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Chrétiens en Israël: la Coordination Terre Sainte solidaire

Christophe Lafontaine
18 janvier 2019
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La Coordination Terre Sainte 2019 vient d’achever sa visite annuelle en Terre Sainte. Avec un focus sur les chrétiens qui vivent dans l’Etat d’Israël et qui aspirent « à vivre comme des citoyens à part entière ».


« Les chrétiens en Israël : défis et opportunités ». Tel était le thème de la Coordination Terre Sainte réunie du 11 au 17 janvier 2019 en Terre Sainte. Le groupe dirigé par Mgr Declan Lang (Angleterre et Pays de Galles) rassemble des délégués de Conférences épiscopales catholiques d’Europe, des Etats-Unis, du Canada et d’Afrique du Sud. Chaque année, depuis deux décennies, un pèlerinage de contact et d’écoute directs et de solidarité permet à la Coordination, mandatée par le Saint-Siège, de prendre le pouls des chrétiens en Israël et dans les Territoires palestiniens. Jérusalem étant naturellement au cœur de l’attention des évêques.

Le cas échéant, du fait de leur charge, les évêques de la Coordination peuvent faire remonter « à leurs propres gouvernements, aux parlementaires, aux ambassadeurs israéliens et palestiniens et aux médias [les] différents problèmes qui affectent la vie des chrétiens », comme l’explique le Patriarcat latin sur son site institutionnel. En précisant que « conformément à l’approche adoptée par le Saint-Siège partout ailleurs, les évêques ne recherchent pas des privilèges pour les chrétiens, mais la dignité et la justice pour eux et pour les autres dans des conflits similaires. »

Cette année, l’attention des membres de la Coordination s’est d’abord focalisée sur les chrétiens qui vivent dans l’Etat d’Israël. En 2018, selon le département central des statistiques en Israël, les chrétiens recensés en Israël en tant que résidents permanents représentent un peu plus de 2% de la population, soit 175 000 personnes. 77% d’entre eux sont Arabes. 70,6% des chrétiens vivent dans le nord d’Israël.
Dans un communiqué final publié le 17 janvier 2019 à l’issue de leur visite annuelle, les évêques de la Coordination Terre Sainte ont déclaré que le principe d’égalité sur lequel Israël a été fondé « doit de toute urgence devenir une réalité vécue. »

« Les chrétiens israéliens souhaitent vivre comme des citoyens à part entière »

Soulignant « la contribution vitale » qu’apportent les chrétiens qui vivent en Israël, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, mais aussi dans la vie publique et interreligieuse, les évêques de la Coordination Terre Sainte 2019 soutiennent que « les chrétiens d’Israël souhaitent vivre comme des citoyens à part entière, avec des droits reconnus dans une société pluraliste et démocratique. »  Récemment encore, au nom de « la coexistence entre toutes les composantes nationales, ethniques et religieuses » de la ville de Haïfa, l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte (AOCTS) a demandé, ainsi que les patriarches et chefs des Eglises chrétiennes de Jérusalem, le retrait d’une sculpture blasphématoire – Ronald McDonald crucifié – exposée au Musée d’Art municipal dans le cadre de l’exposition « Sacred Goods » (Marchandises sacrées) qui dénonce le consumérisme érigé en religion. Einat Kalisch Rotem, maire de Haïfa, a finalement – après des jours de polémique tendue – fait savoir sur Facebook que l’œuvre, intitulée McJesus, allait être retirée « dès que possible » du musée où elle est exposée depuis le mois d’août 2018.  « En Israël, de telles expositions contre les musulmans et les juifs seraient taboues, mais contre les chrétiens, elles sont autorisées », a déploré le porte-parole de l’AOCTS, Wadie Abou Nassar cité par l’AFP.

Lutte contre la discrimination et défense du pluralisme

Les évêques de la Coordination Terre Sainte ont par ailleurs rapporté que les chrétiens qu’ils avaient rencontrés lors de leurs visites étaient particulièrement préoccupés par la loi de l’Etat-nation adoptée par la Knesset (le parlement israélien) le 19 juillet,qui stipule qu’Israël est l’Etat-nation du seul peuple juif marginalisant ainsi les autres citoyens israéliens d’origine différente. Une atteinte, ont-ils jugés dans leur communiqué, aux « idéaux d’égalité, de justice et de démocratie. »

Faisant fait écho aux inquiétudes des dirigeants catholiques de Terre Sainte qui ont déclaré le 31 octobre 2018, au sujet de la loi, que celle-ci créait « une base constitutionnelle et légale pour la discrimination » entre les citoyens d’Israël et notamment à l’encontre des minorités. L’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte avait ainsi demandé le retrait du texte auquel elle reproche concrètement de poser des privilèges pour les citoyens juifs et d’encourager ainsi « une vision discriminatoire » dans la société israélienne. La loi, à titre d’exemple, ne reconnaissant le droit à l’autodétermination qu’aux juifs, promulguant « le développement de la colonisation juive en tant que valeur nationale », érigeant l’hébreu en tant que seule langue officielle (reléguant l’arabe à un statut spécial).

C’est pourquoi les membres de la Coordination Terre Sainte ont dit apporter leur « soutien aux chrétiens israéliens et à tous ceux qui défient la discrimination » et affirmé appuyer « leur appel à la protection du pluralisme du pays. »

Appels aux gouvernements des pays de la Coordination 2019

Si le pèlerinage de la Coordination Terre Sainte 2019 de cette année était axé sur Israël, les évêques se sont aussi rendus en territoire palestinien pour rencontrer les communautés chrétiennes locales. Les évêques ont déclaré que « la misère de l’occupation a été aggravée par les coupes sombres apportées au financement de l’aide humanitaire par le gouvernement des Etats-Unis. » Faisant référence au fait que Donald Trump a effectivement, il y a un an, décidé de couper les vivres à l’UNRWA (l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens) et supprimé à la fin de l’été 2018 une enveloppe de 200 millions de dollars (environ 172 millions d’euros) d’aide, destinée aux habitants de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, placée sous double blocus israélien et égyptien.

Et aux évêques de dénoncer dans leur déclaration finale la menace qui pèse ainsi sur les soins de santés, l’éducation et d’autres services sociaux et qui « aggrave les violations constantes » de la dignité humaine fondamentale de leurs bénéficiaires. « Cela ne peut être ignoré ou toléré », assènent-ils avant de lancer un appel à leurs gouvernements respectifs afin qu’ils participent « à combler les déficits de financement auxquels l’Office de secours et des travaux de Nations Unies (UNRWA) est confronté. »

Et les enjoignent « à redoubler d’efforts en vue d’une solution diplomatique, avec deux États souverains démocratiques, Israël et la Palestine, vivant en paix. »

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