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Vandalisme: les Eglises catholiques appellent à l’action

Christophe Lafontaine
15 mars 2019
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Des suspects accusés de s’en être pris à l’abbaye de la Dormition à Jérusalem, il y a environ trois ans, ont été acquittés. Le conseiller des chefs catholiques de Terre Sainte exhorte les autorités à ne rien lâcher.


Lors d’une vague de vandalisme anti-chrétien ces dernières années, l’abbaye de la Dormition à Jérusalem a été plusieurs fois visée. En janvier 2016, les murs de l’édifice avait été barbouillés de graffitis haineux en hébreu : « mort aux païens chrétiens, les ennemis d’Israël », « Que son nom (Jésus) et sa mémoire soient effacés », ou « les chrétiens en enfer ». Sur son site institutionnel, le Patriarcat latin avait souligné que ce n’était guère la première fois : « en mai 2014, -peu après le départ du pape François-, et février 2015, l’abbaye avait été visée par des incendies. En 2013 et 2012, des graffitis anti-chrétiens avaient, là aussi, été écrits sur les murs du bâtiment. »

Ce type d’actes a été généralement condamné par le gouvernement israélien, les médias et l’opinion publique israélienne. Et plusieurs fois, les Eglises chrétiennes de Terre Sainte ont demandé à l’Etat de faire davantage pour que les coupables responsables soient traduits en justice.

Or, dans un communiqué publié le 14 mars sur le site français du Patriarcat latin, le conseiller auprès des chefs des Eglises catholiques de Terre Sainte a dit en leur nom avoir « pris connaissance de la décision prononcée [lundi 11 mars] par un tribunal israélien d’acquitter des suspects juifs d’avoir attaqué, il y a environ trois ans, l’abbaye de la Dormition à Jérusalem, un important lieu saint et couvent chrétien. » Faute de preuves a rapporté la presse israélienne. Et au motif que certains aveux avaient été obtenus par le Shin Bet sous pression, et donc été invalidés. Parmi les deux suspects, le premier était mineur au moment des faits. Le second, Ynon Reuveni a depuis été condamné à cinq ans et demi de prison pour l’incendie, en juin 2015, de l’église de la Multiplication des pains et des poissons à Tabgha dans le nord d’Israël, dont les bénédictins allemands ont la garde comme c’est le cas pour la Dormition à Jérusalem.

La décision du tribunal israélien de lundi dernier a provoqué le désarroi des chefs des Eglises catholiques de Terre Sainte parce que restent toujours dans la nature les coupables. Que ce soient potentiellement les suspects qui viennent d’être acquittés ou d’autres qui ont échappé aux mailles des enquêteurs. Dans le communiqué le porte-parole des Chefs des Eglises catholiques de Terre Sainte, Wadie Abunassar, estime que trois ans après les faits « cette décision signifie que ceux qui attaquent l’abbaye de la Dormition n’ont pas été traduits en justice. Une telle réalité est inacceptable pour nous ! »

Avant d’exhorter « les autorités israéliennes à trouver ceux qui ont commis cette attaque et à les punir d’une manière qui dissuadera d’autres personnes de commettre des crimes similaires à l’avenir ! »

De l’éducation

Le Patriarcat latin comme les Eglises catholiques et chrétiennes de Terre Sainte n’en est pas à son premier communiqué. Le dernier date d’octobre 2018 au sujet d’actes de vandalisme perpétrés contre le monastère des Salésiens de Beit Gemal. Les représentants des Eglises catholiques de Terre Sainte avaient alors avoué qu’ils ne voyaient « presque aucun traitement par les autorités de l’Etat en matière de sécurité et / ou d’éducation face à ce phénomène dangereux » et avaient déjà appelé ouvertement l’Etat hébreu et « tous ses organes compétents » à « s’employer à punir les assaillants et à éduquer la population à ne pas commettre de telles infractions. » En janvier 2016, dans un communiqué, le Patriarcat avait condamné très fermement l’agression subie par la Dormition et avait rappelé que « le seul remède face à un tel acte est de contrôler l’éducation donnée dans les écoles (…) et de surveiller ceux qui incitent à l’intolérance envers les chrétiens. »

Les actes de vandalisme anti-chrétiens (graffitis, début d’incendie, profanation d’église et de cimetière), ces dix dernières années se sont multipliés. Ces actions portent généralement la marque du « prix à payer », appellation désignant des mouvements juifs ultra-nationalistes qui s’en prennent également régulièrement aux mosquées dans les territoires palestiniens occupés, mais également à des personnalités juives qui ne partagent pas leurs points de vue.

Ces dernières années, des dégâts ont été recensés chez les Salésiens de Beit Gemal, contre le monastère de Deir Rafat, contre l’église de Tabgha, le monastère de Latroun sans compter les sites d’autres confessions chrétiennes notamment chez les arméniens et orthodoxes du Mont Sion également attaqués ou menacés de la part d’une poignée dejuifs extrémistes qui souhaitent supprimer toute présence chrétienne dans le périmètre de la tombe de David, l’un de leurs lieux de pèlerinage.

 

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