(g.s.) – Le pape François a consacré toute la matinée du 5 février à la communauté catholique présente dans la péninsule arabique, soit les dernières heures de son bref séjour à Abou Dhabi, capitale des Émirats arabes unis.
Accompagné par le nonce apostolique aux émirats et délégué apostolique de la péninsule arabique, Mgr Francisco Montecillo Padilla, et par Mgr Paul Hinder, vicaire apostolique pour l’Arabie méridionale, le pape François a visité l’une des deux églises catholiques construites dans la ville – la cathédrale Saint-Joseph – où l’attendaient près de 300 fidèles. Le Pape s’est recueilli un moment puis a quitté les fidèles pour se rendre à Zayed Sports City. Les autorités ont mis à disposition le stade comble à 45 000 personnes. 100 000 autres ont suivi la messe papale sur de grands écrans montés dans des espaces verts à l’extérieur du terrain. Au moins 100 nationalités différentes étaient représentées.
Selon les statistiques publiées par le Saint-Siège, il y aurait environ un million de catholiques de langues, d’origines et de rites différents sur le territoire du vicariat apostolique du sud de l’Arabie méridionale (comprenant les Émirats arabes unis, Oman et le Yémen). Ils représentent 1/10ème de la population, mais ils ne sont pas citoyens émiriens. Il s’agit de migrants économiques, issus notamment des Philippines et de l’Inde, et appelés, tôt ou tard, à être renvoyés dans leur pays. Loin de chez eux, séparés de leurs proches, ils trouvent dans l’Église un soutien moral et un environnement familial.
« Heureux êtes-vous »
Pour la célébration liturgique, c’est le formulaire pour la justice et la paix qui a été choisi dans le missel romain. C’est l’Évangile des Béatitudes qui a été lu, (de saint Matthieu, chapitre 5, versets 1 à 12) et c’est à partir de ce passage que le pape François a développé son homélie.
« Si tu es avec Jésus – a souligné le Pape – si, comme les disciples d’alors, tu aimes écouter sa parole, si tu cherches à la vivre chaque jour, tu es heureux. Non tu seras heureux, mais tu es heureux : voilà la première réalité de la vie chrétienne. Elle ne se présente pas comme une liste de prescriptions extérieures à accomplir ou comme un ensemble complexe de doctrines à connaître. Ce n’est surtout pas cela ; c’est se savoir, en Jésus, enfants aimés du Père. »
Plus tard, le Pape a ajouté : « Chers frères et sœurs, dans la joie de vous rencontrer, c’est la parole que je suis venu vous dire, heureux ! (…) Je suis venu aussi pour vous dire merci pour la manière dont vous vivez l’Evangile que nous avons entendu. On dit qu’entre l’Evangile écrit et l’Evangile vécu il y a la même différence qui existe entre la musique écrite et celle jouée. Vous connaissez ici la mélodie de l’Evangile et vous vivez l’enthousiasme de son rythme. Vous êtes un chœur qui comprend une variété de nations, de langues et de rites ; une diversité que l’Esprit Saint aime et veut toujours plus harmoniser, pour en faire une symphonie. Cette joyeuse polyphonie de la foi est un témoignage que vous donnez à tous et qui construit l’Eglise. J’ai été touché par ce que Monseigneur Hinder a dit une fois c’est-à-dire que non seulement il se sent votre Pasteur, mais que vous, par votre exemple, vous êtes souvent des pasteurs pour lui. Merci pour cela. »
Dans un autre passage, François a indiqué un chemin à tous les disciples de Jésus, quelles que soient leurs conditions de vie : « Chers frères et sœurs, je voudrais vous dire aussi que vivre les Béatitudes ne demande pas de gestes éclatants. Regardons Jésus : il n’a rien laissé d’écrit, il n’a rien construit d’imposant. Et lorsqu’il nous a dit comment vivre il ne nous a pas demandé d’élever de grandes œuvres ou de nous signaler en accomplissant des gestes extraordinaires. Il nous a demandé de réaliser une seule œuvre d’art, possible pour tous : celle de notre vie. Les Béatitudes sont alors un plan de vie : elles ne demandent pas des actions surhumaines, mais d’imiter Jésus dans la vie de tous les jours. Elles invitent à tenir son cœur propre, à pratiquer la douceur et la justice malgré tout, à être miséricordieux avec tous, à vivre l’affliction en étant unis à Dieu. C’est la sainteté du vivre-au-quotidien, qui n’a pas besoin de miracles et de signes extraordinaires. Les Béatitudes ne sont pas pour des superhommes, mais pour qui affronte les défis et les épreuves de chaque jour. Celui qui les vit selon Jésus rend propre le monde. Il est comme un arbre qui, même en terre aride, absorbe chaque jour de l’air pollué et le restitue oxygéné. Je vous souhaite d’être ainsi, bien enracinés en Christ et prêts à faire du bien à quiconque vous est proche. Que vos communautés soient des oasis de paix. »
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