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Israël veut éteindre l’incendie sur le foncier des Eglises

Christophe Lafontaine
24 octobre 2018
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Le 23 octobre, le ministre de la coopération régionale a rencontré les représentants des Eglises de Terre Sainte pour tenter de les rassurer. En affirmant qu’Israël n’a pas l’intention d’exproprier leurs biens.


« Le gouvernement israélien n’a aucune intention de confisquer les terres des Eglises ou de (leur) causer un tort économique quelconque », a déclaré le ministre de la Coopération régionale Tzachi Hanegbi, selon un communiqué des Affaires étrangères.

Les Eglises de Terre Sainte sont récemment montées au créneau pour demander que soit bloquée définitivement une proposition de loi qui autoriserait l’Etat hébreu à saisir les terres en Israël vendues par les Eglises de Terre Sainte à des promoteurs privés. Dans un courrier daté du 19 octobre, les représentants des trois plus grandes Eglises de Jérusalem (grecque-orthodoxe, franciscaine et arménienne) s’étaient vivement émues de voir réapparaître à l’ordre du jour du 21 octobre son examen à la Knesset (le parlement israélien). Alors que « des garanties sur le retrait du projet de loi » avaient été formulées en juillet dernier par le Premier ministre israélien.

Finalement, dimanche dernier Benjamin Netanyahu est intervenu pour reporter au moins d’une semaine l’étude du texte.

Entre-temps, le ministre de la coopération régionale, nommé cet été par le Premier ministre, pour organiser une concertation constructive avec les Eglises de Jérusalem sur la proposition de loi désormais intitulée « loi sur les terres louées vendues » et non plus « loi sur les terres des Eglises », a rencontré mardi 23 octobre pour la seconde fois (la première avait eu lieu le 13 septembre), les représentants des trois plus grandes Eglises chrétiennes de Jérusalem. Ces dernièress’exprimant au nom de l’ensemble des 13 dénominations chrétiennes de Terre Sainte. Et le ministre a tenté de les rassurer.

« La communauté chrétienne est extrêmement importante pour l’Etat d’Israël et une priorité pour le gouvernement », a déclaré Tzachi Hanegbi aux représentants des Eglises. « L’objectif du gouvernement est de protéger les droits des Eglises, des investisseurs et des locataires », a-t-il ajouté. « Le gouvernement prendra toutes les mesures requises pour protéger les droits des Eglises à chaque étape. »

Tout a commencé à l’été 2017 quand a été révélée la vente de certains terrains hiérosolymitains appartenant à l’Eglise orthodoxe à des investisseurs privés qui ont, en outre, gardé leur identité cachée derrière des sociétés écran offshore. La députée qui parraine le projet de loi, Rachel Azaria, veut protéger les résidents des quartiers concernés, de toute spéculation immobilière car les terrains vendus sont en fait loués sous forme de baux emphytéotiques signés dans les années 50 entre Israël et l’Eglise. Or, maintenant que les terrains sont vendus, les résidents ignorent à l’expiration des baux ce qu’il adviendra de leur renouvellement ou pas : hausse des loyers, expulsion, destruction des maisons, pour des opérations immobilières plus rentables ? D’où la volonté de la députée d’autoriser l’Etat hébreu à saisir ses biens au moment où ils sont vendus et d’offrir des compensations financières aux investisseurs privés.

Mais l’Eglise s’est offusquée de cette atteinte à l’exercice de leur droit de propriété estimant qu’il doit être garanti de façon égale à chaque citoyen. Craignant que cette nouvelle législation dissuade les futurs acquéreurs, si elles devaient vendre leurs terres, les Eglises redoutent un impact négatif sur leur liberté en matière d’opérations financières.

De plus, les Eglises chrétiennes considèrent qu’une telle loi qui restreindrait, on l’a vu, leurs droits de vente et donc de propriété. Ceci portant atteinte au statu quoétabli entre l’Etat d’Israël et les institutions non-juives régissant les Lieux Saints et assurant les droits et prérogatives des Eglises.

Enfin, le texte de loi s’il était approuvé tel quel, compliquant les opérations de vente des Eglises à des acquéreurs privés et facilitant à l’inverse le rachat par l’Etat israélien de ces terres, revient selon elles à une tentative de nationaliser les terres qu’elles auraient vendues. Ce qu’elles refusent.

 

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