Un pressoir et une inscription grecque du début du Vème siècle ap. J.C., mis à jour récemment, illustrent l’âge d’or des Samaritains dans la plaine de Sharon (Israël) avant la répression de leurs révoltes contre Byzance.
« Seul Dieu vient en aide à la belle propriété de Maître Adios, amen. » Cette inscription a été découverte en grec sur une mosaïque du début du Vème siècle à Tzur Natan, près de Netanya dans le sud de la plaine de Sharon (région centre de la côte israélienne). Une région réputée pour être fertile.
La mosaïque, retrouvée quasiment intacte, est rattachée à un pressoir de la même époque, découvert aussi lors de fouilles terminées cette semaine, a indiqué le 27 février dans un communiqué de presse, l’Autorité des Antiquités d’Israël (AAI). Tout semble indiquer que la cuve faisait partie d’un grand domaine vinicole « à une période au cours de laquelle les Samaritains ont atteint le sommet de leur pouvoir et de leur prospérité dans le sud de la plaine de Sharon », précise l’AAI.
Cependant, « ce n’est que le deuxième pressoir de ce genre découvert en Israël avec une inscription de bénédiction associée aux Samaritains », a déclaré Hagit Torge, directrice des fouilles pour le compte de l’Autorité foncière israélienne en vue de la construction d’un nouveau quartier à Tzur Natan. Le premier exemple de ce genre a été découvert il y a quelques années à Apollonie près d’Herzliya (dans la plaine de Sharon au nord de Tel-Aviv).
Le pressoir de Tzur Natan semble avoir été la propriété d’un homme aisé. Près de l’installation, les archéologues ont en effet découvert des carrières de pierre avec des dépressions rocheuses utilisées pour la culture de la vigne, faisant apparemment partie du domaine du maître Adios. D’ailleurs ce terme de « Maître » était un titre honorifique donné aux membres les plus âgés de la communauté et témoignait du haut statut social des propriétaires terriens. L’archéologue Hagit Torgue ajoute que le pressoir était situé près du sommet de Tel Tzur Natan, où des restes d’une synagogue samaritaine ont été découverts dans le passé. Cette proximité de la synagogue témoigne également du statut élevé d’Adios. Pour l’heure, son domicile n’a pas été retrouvé.
Cette récente découverte du pressoir et de son inscription viennent confirmer les preuves de l’intense activité agricole des Samaritains installés dans la région à l’époque byzantine. Selon un rapport de 1994 de la Texas Foundation for Archaeological & Historical Research (TFAHR) Tzur Natan, environ 120 pressoirs à vin, 50 pressoirs à olives, 50 citernes et une multitude de terrasses agricoles datant de la même période ont été recensés dans la région. Le Times of Israel fait remarquer que l’érosion du substrat rocheux de la zone crée un sol « particulièrement bénéfique pour les vignes et les olives. » Plus précisément à Tzur Natan, jaillissent en plus les sources de Dardar, qui ont contribué au développement continu de la région depuis le pré-néolithique.
D’après le Times of Israel encore, les fouilles menées par la TFAHR entre 1989 et 1994 à Tzur Natan, ont mis à jour à proximité du pressoir, un vaste complexe agricole-industriel samaritain. Avaient alors été découverts de grands espaces et salles pour la production de vin, d’huile et de farine. L’une des installations a été un moulin à âne pour moudre le blé, où une menora a été taillée, a précisé l’AAI dans son communiqué.
Rébellions et déclin
Les Samaritains qui disent descendre des tribus d’Ephraim et de Manassée et aussi de Lévi concernant la famille sacerdotale, étaient initialement installés près du mont Garizim, leur centre religieux (aux abords de l’actuelle ville de Naplouse en Cisjordanie). Bien qu’ils se considèrent comme une émanation du judaïsme, les Samaritains estiment que leur culte est la véritable religion des anciens Israélites d’avant la captivité babylonienne. Voyant leur population augmenter, ils se sont alors installés dans la plaine de Sharon. La communauté samaritaine a prospéré au cours des IIIème, IVème siècles et début du Vème siècle, conservant ses coutumes et traditions particulières. Avant que les Samaritains ne se révoltent plusieurs fois contre le pouvoir chrétien de l’empire byzantin en place. Pour tenter de conserver leur identité et refuser les conversions de force. Les insurrections ont été sévèrement réprimées (principalement en 529 et 555) et la population samaritaine s’est vue considérablement diminuée. C’est à cette même époque que l’ancienne synagogue samaritaine de Tzur Natan fut transformée en église.
Après les révoltes, la communauté samaritaine qui restait est retournée dans la région du mont Garizim. Une communauté samaritaine y vit toujours ainsi que dans la ville de Holon au sud de Tel Aviv.
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