Les Etats-Unis ont annoncé le 10 septembre 2018 la fermeture du bureau de représentation palestinienne à Washington. Une mesure qui intervient après l’annulation de plusieurs aides américaines aux Palestiniens.
Il y a 25 ans, le 13 septembre 1993, Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) signaient à Washington les accords d’Oslo. Une reconnaissance mutuelle des deux parties ouvrant la voie à un Etat palestinien. L’image a fait le tour du monde et est restée gravée dans les mémoires : le Premier ministre israélien Yitzak Rabin et le leader palestinien Yasser Arafat, sur les pelouses de la Maison Blanche s’échangèrent alors une poignée de main historique. Sous l’égide des Etats-Unis qui à l’époque jouaient alors un rôle central pour défendre la solution à deux Etats.
25 ans plus tard, l’administration américaine de Donald Trump, après avoir reconnu unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël le 6 décembre 2017, s’est mis à dos les Palestiniens et n’a tout bonnement plus de contact diplomatique avec ces derniers qui reprochent aux Etats-Unis leur parti pris pro-israélien en niant leurs revendications sur Jérusalem-Est, annexée et occupée par Israël, et dont ils veulent faire la capitale de l’Etat palestinien dont ils rêvent.
Mais cette fin de non-recevoir a le don de mette en rogne l’actuel locataire de la Maison Blanche qui, de ce fait et même s’il n’y a visiblement pas pour l’heure de résultat probant, ne se lasse pas – à coups de mesures punitives – de pousser les Palestiniens à négocier avec Israël.
Le dernier soufflet en date a été annoncé officiellement via un communiqué de la porte-parole du département d’Etat américain Heather Nauert lundi 10 septembre. Il s’agit de la fermeture « pour l’instant » de la représentation diplomatique de l’OLP (l’Organisation de libération de la Palestine) à Washington. La communauté internationale considère l’OLP comme l’entité institutionnelle qui représente le peuple palestinien. Cette dernière supervise l’Autorité palestinienne née des fameux accords d’Oslo qui constitue l’organe exécutif de l’autonomie palestinienne.
Dans son communiqué Heather Nauert explique clairement les raisons de la décision américaine : « L’organisation de libération de la Palestine n’a pris aucune mesure pour permettre le début de négociations directes et significatives avec Israël. » De plus, a-t-elle dénoncé, « les dirigeants de l’OLP ont condamné le plan de paix américain sans même l’avoir encore vu et ont refusé de parler avec le gouvernement américain au sujet de ses efforts de paix. »
La fermeture de la représentation à Washington a aussi été justifiée par les démarches palestiniennes visant à porter plainte contre les « crimes de guerre » israéliens devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Depuis leur adhésion en 2015 à la CPI, les Palestiniens ont déposé plusieurs rapports sur les crimes commis selon eux par les dirigeants israéliens, en particulier lors de la guerre de Gaza en 2014. Au lendemain de l’annonce de la fermeture de la représentation diplomatique palestinienne à Washington, Saëb Erakat, numéro deux de l’OLP, a fait savoir que l’OLP avait soumis à la CPI de nouveaux éléments constitutifs de « crimes de guerre » israéliens contre le village palestinien de Khan al-Ahmar, en Cisjordanie occupée (zone C) considéré par Israël comme illégal et où vivent 200 bédouins. Pour information, la cour suprême israélienne a autorisé le 5 septembre dernier le démantèlement du village. A ce jour imminent. Le dossier comprend les « crimes » de transfert forcé de population, de « nettoyage ethnique » et de destruction de propriétés civiles, a indiqué Saëb Erakat.
Batterie de mesures antipalestiniennes
Dans ce contexte, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré dans un communiqué qu’« Israël soutient la décision américaine » de fermer la représentation diplomatique palestinienne à Washington et voit l’occasion « de dire aux Palestiniens qui refusent de négocier et se livrent à des attaques contre Israël dans des forums internationaux que ce n’est pas ainsi qu’ils peuvent parvenir à la paix. » Le représentant palestinien à Washington, Hossam Zomlot, lui, a dénoncé dans cette nouvelle mesure de rétorsion une « dangereuse escalade. »
De fait, en l’espace de quelques semaines, l’administration Trump a pris une batterie de mesures contre la direction palestinienne. D’abord, l’annonce de l’annulation « à la demande » du président américain de plus de 200 millions de dollars d’aide bilatérale pour des projets d’infrastructures et des programmes humanitaires destinés aux habitants de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza. Puis, le 31 août, les Etats-Unis plus grands contributeurs de l’agence onusienne de soutien aux réfugiés palestiniens (UNWRA) ont décidé d’arrêter leur financement. Et il y a quatre jours, le 8 septembre, Washington a annoncé la suppression de 25 millions de dollars d’assistance aux hôpitaux palestiniens de Jérusalem-Est. L’Autorité palestinienne a notifié qu’elle viendrait combler cette perte.