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La Sainte Couronne sauvée des flammes de ND de Paris

Christophe Lafontaine
16 avril 2019
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La Couronne d'épines dans le reliquaire circulaire en cristal de 1896 a pu être sauvée de l'incendie qui a ravagé la Cathédrale Notre-Dame de Paris © Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Lieutenance pour la France / Facebook

L’emblématique cathédrale Notre-Dame de Paris en France a été dévastée par un très violent incendie lundi 15 avril au soir. Parmi les reliques, la Couronne d'épines et la tunique de Saint Louis ont pu être sauvées.


Croyant ou pas croyant, c’est un terrible choc. Un grand jour de deuil pour les catholiques et les Français. « Notre-Dame de Paris en proie aux flammes. Émotion de toute une nation. Pensée pour tous les catholiques et pour tous les Français. Comme tous nos compatriotes, je suis triste ce soir de voir brûler cette part de nous », a écrit hier soir Emmanuel Macron, le président de la République Française sur Twitter. L’archevêque de Paris Mgr Aupetit, se désolant de voir « la charpente, la toiture et la flèche (…) consumés », avait de son côté appelé à sonner les cloches des églises de Paris.
Au deuxième jour de la Semaine Sainte, le lundi 15 avril 2019 avant 19 heures, un feu impressionnant et dramatique à l’origine inconnue (à l’heure où est écrit cet article) s’est propagé depuis les combles à une très grande vitesse détruisant les deux tiers de la toiture de la cathédrale. Inscrite au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1991, la cathédrale a été bâtie sur l’île de la Cité, au cœur de Paris. Son édification a commencé en 1163 et s’est achevée en grande partie en 1260 et parachevée en 1345. La cathédrale bénéficia de 1844 à 1864 d’une restauration importante et parfois controversée, sous la direction de l’architecte Viollet-le-Duc. La cathédrale qui n’avait jamais été touchée par un incendie d’une telle ampleur incarne depuis 850 ans l’histoire de Paris et de la France et accueillait chaque année 13 millions de visiteurs. Ce qui en faisait le bâtiment le plus visité en Europe.

La flèche (93 mètres de haut), l’un des éléments symboliques de l’édifice s’est effondrée sur la nef. D’après le site de la cathédrale, le coq, jonché au sommet de la flèche contenait trois reliques dont « une parcelle de la Sainte Couronne d’épines. » Elle est définitivement perdue.

Des reliques sous la garde de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre

Mais au micro de BFMTV, le recteur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Mgr Patrick Chauvet, a annoncé de manière sûre le sauvetage de la Couronne d’épines qu’a portée le Christ au moment de sa Passion. La relique « sans doute la plus précieuse et la plus vénérée des reliques conservées à Notre-Dame de Paris », peut-on lire sur le site de la cathédrale. La tunique en lin que Saint-Louis a revêtu quand il accueillit en France la Sainte Couronne a également échappée aux flammes. Mgr Chauvet a déclaré aussi sur la même chaîne que le trésor de Notre-Dame avait été sauvé, il comporte notamment comme autres reliques un morceau de la croix du Christ, un clou de sa Passion et la discipline de Saint Louis (chainette avec laquelle le roi se fustigeait par pénitence après s’être confessé).

« La vénération des instruments de la Passion du Christ est mentionnée dès le IVème siècle dans les récits des pèlerins s’étant rendus à Jérusalem », rappelle le site de la cathédrale. Entre les VIIème et Xème siècles, ces reliques iront à Constantinople dans la chapelle des empereurs byzantins. Puis, la Sainte Couronne sera ensuite confiée à saint Louis roi de France qui l’accepta de Baudouin II de Courtenay, empereur latin de Byzance. Le 19 août 1239, la relique arrive à Paris, le roi délaisse ses atours royaux, endosse une simple tunique (celle qui a été sauvée de l’incendie d’hier) et, pieds nus, porte la sainte relique jusqu’à Notre-Dame de Paris. Avant de faire édifier un reliquaire géant : la Sainte-Chapelle. « Durant la Révolution française, les reliques seront déposées à l’abbaye de Saint-Denis puis, dépourvues de leurs reliquaires, à la Bibliothèque nationale. Suite au Concordat de 1801, la Sainte Couronne est remise en 1804, avec quelques autres reliques, à l’archevêque de Paris qui les affecte au trésor de la Cathédrale le 10 août 1806 », rapporte le site de la cathédrale.

