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Jérusalem : la France rouvre au public le Tombeau des rois

Christophe Lafontaine
26 juin 2019
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Vue sur l'entrée du Tombeaux des rois à Jérusalem ©MAB/Terre Sainte Magazine

Le 27 juin 2019, la France va rouvrir le Tombeau des rois à Jérusalem-Est. Un engagement pris « de longue date » après de lourds travaux et une fermeture d’une dizaine d’années. Les tombes resteront fermées au public.


C’est officiel. « Le domaine national français du Tombeau des rois sera accessible au public les mardis et jeudis matin, sur réservation en ligne uniquement. Les premières visites auront lieu jeudi 27 juin. » C’est l’annonce qu’a faite sur son site Internet le Consulat général de France à Jérusalem, le 24 juin 2019.

En rouvrant ce site archéologique deux fois millénaire et fermé depuis 2010, la France met en œuvre une « décision prise de longue date », a indiqué – rapporte l’AFP – une porte-parole du Consulat général. La réouverture constituait « l’objectif de travaux très importants (destinés à) sécuriser le site pour le public », a-t-elle affirmé. Les travaux en question (étanchéité, mise en sécurité, etc.), commencés en 2009 ont coûté près d’un million d’euros.

Le Tombeau des rois, l’un des plus grands complexes funéraires de l’époque romaine dans la région, se trouve dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est. Depuis 1886, le site qui a été donné à la France par la famille Pereire (selon la loi ottomane en vigueur, il fut en fait remis directement au consul de France), est administré et entretenu par le Consulat de France à Jérusalem. Son nom fait référence aux premiers rois de Juda suite à une erreur historique. En réalité, les archéologues s’accordent à dire qu’il abrite une trentaine de tombes juives dont le tombeau de la reine Hélène d’Adiabène dont le royaume était situé en Mésopotamie dans – peu ou prou – l’actuel Kurdistan. Son sarcophage se trouve au Louvre à Paris (France). Cette souveraine s’était convertie au judaïsme au Ier siècle après J.-C., et fit édifier au nord de la vieille ville de Jérusalem un mausolée familial « extrêmement élaboré » d’après la description qu’en fait le site du Consulat. Le Talmud loue la reine Hélène pour sa piété rigoureuse et sa grande générosité vis-à-vis des juifs de Judée et de Galilée qui lui vouèrent une profonde admiration. Il y aurait aussi, selon la tradition juive mais sans preuve, les tombes de Kalba Savoua et Nakdimon Ben Gourion, deux très riches habitants de Jérusalem du Ier siècle ap. J.-C. qui furent de saintes figures du judaïsme antique. (Retrouvez l’article publié par Terre Sainte Magazine dans son numéro de septembre octobre 2013)

Réservations et précautions

Le site sera ouvert les mardis et jeudis de 9h à 12h, chaque semaine. Il faut passer via « Eventer », une plateforme de réservation israélienne en ligne pour choisir un créneau de visite. Chacune durant trois-quarts d’heure et étant limitée à 15 personnes. L’entrée est de 10 shekels (2,44 euros) par personne et gratuite pour les moins de 12 ans. Une liste de précautions est indiquée sur la page de commande des billets. « Le Tombeau des rois est un site funéraire. Les visiteurs doivent être convenablement vêtus et respecter les lieux. » Les photos et les vidéos sont autorisées et les animaux sont exclus. En outre, « pour des raisons de sécurité et de préservation du patrimoine historique, les tombes sont elles-mêmes fermées au public. » A noter qu’il n’y a plus aucun sarcophage dans les alcôves prévues autrefois pour les recevoir. Il est par ailleurs interdit de toucher ou de déplacer des pierres anciennes sur le site. Il est aussi précisé que le site est jonché de marches et d’escaliers et que le sol est accidenté. « Le Consulat général de France à Jérusalem ne sera pas tenu responsable des chutes ou des blessures en cas d’accident », prévient le site de réservation.

Une réouverture après des tensions

Le domaine devait initialement rouvrir en septembre 2018 à la fin des travaux assumés par la France. Cela n’a pas été le cas. Ce qui a valu des manifestations de juifs ultra-orthodoxes qui, vénérant l’endroit comme un lieu saint, réclamaient devant le portail de pouvoir prier à l’intérieur de l’enceinte du Tombeau des rois.

Comme la presse l’avait relayé, si la France gardait son portail de métal noir fermé avec à son chef un panneau « République française – Tombeau des rois » et non loin un drapeau français hissé sur le mur d’enceinte, c’est parce qu’elle envisageait la réouverture du site sous condition. Haaretz, en décembre expliquait que le Consulat voulait : « premièrement, qu’Israël reconnaisse officiellement la propriété française du site et deuxièmement, que la France soit assurée qu’aucun nouveau procès ne soit intenté contre elle. » Comme ce fut le cas en 2015 via un tribunal rabbinique. Il n’y eut pas de suite car la France avait refusé de se soumettre à une instance juridique religieuse, conformément à la Convention de Vienne – 1961). Dernièrement encore, dans une action en justice du 16 mai, une association cultuelle juive a réclamé à la France la propriété du Tombeau des rois.

Aussi, selon Haaretz, le consulat général de France à Jérusalem redoutait-il que le Tombeau des rois une fois accessible au public, subisse « le même sort » que de nombreux autres sites historiques de la ville qui sont passés des domaines archéologiques et touristiques à des sites purement religieux.

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