Le 9 avril, les Israéliens voteront pour les législatives. Le Premier ministre sortant a déclaré prévoir l'annexion des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, en cas de victoire. Pour rallier plus de voix à droite.
En perspective des élections législatives du 9 avril, Benjamin Netanyahu a décidé de frapper fort, à trois jours des votes. Dans l’hypothèse d’une réélection, « j’appliquerai, a affirmé le Premier ministre de droite cité par l’AFP – la souveraineté (israélienne) sans faire de distinction entre les (plus grands) blocs de colonies et les colonies isolées. » En référence aux plus de 400 000 Israéliens vivant dans des colonies en Cisjordanie occupée et aux 200 000 autres qui habitent à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville sainte occupé et annexé par Israël, précise l’agence de presse française. L’annonce a été faite, le 6 avril, lors d’une interview télévisée sur la chaîne israélienne 12.
Pour l’agence de presse belge, Belga, Benjamin Netanyahu estime « qu’un retrait de cette région risquerait d’entraîner une « bande de Gaza en Judée-Samarie (ndlr : Cisjordanie). » Israël a quitté la bande de Gaza en 2005, après quoi le mouvement islamiste du Hamas a pris le contrôle sur l’enclave côtière palestinienne en 2007.
Face à cette déclaration de vouloir annexer les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, son principal challenger, Benny Gantz, la tête de liste de la coalition centriste « Bleu-Blanc » a estimé dans une interview au site d’information Ynet que cette annonce était « irresponsable ». Il s’est même demandé pourquoi Benjamin Netanyahu n’était pas passé à l’acte « pendant les 13 années durant lesquelles il était au pouvoir », si telle était son intention.
Les colonies installées sur les Territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967 sont illégales au regard du droit international et une grande partie de la communauté internationale voit en elles un obstacle majeur à la paix.
Leur annexion par Israël signifierait la fin la solution dite à deux Etats, c’est-à-dire la création d’un Etat palestinien qui coexisterait avec Israël.
Benjamin Netanyahu avait également affirmé le 5 avril dans un entretien à la chaîne israélienne de télévision 13 avoir dit au président américain, Donald Trump, qu’Israël refuserait, dans le cadre d’un futur plan de paix avec les Palestiniens, de faire partir « ne serait-ce qu’une personne » des colonies en Cisjordanie occupée.
Il ne suffit pas de gagner, il faut pouvoir former un gouvernement
Les électeurs israéliens sont appelés aux urnes afin d’élire les 120 députés de la Knesset, leur parlement monocaméral. Les derniers sondages autorisés avant les législatives annoncent des résultats serrés entre les listes du Likoud de Benjamin Netanyahu et de Benny Gantz, à la tête de la mouvance centriste Bleu-blanc.
Au lendemain du scrutin, il incombera au président d’Israël, en l’occurrence Reuven Rivlin de choisir, parmi les députés, celui qui (après consultation avec les partis élus) aura les meilleures chances de former une coalition. Le chef du parti vainqueur est généralement celui à qui il revient de former un gouvernement. Mais cela n’est pas obligatoire.
Il faut savoir que depuis la création de l’Etat d’Israël, aucun parti, n’a jamais réussi à obtenir seul les 61 sièges (sur 120) nécessaires à la constitution d’une majorité absolue à la Knesset. Les gouvernants sont donc soumis à des logiques de blocs politiques entre plusieurs partis. En gros, il ne s’agit pas d’abord d’arriver le premier (même si un tel résultat facilite grandement les choses) mais d’être capable de rassembler d’autres partis en un grand bloc.
Pour Benjamin Netanyahu, ses récentes promesses de campagne concernant l’annexion des colonies en Cisjordanie occupée est clairement orientée vers les électeurs de droite nationalistes. Sa stratégie pourrait être lue comme à double-détente.
D’abord, il convient de rappeler que le système des élections législatives en Israël fonctionne à la proportionnelle intégrale. Ce qui fait apparaître une pléthore de partis politiques. Or, un parti doit recueillir au moins 3,25 % des voix pour entrer à la Knesset, ce qui représente quatre sièges. Benjamin Netanyahu a tout intérêt à éviter la dispersion de voix de petits partis de droite (nationalistes, ultra-nationalistes voire extrêmes) qui sont contre la cession de terres aux Palestiniens et qui pourraient ne pas être représentés à la Knesset ne franchissant pas le seuil d’éligibilité. Ce qui reviendrait à autant de « voix perdues » potentiellement utiles au Likoud, dont Benjamin Netanyahu est le leader. Voilà pourquoi il donne un accent encore plus fort à sa campagne avec sa dernière déclaration concernant les colonies.
L’autre défi, outre le « vote utile » pour son parti, est pour le Premier ministre sortant d’obtenir la charge de former une coalition gouvernementale, une fois les urnes vidées. Même s’il n’arrivait pas en tête des élections, il pourrait déjà compter sur la force des partis de droite et des partis religieux mais grossir ses réserves d’alliés n’est pas superflu. D’où sa déclaration de samedi dernier pour attirer les petits partis de droite qui auront réussi à dépasser la barre des 3,25% de voix.
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