Initiative de l'Eglise syriaque orthodoxe, l’Université syrienne d’Antioche (Asu) a été inaugurée le 6 novembre 2018, au nord-est de Damas (Syrie). Un signe d’espoir qui répond à une longue tradition ecclésiale.
« Nous suivons les traces de nos pères de l’Eglise », s’est réjoui le Patriarche syro-orthodoxe. Ignace Ephrem II s’exprimait à l’occasion de l’inauguration officielle de l’Université syrienne d’Antioche (Antioch syrian university – Asu), mardi 6 novembre. Dans le village de Ma’arat Sednaya, à 25 kilomètres au nord-est de la capitale syrienne.
Le Patriarche a voulu insister dans son discours sur le fait que « les Syriaques avaient une longueur d’avance dans la création d’écoles et dans les établissements d’enseignement au début de l’ère chrétienne. Chaque monastère devint un centre de connaissance ». Ainsi, des universités ont été créées dans de nombreuses villes syriaques historiques comme celles de Nisibin, Edessa, Qinnshrin et Antioche, a-t-il rappelé. Soulignant qu’« Antioche était la capitale de la Syrie à l’époque romaine (ndlr : aujourd’hui en Turquie), mais est devenue une capitale spirituelle pour tous les chrétiens d’Orient ». En ce sens, l’ouverture de la nouvelle Université syrienne d’Antioche est à ses yeux une manière de « ressusciter la flamme de l’enseignement supérieur. »
Un décret présidentiel autorise depuis juin 2003 l’ouverture d’universités privées en Syrie. Le pays compte une trentaine d’universités dont un petit tiers sont publiques. Il y a en tout environ 800 000 étudiants, dont 40 000 sont inscrits dans des universités privées, selon l’agence Sana, l’agence de presse officielle de la Syrie.
Le projet de constituer une université privée, parrainée par l’Eglise syro-orthodoxe est né en 2007, bien avant la guerre, sous l’impulsion du patriarche Ignace Zakka I, prédécesseur de l’actuel chef de l’Eglise syro-orthodoxe. Mais forcément, l’inauguration de cet établissement d’études supérieures a aujourd’hui une symbolique d’autant plus forte qu’il a aujourd’hui vocation à contribuer à la reconstruction humaine, économique, sociale et culturelle d’un pays ravagé par plusieurs années de guerre. A ce titre, l’université vient rejoindre les universités de Hama et de Tartous fondées respectivement en 2014 et 2015 et qui ont commencé à accueillir des étudiants alors que le pays était en plein conflit. Pour le ministre syrien de l’enseignement supérieur, l’ouverture de nouvelles universités constituent la réponse la plus efficace à tous ceux qui ont l’intention de faire obstacle au nouveau départ de la Syrie.
L’inauguration de la nouvelle Université syrienne d’Antioche était placée sous le haut patronage du patriarche bien sûr et d’Atef Al Nadaf, le ministre de l’Enseignement supérieur en présence du président de l’ASU, Rakan Razouk. Le Cardinal Mario Zenari, Nonce apostolique en Syrie ainsi que de nombreux représentants des Eglises locales et des communautés musulmanes du pays comptaient parmi les invités ainsi que des représentants du monde politique syrien et des élèves qui ont fait leur rentrée le 8 septembre dernier.
Le nouvel établissement propose actuellement sept filières : ingénierie, sciences économiques, droit, littérature, sciences, odontologie et pharmacie. Rakan Razzouk, le recteur de l’université, a souligné que l’université avait adopté les normes académiques internationales et souhaitait conclure des accords de coopération et des programmes d’échange avec de prestigieuses universités syriennes, arabes et internationales. Le 26 octobre dernier, dans ce but une réunion a été organisée au King’s College à Londres au Royaume-Uni, l’un des fleurons universitaires britanniques classé au 31ème rang du classement mondial des universités 2019.
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