les fils qui constitueront les tsitsits aient été confectionnés avec la conviction qu’ils seront utilisés pour faire des tsitsits. Aussi évitent-ils de recourir à des outils mécaniques pour filer la laine, préférant la démêler avec un peigne et la filer manuellement à l’aide d’un rouet.
Il y a débat quant à savoir si les scapulaires peuvent tous accueillir les tsitsits. Pour certains, seuls la laine de mouton ou de bélier et le lin le peuvent. Pour d’autres, tous les vêtements en fibres naturelles à 4 pans peuvent porter ces franges. Mais on préférera le lin. Quoi qu’il en soit, la laine est privilégiée.
Chez les ultra-orthodoxes, on utilise uniquement de la laine tondue selon le rite de reshit hagez, c’est-à-dire la laine de la première toison d’un animal, consacrée au Seigneur, qui est ensuite bénie comme le montre la photographie.
A la recherche du bleu perdu…
Originellement le fil le plus grand qui constitue le tsitsit et qui est noué de manière à entourer les autres, était bleu. En effet, on trouve dans la Torah la mention du tekhelet, aussi appelé bleu biblique, destiné à rappeler le bleu du ciel, et donc à rappeler aux croyants les commandements de Dieu. Le secret de production de ce bleu, issu d’un mystérieux poisson nommé chillazon, a disparu.
C’est pourquoi la plupart des tsitsits sont aujourd’hui totalement blancs, faute de pouvoir produire le bleu casher. Néanmoins, des producteurs de tsitsits disent avoir retrouvé
cet animal marin. Ici en photo, le coquillage murex trunculus.♦
Dernière mise à jour: 14/02/2024 14:07
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