Le nom du gouverneur romain de Judée à l’époque de Jésus, Pilate, a été identifié sur un anneau découvert il y a 50 ans près de Bethléem, à l’Hérodion. Tout porte à croire qu’il y a un lien avec le préfet romain. Mais…
« Pontius Pilatus ». On connaissait déjà l’inscription de Césarée maritime mentionnant le nom du gouverneur de Judée. Voilà qu’un anneau en alliage de cuivre, vieux de 2000 ans, découvert lors de fouilles menées de 1968 à 1969 par le professeur Gideon Foerster de l’Université hébraïque de Jérusalem, pourrait avoir appartenu au préfet romain qui autorisa la crucifixion de Jésus. Ponce Pilate, puisque c’est lui dont il s’agit, fut le cinquième préfet de la province de Judée sous l’empereur Tibère, d’environ 26 à 36 après J.-C.
Comme l’a expliqué le journal israélien, Haaretz dans son édition du 29 novembre, faisant écho à un article publié sur le sujet il y a une semaine dans la dernière édition semestrielle d’Israel Exploration, ce n’est que récemment que le bijou a pu être déchiffré. Notamment grâce au travail de l’épigraphe, Leah Di Segni, de l’Université hébraïque. Et ce, après un nettoyage minutieux et au moyen d’un appareil photo de pointe, utilisé dans les laboratoires de l’Autorité israélienne des antiquités.
L’examen scientifique a permis d’identifier l’inscription « de Pilatus », gravé en lettres grecques anciennes sur la face supérieure de l’anneau. Les lettres, indique Haaretz, entourent l’image d’un vase à vin, sans poignée. Les résultats de l’étude ont été remis à l’équipe actuelle qui travaille sur le site, dirigée par Roi Porat, de l’Université hébraïque.
La bague avait été retrouvée au milieu de milliers d’ostracons, pièces de monnaies, poteries sur le site de l’Herodion – près de Bethléem, dans les Territoires palestiniens. Cette forteresse a été construite par le roi Hérode. Après sa mort au 1er siècle, le site devint un immense lieu de sépulture. Mais la partie haute du complexe a continué d’être employée par les autorités romaines qui régnaient sur la Judée à cette époque. Il est probable que Ponce Pilate, préfet romain, ait également utilisé l’Hérodion comme siège de son administration. Un premier indice, celui du lieu de la trouvaille, prouvant le lien approprié entre l’anneau et le gouverneur romain.
D’autre part, le professeur Dany Schwartz, de l’Université hébraïque, cité dans Haaretz, souligne que le nom « Pilatus », retrouvé sur le bijou biseauté, fait très probablement référence au personnage mentionné dans le Nouveau Testament car « Pilate était un nom très rare dans la Palestine du 1er siècle », note-t-il. Et l’archéologue de reconnaître : « je n’ai pas connaissance d’un autre Pilate de la même période. »
Ses propos rejoignent ceux de Lawrence Mykytiuk qui dans un article de la Revue d’archéologie biblique de septembre 2017, intitulé « Confirmation des figures politiques dans le Nouveau Testament », écrivait que « le nom de famille Pontius était courant dans le centre et le nord de l’Italie à cette époque, mais le nom de Pilatus était ‘extrêmement rare’. »
Haaretz rapporte un autre indice qui conforterait l’hypothèse selon laquelle le bijou, qui servait à sceller, avec un tampon de cire, les documents officiels, peut être associé au Ponce Pilate des Ecritures. Dans la Rome antique, explique le quotidien israélien, ce genre d’anneau appartenait la plupart du temps aux membres de la classe équestre. Un groupe de citoyens romains fortunés et considérés comme les plus honorables. Un ordre auquel appartenait justement Pilate.
Autres hypothèses
Mais ce serait oublier, indique le Times of Israel, la facture, plutôt simple, du bijou. En tous les cas, selon les experts, il n’est pas l’ouvrage d’un artisan hors pair et le dessin du récipient pour le vin qui accompagne l’écriture ne semble pas des plus originaux à la période du Second Temple. Ainsi, pour les chercheurs, auteurs de l’étude récemment publiée, la façon dont est décrit Pilate dans des textes historiques tels que ceux de Flavius Josèphe, Tacite, Philon d’Alexandrie ou encore ceux du Nouveau Testament, indiquent que Ponce Pilate, en tant que gouverneur romain (même d’une province reculée de l’empire), n’aurait probablement jamais porté une bague d’un tel acabit. Dans le Times of Israel, Roi Porat, qui veut quand même y croire, suggère que Pilate avait un anneau en or pour les tâches de cérémonie et un simple anneau en cuivre pour un usage quotidien…
Les auteurs de l’étude suggèrent que le sceau a aussi bien pu appartenir à l’un des fonctionnaires de Pilate ou à un membre de sa cour qui l’aurait utilisé pour signer en son nom. D’autre part, le nom de Pilate peut aussi avoir été attribué à un membre de sa famille. Voire à un de ses esclaves qui aurait été affranchi…
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