Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Les figuiers de Barbarie font l ’histoire

David Brognon et Stéphanie Rollin
30 septembre 2018
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Importé du Mexique au XVIe siècle,
le figuier de Barbarie est appelé subbar
par les arabes de Palestine.
Planté en ligne, il servait à délimiter les parcelles de terrain entre voisins. Ces barrières d’épines infranchissables avaient alors valeur de cadastre.

Ce végétal fonctionnel est aussi devenu la métaphore de l’enracinement juif sur la même terre.
Baptisé sabra en hébreu, il sert à qualifier avantageusement tous les juifs nés en Israël.
Son fruit, dont la douceur sucrée est protégée par
une fine pellicule piquante, incarne pour les Israéliens le caractère doux et fort des premiers colons venus se réinstaller depuis
la fin du XIXe siècle.

Pourtant, à chaque village arabe rasé subsisteront les racines des figuiers plantés autour des jardins.
Au fil des années, les subbars repousseront pour devenir l’empreinte fantomatique de la présence arabe sur le territoire. Les collines bibliques voient ressurgir des barrières de cactus entourant du vide.

Le figuier de Barbarie est alors un symbole schizophrène, partagé par les deux peuples antagonistes. Un végétal synonyme
de réappropriation de la terre
aux sens propre et figuré.

Les auteurs :
David Brognon et Stéphanie Rollin sont respectivement belge et française. Les deux artistes portent sur le monde un regard curieux. Leur passage à Jérusalem leur a inspiré différentes œuvres qu’ils traduisent en photos et en vidéo.
Leur œuvre Subbar, Sabra, réalisée en 2015 a été intégrée à la collection d’Art contemporain du Musée d’Israël de Jérusalem.
www.brognon-rollin.com

Dernière mise à jour: 14/02/2024 13:05