La Banque centrale de Jordanie (BCJ) a annoncé que les recettes du secteur touristique avaient augmenté de 8% en un an. Si Petra arrive en tête, le Mont Nébo, Madaba ou le site du baptême tirent bien leur épingle du jeu.
La barre des 5 milliards de dollars est franchie. Dans le royaume hachémite, l’ensemble des revenus touristiques a connu une augmentation de 8% en 2018 par rapport aux 4,6 milliards de dollars de 2017, a révélé la Banque centrale de Jordanie (BCJ).
Pour mémoire, en 2012, un an après le début des Printemps arabes, les touristes qui avaient visité la Jordanie avaient généré des recettes s’élevant à 3,2 milliards de dollars. Le secteur touristique de la Jordanie avait alors été affecté pendant quelques années par l’instabilité régionale et tout particulièrement la guerre civile en Syrie.
Dans son communiqué publié le 19 février par l’agence de presse Jordan News Agency-Petra et relayé par le Jordan Times, la Banque centrale confirme l’embellie au début de cette nouvelle année pour le secteur touristique. Quand le mois de janvier 2018 affichait 420 millions de dinars jordaniens en recettes (593 millions de dollars), le mois de janvier 2019 en avance 458 millions de dinars (647 millions de dollars). Une augmentation de l’ordre largement due à l’augmentation du nombre de touristes entrant sur le territoire.
Mont Nébo, deuxième site le plus visité de Jordanie
Le Jordan Times rapporte que les sites qui ont été les plus fréquentés en 2018 sont : la cité archéologique de Petra dans le sud du pays qui affichait au compteur fin novembre près de 800 000 touristes, soit une augmentation de 33% par rapport à l’an dernier ; le sommet du Mont Nébo, où la tradition chrétienne situe le lieu de sépulture de Moïse, se positionne à la deuxième place du podium avec 444 000 visiteurs, ce qui représente un taux de croissance de 155 %.
Suit dans le classement Jerash (avec ses 308 000 visiteurs). C’est-à-dire une augmentation de 30% au regard de 2017 pour l’antique Gerasa, ville grecque qui a connu son apogée sous l’occupation romaine. Le désert du Wadi Rum enregistre, quant à lui, à la fin du mois de novembre 2018, quelque 225 000 touristes (+36%) pour l’année passée.
L’église de Madaba et sa célèbre mosaïque de Jérusalem et de la Terre Sainte datant du VIème siècle, a vu venir 291 000 visiteurs (soit une hausse de 42%) tandis qu’Ajloun et son château construit par les Ayyoubides au XIIème siècle en a reçu 243 000 ; une hausse de 24,5% par rapport à 2017.
C’est « le site du baptême » de Jésus (inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco) qui a enregistré la plus forte croissance l’an dernier avec un taux à trois chiffres (+ 395%) avec environ 131 000 pèlerins. « Béthanie au-delà du Jourdain » ou « Wadi al Kharrar » (la vallée mélodieuse) regorge sur la rive est du fleuve jordanien, de vestiges archéologiques romaines et byzantins (ruines d’églises, de monastères, de piscines baptismales). Un lieu qui, s’il est touristique est aussi depuis quelques années un gigantesque chantier de construction.
En effet, au début des années 2000, le roi Abdallah II a offert gratuitement aux diverses Eglises chrétiennes des parcelles de terrain de la zone. En contrepartie, chaque confession bénéficiaire a la charge d’élever à ses propres frais de nouveaux édifices religieux, sanctuaires, couvents ou accueils de pèlerins. Les terrains ont été attribués à chaque confession sous forme de waqf. Ce qui signifie qu’un lot ne peut être vendu ou utilisé à d’autre fin que les pèlerinages. Depuis, les constructions sortent de terre les unes après les autres. Une fois le projet porté à son terme, le site devrait compter une douzaine de nouveaux lieux de culte, indique la Commission du site du baptême sur son site officiel. Les églises sont conçues sous une forme architecturale traditionnelle, qui reflète clairement l’héritage de chaque dénomination.
Le prochain chantier, a fait savoir le site chrétien d’informations arabes abouna.org, sera celui de l’église maronite dédiée à saint Maroun. C’est ce qu’a annoncé le responsable de la paroisse maronite Saint-Charbel à Amman, le jour de la fête du père de l’Eglise maronite, le 9 février dernier. La première pierre avait été posée en 2012 par patriarche des maronites, Mgr Bechara Rai.
La construction d’églises sur la terre jordanienne fournit une preuve convaincante de la sécurité et de la stabilité dont jouit le royaume, a récemment souligné Mgr Pizzaballa (le 19 janvier lors de la fête du baptême de Jésus) comme l’a rapporté le site du Patriarcat latin de Jérusalem dont il est l’Administrateur apostolique.
Une nomination chrétienne au Conseil national du tourisme
Le royaume hachémite qui recommence donc à accueillir de nombreux touristes ne cache pas vouloir encore plus miser sur le tourisme religieux (chrétien notamment). La dernière preuve en date concerne la nomination, par Majd Shwaikeh, ministre du Tourisme et des Antiquités, le 7 février dernier, du père Rifat Bader, prêtre jordanien du Patriarcat latin de Jérusalem et Directeur du Catholic Center for Studies and Media à Amman, en tant que membre du Conseil national du tourisme en Jordanie. Et ce, pour une durée de deux ans. « Le Conseil national du tourisme est chargé de définir la politique touristique générale du Royaume, d’approuver les plans et programmes nécessaires à la mise en œuvre de cette politique, ainsi que de développer des plans de formation et de sensibilisation au tourisme. Le conseil propose également des projets de lois et règlements pertinents au secteur du tourisme, établit des normes pour l’octroi de licences et la classification des professions du tourisme et fixe les prix des services touristiques », explique le site abouna.org.
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