Au cours de ces deux dernières années, la population libanaise chrétienne est restée stable et devrait passer de 38% à 40% dans les décennies qui viennent, selon l'Annuaire de la démographie religieuse internationale.
Renversement de tendance. C’est une étude démographique optimiste sur l’avenir des chrétiens au Liban dont s’est fait l’écho, l’agence de presse catholique Fides, la semaine dernière. En effet, il ressort de l’Annuaire de la démographie religieuse internationale 2018 (publié par la maison d’édition néerlandaise Brill), que le pourcentage de chrétiens au Liban devrait passer à 40% en 2030 sachant que leur proportion a régulièrement diminué ces dernières années.
L’étude est basée sur les données selon lesquelles la population libanaise est constituée de 38,22% de chrétiens (ayant le droit deexpl voter aux élections législatives au Liban) et de 61,62% de musulmans (également habilités à voter aux élections législatives au Liban). Le petit pourcentage restant englobe les minorités confessionnelles.
Le dernier recensement officiel effectué au Liban a été fait en 1932. Le pays abritait alors 53% de chrétiens.
Selon les projections de l’Annuaire, en 2030, la population libanaise serait partagée notamment entre 40,18% de chrétiens et 59,71% de musulmans. En 2045, la population libanaise pourrait même compter 41,12% de chrétiens et 58,87% de musulmans.
L’étude démographique en question s’appuie sur deux axes principaux que sont les flux d’émigration/immigration et l’évolution des taux de fécondité dans chaque communauté confessionnelle. Plus d’1,5 million de Libanais ont quitté le pays du Cèdre entre 1975 et 2011 en raison de la pauvreté et des conflits locaux et régionaux. Parmi eux, 46,6 % étaient chrétiens et 53,4 % musulmans. Mais si depuis le début de la guerre au Liban en 1975 jusqu’au milieu des années 1980, le taux d’émigration des chrétiens a été très élevé, cette tendance s’est interrompue entre 1984 et 2011.
Parallèlement, entre 1971 et 2004, le taux de fécondité a également diminué, même dans la population musulmane. On peut trouver comme explications, la diminution de l’analphabétisme, le retard de l’âge du mariage, la hausse de l’exode rural, l’impact direct de la mondialisation…
Ces chiffres ont été accueillis « avec grand soulagement », comme le rapporte l’agence Fides, dans les milieux ecclésiaux libanais. A tel point que le ministre de l’intérieur sortant, Nohad El Machnouk – rapporte Fides – voulait apporter en guise de cadeau de Noël, un volume de l’Annuaire de la démographie religieuse internationale 2018, au patriarche maronite Bechara Boutros Rai.
Influence
Au Liban, cependant, l’influence des chrétiens (dont la majorité est catholique maronite) et des musulmans ne se mesure pas à l’aune de la démographie mais aussi à leur capacité d’être des acteurs politiques (malgré le délicat partage du pouvoir), économiques, sociaux, universitaires.
Aujourd’hui, le Liban est confronté à une grave crise économique et politique. La Banque Mondiale prévoit une croissance de seulement 1,3% pour l’année 2019 et à seulement 1,5% pour les deux années suivantes. Le Liban ne profite pas de la relance économique induite par les exportations pétrolières de la région et doit se remettre de l’accueil de plus d’1,5 million de réfugiés syriens dans le pays. En outre, l’absence d’un gouvernement fonctionnel depuis les élections législatives de mai 2018 pèse indubitablement sur l’économie.
C’est dans ce sens que le patriarche maronite, le cardinal Bechara Raï a invité à Bkerké (où se trouve le siège patriarcal de l’Eglise maronite) les députés maronites à un mini-sommet mercredi 16 janvier 2018 pour « discuter du rôle que la communauté maronite peut avoir face aux développements actuels » au Liban comme dans la région, a indiqué l’Agence nationale d’information. « La réunion portera aussi sur les initiatives à prendre pour la sauvegarde de l’Etat Libanais », d’après un communiqué publié par le patriarcat maronite.
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