Si Gaza explose, ce n’est pas parce que c’est un repaire de terroristes, mais parce que les conditions de vie dans ce territoire ne peuvent qu’engendrer terrorisme, révoltes, colère et haine.
En mars 2018, sous la pression de la société civile commence le mouvement dit “de la marche du retour”. Chaque vendredi des milliers de Palestiniens s’approchent de la frontière israélienne. Une variété de discours existe sur les motivations du mouvement, mais les conditions de vie à Gaza l’expliquent à elles seules. Le territoire de Gaza couvre une superficie de 365km2 (3 fois Paris), il possède 40km de côtes le long de la Méditerranée et 72km de frontières terrestres (59 avec Israël et 13 avec l’Égypte), fermées par des murs ou des barrières métalliques.
La population de la bande de Gaza compte 1,94 millions d’habitants répartis dans 5 districts (Gaza-Ville, Gaza-Nord, Deir al-Balah, Khan Yunis et Rafah). C’est l’une des densités de population les plus élevées au monde. En moyenne, on compte 5 479 habitants au km2. Ce nombre devrait atteindre 6 197 habitants au km2 d’ici 2020, car à la fin de la décennie il pourrait y avoir 2,2 millions d’habitants et 3,1 millions d’ici 2030. Tous Palestiniens, musulmans sunnites, excepté les quelque 1000 chrétiens qui y vivraient encore. La population est très jeune ; près des 2/3 ont moins de 25 ans : 44,1 % ont moins de 15 ans ; 21,34 % ont entre 15 et 25 ans.
Après l’élection démocratique du Hamas, trois conflits armés ont éclaté avec Israël ( en 2008, 2012 et 2014). Par la suite Israël a imposé un blocus naval, aérien et terrestre sur toute la bande. Il y a un seul point frontière au nord, le passage d’Erez, contrôlé par Israël. Celui du sud avec l’Égypte, Rafah, est fermé
depuis octobre 2014 (à l’exception de 72 jours d’ouverture partielle). Le poste-frontière Kerem Shalom est réservé au transit de marchandises. La zone maritime de pêche sous contrôle israélien est de 10km.
1,6 million de personnes ont besoin d’une aide humanitaire. La population est confrontée aujourd’hui à plusieurs urgences : santé, eau, nourriture, en lien les unes avec les autres en raison de la crise énergétique. Fin 2018, l’électricité disponible ne couvrait que 20 % des besoins. Le manque d’énergie a de graves répercussions sur toutes les installations de santé, sur les stations d’épuration des eaux et sur la transformation agricole. 68 % des familles vivent en situation d’insécurité alimentaire. Seulement 5 % de l’eau courante est potable.
Lire aussi >> Un dimanche à Gaza
Le Hamas a toujours été, bien que alternativement, en conflit avec l’Autorité palestinienne, dirigée par le Fatah en Cisjordanie. Depuis avril 2017, l’Autorité palestinienne a réduit les salaires des fonctionnaires et les fonds alloués à la fourniture d’électricité. Ces dernières années, le trafic de marchandises de contrebande en provenance du Sinaï a également considérablement diminué, puisque les tunnels dépassant la frontière égyptienne ont été détruits. Tous ces facteurs ont entraîné une détérioration continue de la situation socio-économique et aujourd’hui, environ 82 % de la population ne survit que grâce à l’aide internationale.
L’approvisionnement en énergie provient de deux sources qui, ensemble, ne couvrent pas les besoins. En décembre 2018, par exemple, 120 mégawatts ont été importés d’Israël et seulement 79 MW ont été produits par la seule centrale thermoélectrique de Gaza. Les 199 MW garantis au cours de ce mois représentent 14 h d’énergie par jour.
La marche du retour en 2018 a fait 254 morts palestiniens
(+ 2 israéliens), 23 603 blessés (+ 52 israéliens). Le bilan annuel le plus lourd depuis 2014 et la dernière “guerre de Gaza”.♦
Dernière mise à jour: 13/03/2024 12:37