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Israël veut saisir des terres, propriétés de l’Eglise latine

Christophe Lafontaine
28 novembre 2018
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Les autorités israéliennes ont fait parvenir le 27 novembre un avis visant l’appropriation de plus de 25 hectares palestiniens au nord de la vallée du Jourdain. Contestation du propriétaire, le Patriarcat latin.


C’est un communiqué qui en appelle sans doute un autre mais l’heure est à la réaction rapide. « Le Patriarcat latin de Jérusalem conteste la décision des autorités militaires israéliennes. » Dans ce bref message publié le 28 novembre 2018 sur son site officiel, la plus haute juridiction catholique de Terre Sainte a voulu réagir promptement à l’avis israélien – reçu la veille – stipulant la saisie de terres palestiniennes lui appartenant dans le nord de la vallée du Jourdain. Région non seulement arable mais également stratégique au niveau des frontières. Le patriarcat précise qu’il « examine les aspects de cette décision afin de la traiter de manière appropriée, de la faire contester et de faire cesser tout dommage supplémentaire. » L’affaire est loin d’être classée sans suite.

Mutaz Bisharat, un responsable palestinien en charge du dossier des colonies israéliennes dans l’Autorité palestinienne a déclaré à Ma’an News Agency que 267 dunams (soit peu ou prou 26,7 hectares) situés en Cisjordanie, dans le gouvernorat de Tubas, sont concernés. Ces terrains se trouvent près des villages de Bardala et Tayassir, à une trentaine de kilomètres au nord-est de Naplouse, en Cisjordanie.

Dans une déclaration à l’agence de presse palestinienne Wafa, la Commission islamo-chrétienne pour le soutien de Jérusalem et des Lieux Saints a considéré cette décision de « violation flagrante du droit international humanitaire. »

Hanna Issa, secrétaire général de cette même commission a déclaré de son côté à Arab News que « ces violations font partie d’un effort israélien plus vaste visant à judaïser toutes les terres appartenant aux Arabes, aux chrétiens et aux musulmans. »

Même son de cloche pour Mutaz Bisharat, pour qui cette stratégie vise à contrôler les terres et à étendre les colonies israéliennes illégales dans la vallée du Jourdain, a rapporté l’agence Ma’an News. La colonie Mehola, par exemple, se trouve à moins de cinq kilomètres de Bardala.

Il craint d’autre part que ces confiscations de terres soient le préliminaire à l’expulsion d’un certain nombre de familles palestiniennes vivant dans les environs, en particulier si les autorités israéliennes forçaient les familles à être évacuées sous prétexte de « raisons de sécurité. » De fait, les terres se trouvent à proximité d’un terrain militaire israélien.

Environ 70 000 Palestiniens – et près de 10 000 colons juifs – vivent actuellement dans la vallée du Jourdain. Les Palestiniens de la vallée du Jourdain sont l’un des groupes les plus vulnérables aux déplacements. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 60% des 6 000 Palestiniens déplacés de force depuis 2008 appartenaient à des communautés d’éleveurs ou bédouines.

Ces derniers mois, les Eglises de Terre Sainte ont dénoncé plusieurs tentatives – pour l’heure suspendues – menaçant leur intégrité et leur viabilité. Ce qui les a menées à fermer l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem pendant trois jours en février dernier. D’une part, la municipalité israélienne de Jérusalem avait manifesté son désir d’imposer les activités commerciales des Eglises. D’autre part, un projet de loi israélien voulait permettre d’exproprier les biens immobiliers des institutions religieuses chrétiennes de Jérusalem qui bénéficient pourtant d’un statut spécial en vigueur depuis l’époque ottomane.

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