La dernière fois que j’ai écrit, ici, sentir que se jouait en France quelque chose que je manquais, c’était en 2010 avec la sortie du film Des Hommes et des Dieux, sur l’assassinat des moines de Tibhirine en Algérie.
Le 15 avril 2019, l’incendie de Notre-Dame me rappela à mon appartenance nationale, à la France. Son histoire, sa culture, ses sciences, ses lois sont miennes. Notre-Dame est mon patrimoine culturel et religieux. A vrai dire, ce que je préfère à Notre-Dame ce sont les vitraux, parce que je préfère la sobriété du roman à l’art gothique, encore que je puisse admirer le génie ouvrier pour arriver à un tel résultat.
Il est communément admis que la “Forêt de Notre-Dame”, la charpente de la cathédrale, date de 1220. Elle était donc contemporaine du voyage de François d’Assise en Orient.
J’y ai pensé le soir même, comme j’ai pensé à l’Église dont la barque est violemment secouée. Fluctuat nec mergitur. Elle est battue par les flots, mais ne sombre pas. Et vous savez quoi ? Je n’en ai tiré aucune conclusion parce que j’étais sonnée. K.O. debout. Sidérée, atterrée, hébétée, bouleversée, stupéfaite, incrédule, épouvantée. Triste.
Il y eut un soir et il y eut un matin. Tout n’était pas perdu, les petits “miracles” se multipliaient, la solidarité nationale et internationale. Des gens de toute la région proche-orientale se sont montrés aux petits soins pour moi comme si j’avais moi-même besoin de convalescence.
Les autorités israéliennes et palestiniennes ont eu un mot gentil. Diplomatie oblige probablement. Beaucoup de franco-israéliens ont également exprimé leur stupeur.
Et puis il y a ce geste de la municipalité de Jérusalem qui s’est souvenu que ce que tout le monde connaît de nos jours sous le nom de Notre-Dame Center est sorti de terre en 1888 sous le vocable de Notre-Dame de France. Il est peu probable que la personne en charge de l’illumination se soit référée au décret de l’Assemblée Nationale du 24 octobre 1790 qui annonçait un drapeau rouge blanc bleu pour le projeter ainsi sur la façade. Mais bon, on va dire que c’est l’intention qui compte.
Depuis la France et les Français sont retournés à ce qu’ils semblent tant aimer : s’opposer.
Et je me dis que Notre-Dame, la vraie, la seule, celle qui veille sur nous, patronne principale de la France, doit avoir le cœur triste. Elle a cru un temps avoir réuni sous son manteau ses enfants dispersés… C’est dur de voir de loin son pays s’enferrer dans la désespérance.
“Sous ta miséricorde nous cherchons refuge, Sainte Mère de Dieu, de tous les dangers délivres-nous toujours, ô seule pure, seule bénie.”♦
Dernière mise à jour: 26/03/2024 15:09