La Sainte Couronne se compose d’un « cercle de joncs réunis en faisceaux et retenus par des fils d’or, d’un diamètre de 21 centimètres, sur lequel se trouvaient les épines », selon le site de la cathédrale.

On en compte aujourd’hui 70. Le morceau du bois de la Croix, confié à la cathédrale Notre-Dame en 1805, est conservé dans un écrin de cristal, ce fragment est d’une longueur de 24 cm. Le Clou trouve ses origines dans le trésor du Saint-Sépulcre. Le Patriarche de Jérusalem le remit, avec d’autres reliques de la Passion, à l’empereur Charlemagne en 799. Après de nombreuses vicissitudes, il fut remis en 1824 à l’archevêque de Paris. D’une longueur de 9 cm, il est conservé dans un reliquaire en forme de clou, simple tube de cristal orné d’une tête et d’une pointe en argent doré.

« Ces reliques sont confiées aux chanoines du Chapitre de la Basilique métropolitaine chargés de leur vénération, et placées sous la garde statutaire des Chevaliers du Saint-Sépulcre de Jérusalem », précise le site de la cathédrale. Tous les premiers vendredis du mois et les vendredis de carême, les Saintes Reliques sont exposées à la vénération et à l’adoration des fidèles. La Sainte Couronne devait être montrée aux fidèles ce Vendredi Saint, jour qui marque la mort du Christ.

La solidarité des Eglises catholiques de Terre Sainte

Sur son compte Facebook Wadie Abunassar, conseiller auprès des Eglises catholiques de Terre Sainte, a voulu exprimer leur « solidarité avec l’Eglise de France » et leurs « prières ».

Le Directeur par intérim de la salle de presse du Vatican a réagi sur Twitter : « Nous exprimons notre proximité avec les catholiques français et avec la population parisienne. »

« Nous rebâtirons Notre-Dame » de Paris, a promis le président français après l’incendie. « Je suis certain qu’on arrivera à lui rendre sa splendeur initiale », a affirmé sur France Info celui qui vient d’être élu futur président de la conférence des évêques de France. Et Mgr de Moulin-Beaufort de préciser que « toutes les cathédrales se relèvent ».

Les mots forts du grand rabbin de France

Sur France Info également, le grand rabbin de France a dit croire à la reconstruction de l’édifice. « J‘espère, a-t-il affirmé, qu’il redeviendra ce qu’Isaïe appelle un lieu de prière pour tous les peuples ». Haïm Korsia a aussi dit que « Pâques pour les chrétiens, c’est la mort et la résurrection. Je crois qu’il faut qu’on sache qu’il y aura la résurrection de ce bâtiment qu’on voit brûler. » Et encore : « J’ai eu l’honneur de faire des cérémonies dans cette cathédrale. » Et de souligner que c’est un lieu où « on prie avec fraternité, un lieu où chacun sentait que vibrait le peuple de France. C’est un grand lieu de dialogue interreligieux. » Il a également adressé « des mots d’espérance, parce que je souffre comme tous les Français, avec nos frères catholiques. C’est une part de notre patrimoine qui est détruit. »

Dalil Boubakeur, le Recteur de la Mosquée de Paris a quant à lui réagi sur Twitter : « Devant le spectacle terriblement affligeant de l’incendie de Notre-Dame, cathédrale de Paris consubstantielle de la France, nous prions Dieu de sauvegarder ce monument si précieux à nos cœurs ».

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