Pour le pèlerin qui la découvre pour la première fois, la basilique du Saint-Sépulcre a une organisation spatiale particulièrement complexe.
Pour l’habitué des lieux, il subsiste aussi quelques curiosités. C’est le cas de la chapelle de Saint-Vartan dont l’accès, interdit au public, se fait à partir de la chapelle arménienne Saint-Grégoire l’illuminateur.
↖ Fouilles et découvertes
Si la chapelle Saint-Vartan est si peu connue, c’est parce que sa découverte est assez récente. En 1970, le patriarcat arménien se demanda si, au-delà des absides de la chapelle Saint-Grégoire l’illuminateur par laquelle on passe pour descendre à la chapelle latine de l’invention de la Croix (dite de Sainte-Hélène),
on trouverait quelque chose.
Des fouilles ont ainsi été réalisées en 1971 sous la direction de l’archimandrite Guregh Kapikian. On découvrit alors un espace de 9,8m sur 10,3m. Au-dessus du sol de la carrière, se trouvait un sol de terre battue mélangée à de la cendre, recouvert de terre cuite et de gravillons. Une grande quantité de poteries, datant pour la majorité de l’âge du Fer, fut également trouvée.
La grotte aurait été nettoyée à la fin de la période romaine. Aujourd’hui dans cet espace, inaccessible aux pèlerins et touristes, les arméniens ont aménagé un autel et l’on peut voir au plafond des restes de la carrière de pierre, au sud des portions des murs de soubassements du temple d’Hadrien datant du IIe siècle, tandis que les murs est et nord datent du IVe et appartiennent à la basilique constantinienne.
↗ Accolée à la chapelle de l’Invention de la Croix
Sur le mur sud de la chapelle, on peut voir une plaque sur laquelle est dessiné un bateau avec une inscription latine.
On distingue au-dessus, au second, plan un arrondi convexe en pierre qui correspond à celui, concave, visible dans la chapelle latine de l’Invention de la Croix. Le mur au premier plan sur lequel la plaque de pierre est conservée, a une épaisseur de 2,4m et une hauteur d’1,74m. Le mur est a probablement été construit pour supporter le plafond de la carrière sur lequel la façade de la basilique constantinienne fut érigée.
← La trace des premiers pèlerins
La plaque de pierre (31cm x 65cm) supporte un dessin à l’encre et une inscription. On peut y voir un voilier de type romain proue orientée vers la gauche. Les safrans sont posés à la droite du bateau et le mât et la voile semblent avoir été affalés. Juste en dessous est inscrit en latin Domine ivimus, que l’on peut traduire par Seigneur, nous sommes venus.
Elle pourrait faire allusion au Ps 121, In domum Domini ibimus, “Allons à la maison du Seigneur”. Les spécialistes estiment que ce pourrait être le plus ancien graffiti laissé par des chrétiens venus à Jérusalem et qui se seraient approchés au plus près du tombeau de Jésus, alors enseveli sous le temple d’Hadrien. L’utilisation du latin peut laisser supposer qu’ils venaient d’Occident.
↑ L’ancienne carrière
Dans l’épais mur constantinien nord de la chapelle Saint-Vartan, un passage a été aménagé par lequel on débouche sur des traces de la carrière qui précéda le cimetière. Ce mur massif avait pour rôle de soutenir l’église construite par l’empereur Constantin.
On peut voir la taille nette dans la roche d’où étaient extraits des blocs de pierre. Cette pierre, nommée meleke en arabe, que l’on peut traduire par « royale », est aussi appelée « pierre de Jérusalem ». Elle correspond à différentes variétés de calcaires de couleur lumineuse et plutôt claire que l’on retrouve dans les monts de Judée environnants Jérusalem.
Cet espace est contigu à la citerne copte dans laquelle on peut entrer au niveau de la 9e station du chemin de croix. C’est le percement d’une porte qui permit de le découvrir, provoquant une inondation ! La porte est rebouchée mais la présence d’eau au sol montre qu’il reste des infiltrations.
→ Réutilisation des colonnes
Le mur au premier plan était construit en pierres de chant et comprenait de nombreuses pierres de taille et tambours à colonnes datant de la période du Second Temple. N’apparaissant pas sur cette photographie, l’illustration du navire et l’inscription figurent juste sur la partie basse de ce mur. Visible en bas de la photo, le mur est fait de pierres de taille lisses. Elles pourraient provenir d’édifices détruits en 70, leur qualité incitait au réemploi dans les fondations d’autres édifices imposants. On distingue aussi le cylindre d’une ancienne colonne.
← La chapelle dans le Saint-Sépulcre
Nichée côté est du Saint-Sépulcre, la chapelle de Saint-Vartan est située un niveau plus bas que la chapelle arménienne de Saint-Grégoire l’illuminateur. Elle se trouve à la même hauteur que la chapelle du recouvrement de la Croix dont on discerne l’arrondi depuis la partie sud de la chapelle. Propriété de la communauté arménienne apostolique, elle n’est pas ouverte aux visites de pèlerins. Mais pour le visiteur chanceux qui ferait partie des rares privilégiés à s’y rendre, son accès se fait à gauche de l’autel arménien, en passant par une porte en fer forgé, puis à droite après avoir franchi l’espace comprenant la carrière de pierre.
Dernière mise à jour: 14/03/2024 11:09