Face au développement du projet gazier subaquatique Leviathan au nord d’Israël, des archéologues ont plongé pour œuvrer à la préservation de vestiges de la ville biblique de Dor ensevelis sous les eaux méditerranéennes.
Au sud du mont Carmel en Israël, à environ 30 km au sud de Haïfa se trouve la ville de Dor connue aujourd’hui pour être un lieu de villégiature populaire et balnéaire mais aussi pour son site archéologique Tel Dor. Sa position géographique et la renommée de son port lui valurent à toutes les époques d’être convoitée et de ce fait fut successivement gouvernée par les Cananéens, les Peuples de la mer (peuples indo-européens d’Anatolie et des îles de la Méditerranée Orientale), le Royaume d’Israël, les Phéniciens, les Assyriens, les Perses, les Grecs et les Romains. La documentation au sujet de la ville se tarit après le passage des Croisés.
Le rôle principal que Dor joua dans l’ensemble de ces diverses cultures fut celui d’un entrepôt commercial et une passerelle entre l’Est et l’Ouest du bassin méditerranéen. Le site se présente comme un promontoire entouré de deux baies naturelles, qui selon la tradition faisaient office de port militaire pour l’une et de port civil pour l’autre.
Parce que la ville fut jadis un centre d’échanges commerciaux clé pour les anciennes civilisations de la Méditerranée, le patrimoine archéologique et historique est immense. Aussi bien sur terre que sous les eaux…
Et en Israël, il est d’usage que, pour tout chantier urbain, routier ou industriel, l’Autorité des antiquités d’Israël (AAI) soit informée. Et dès qu’une entreprise de construction découvre le moindre artéfact, tout travail doit être interrompu (et souvent retardé) jusqu’à ce que les autorités aient vérifié et documenté la zone. Et les archéologues mènent également ce même travail d’archéologie préventive dans les profondeurs de la mer ! Afin de s’assurer que les vestiges du passé ne soient pas définitivement perdus ou irrémédiablement abîmés lors d’aménagements modernes en milieu aquatique.
C’est pourquoi face à la réalisation de l’énorme projet gazier Leviathan (du nom du monstre marin dans la Bible) qui fait d’Israël un acteur majeur de la région en matière d’énergie, l’AAI a décidé de prendre les devants pour éviter d’éventuels dommages sur des vestiges datant parfois de 5 000 ans. Et ce, avant que la future plate-forme d’exploitation gazière au large des côtés de Dor en haute mer n’entre en activité à la fin de l’année prochaine et que le gazoduc de 130 km reliant la plate-forme de production au réseau de distribution terrestre en passant par une plate-forme de traitement (à environ 10 km de la côte) ne soit achevé.
L’unité sous-marine de l’AAI a donc missionné ses archéologues-plongeurs pour sillonner les fonds marins que longe la canalisation sous-marine en construction.
Aidés par un robot télécommandé pour les recherches dans les eaux plus profondes, ils ont découvert en fouillant le limon – a rapporté l’agence britannique Reuters dans une dépêche du 6 septembre 2018 – de nombreux objets : des cruches en terre cuite, des ancres et des épaves de navires témoins évidents de la vie des marchands à Dor.
C’est l’opérateur du champ gazier de Leviathan, l’entreprise texane Noble Energy qui a financé la plupart des études archéologiques ainsi qu’un grand bateau de recherches pour aider à extraire des objets anciens le long du parcours du pipeline.
Le gisement Leviathan a été découvert en juin 2010 dans le bassin Levantin, à plus de 120 km à l’ouest de la côte de l’Etat hébreu. C’est le plus grand gisement israélien avec des réserves prouvées de l’ordre de 500 milliards de mètres cubes de gaz naturel.
Le gazoduc sera enterré à une hauteur de 15 à 20 mètres sous le fond marin afin de minimiser l’impact sur les environs, explique Reuters. Le premier pays qui a signé un accord avec Israël pour acheter le gaz de Leviathan est la Jordanie. Au début de l’année, l’Egypte lui a emboîté le pas.