Soutenu par les juifs ultra-orthodoxes, Moshe Lion (57 ans) a gagné les élections de Jérusalem. Cet expert-comptable, qui a reçu l’appui du maire sortant, ramènera-t-il la taxation des biens des Eglises sur le tapis ?
Un lion dans l’arène, vainqueur. Avec un tel nom de famille (du moins dans sa transcription française et anglaise), Moshe Lion était prédestiné au poste de premier magistrat de Jérusalem. Un clin d’œil quand on sait que le blason de la Ville Sainte représente le lion de Juda.
S’il n’est cependant pas originaire de la ville, le candidat des religieux et de la droite nationaliste a réussi, après avoir brigué le fauteuil de la mairie pour la seconde fois, à remporter le second tour des élections municipales, le 13 novembre. Et ce grâce à une grande part de la communauté ultra-orthodoxe qui constitue plus d’un tiers de la population de Jérusalem. Soutenu par le Likoud, le parti de Benjamin Netanyahu mais pas par le Premier ministre directement, il a misé sa campagne sur les craintes d’une « sécularisation » de la Ville Sainte. Moshe Lion a donc évincé Ofer Berkovitch, chef de file du courant laïc à qui la victoire a cependant échappé de peu. Un point à souligner au vu du poids des religieux à Jérusalem.
Le nouvel édile de la Ville Sainte a déclaré vouloir « être le maire de tous les habitants de Jérusalem, qui qu’ils soient. » Pendant la campagne, celui qui fut membre du conseil municipal pendant cinq ans de 2013 à 2018 en détenant le portefeuille des quartiers de la ville, a promis de construire des terrains de sport pour les enfants palestiniens à Jérusalem-Est. Il a dit également vouloir « répartir de manière égalitaire les budgets entre les parties orientale et occidentale de la ville. » Pour mémoire, la population arabe (qui représente un tiers de la population de la ville) boycotte le scrutin depuis plus de cinquante ans.
Moshe Lion né le 6 octobre 1961 près de Tel Aviv, marié, père de quatre enfants et grand-père, a servi dans les Forces de défense israéliennes, où il a été affecté à l’aumônerie militaire et a chanté avec le chœur rabbinique de Tsahal. Diplômé en économie et en comptabilité, l’homme d’affaires (spécialisé dans l’audit) a été, à la fin des années 90, directeur général du cabinet du Premier ministre de Benjamin Netanyahu, devenant également son conseiller économique. De 2003 à 2006, il a été nommé président des chemins de fer israéliens. En 2008, il a été nommé président de l’autorité de développement de Jérusalem. Après les élections pour Jérusalem en 2013, il a rejoint la coalition de Nir Barkat dans la municipalité en 2015.
Venant du monde de l’expertise-comptable, fort de son expérience de gestion, ayant reçu au second tour le soutien du maire sortant Nir Barkat, la question se pose de savoir si le nouveau maire remettra sur le tapis la question de la taxation des biens commerciaux des Eglises à Jérusalem. Ce qui paraît légitime pour un maire qui veut faire tourner correctement les services de sa ville. D’autant plus que les deux tiers de la population municipale ne sont pas imposables. Une commission ministérielle a été mise en place pour favoriser un dialogue constructif entre les Eglises chrétiennes qui avaient en février dernier, au nom du statu quo, dénoncé une telle mesure. Mesure pour l’heure seulement suspendue.
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