Les travaux vont reprendre autour du tombeau de Jésus
Lors d’une conférence de presse les trois chefs des Églises,
gardiennes du Saint-Sépulcre, ont signé fin mai, l’accord qui ouvre la voie à une nouvelle phase de travaux autour du tombeau du Christ.
Fin mai les chefs des Églises, le patriarche grec-orthodoxe Théophilos III, le custode de Terre Sainte Francesco Patton et le patriarche arménien Nourhan Manoughian ont fait sensation en signant devant quelques rares journalistes un nouvel accord historique. Les trois Églises majeures, deux ans après la fin des travaux de restauration sur le tombeau de Jésus, se sont entendues pour envisager ensemble une nouvelle phase de restauration et réhabilitation “avec grande joie et satisfaction” d’après les termes de leur communiqué.
En effet, la restauration de l’édicule, ouvrage d’envergure mené de mai 2016 à mars 2017, avait fait apparaître que, malgré le travail entrepris, l’édicule, écrin des restes de la grotte funéraire taillée dans le roc dans laquelle avait été déposé le corps de Jésus descendu de la Croix, était toujours en danger. En cause : l’humidité du sol de la basilique qui ronge ses fondations.
La deuxième campagne de restauration dès lors envisagée, et qui donne lieu à ce nouvel accord, consistera à déposer tout le pavement de la basilique pour éliminer les sources d’humidité, puis le refaire permettant ainsi de le régulariser. “Quiconque a marché dans le Saint-Sépulcre comprend ce dont il est question”, souriait le custode lors de la conférence de presse.
Avec ce nouvel accord, les trois Églises en charge confient la responsabilité d’études de faisabilité à deux universitaires italiens et une institution scientifique. Elles devraient procéder en automne aux recherches qui détermineront les types de travaux à conduire, leur durée et en estimer les coûts. Cette étude pourrait prendre un an. Les travaux commenceraient dans la foulée sous la direction des deux mêmes spécialistes italiens avec le support des équipes techniques des trois Églises.
Alors que le frère Francesco Patton soulignait que la fréquentation de la basilique avait doublé depuis la restauration de l’édicule ! le patriarche Théophilos estimait que pour autant les travaux devraient être moins contraignants. “Une des difficultés de la restauration de l’édicule était bien que l’on devait veiller à maintenir tous les offices religieux.”
Une opération complexe
Le patriarche Nourhan Manoughian confiait un mot d’esprit arménien : “Quand un contrat est signé, c’est déjà la moitié du travail de fait.” Pourtant la seconde moitié pourrait se révéler longue et complexe.
En effet, l’actuel pavement de pierres roses repose sur une structure métallique attaquée par la rouille. Ce dallage
recouvre un réseau de canalisations datant pour les unes du Mandat britannique, pour les autres de l’Empire ottoman ; et toutes nécessitent d’être changées.
Mais il recouvre aussi et surtout des trésors archéologiques comme l’avaient dévoilé les sondages réalisés par le père Virgilio Corbo ofm dans les années 1960. Ce sont des restes de la basilique érigée par l’empereur Constantin à partir de 324, mais aussi des fondations du temple d’Hadrien de 135, ainsi qu’un tunnel taillé dans le roc destiné à drainer l’eau qui tombait dans la basilique quand, à l’époque constantinienne et jusqu’à la moitié du XIXe siècle, le dôme était percé d’un oculus ouvert aux intempéries.
Si le père Corbo a documenté tout ce à quoi il a eu accès il y a 60 ans, certains endroits dans les abords immédiats de l’édicule et vers l’ouest, en direction de la chapelle syriaque, pourraient donner de nouvelles informations sur les réseaux des tombes qui constituaient le cimetière à l’époque de Jésus.
Puisque c’est tout le pavement qui devrait être refait, son soulèvement à l’entrée de la basilique pourrait nous en apprendre plus sur les tombes des chevaliers croisés enterrés à cet endroit. La connaissance du lieu pourrait donc s’enrichir encore et se détailler.
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Il est certain que toutes ces poches souterraines sont autant de lieux où s’accumule l’humidité de condensation due à la fréquentation du site, celle consécutive aux fuites des canalisations existantes et celle résultant du ruissellement des eaux de pluies. Les équipes en charge des travaux devront déployer des trésors d’ingéniosité pour résoudre les problèmes techniques sans attenter aux vestiges historiques.
Quant au financement, les chefs des Églises ont annoncé la création d’un compte bancaire commun qu’elles viendront abonder des dons qu’elles espèrent voir faire les chrétiens lors de campagne de collectes de fonds qu’elles mèneront chacune.
Déjà le Saint-Siège en 2017 indiquait avoir provisionné une somme d’un demi-million d’euros pour cette seconde phase de travaux. Le 6 mai dernier, le patriarche Théophilos indiquait que le roi Abdallah II de Jordanie consacrait une partie du montant reçu au titre du prix Templeton pour le Saint-Sépulcre à Jérusalem. Il précisait ce jour que cette somme pourrait être de 125 000 euros. La première phase de travaux sur le tombeau de Jésus s’était élevée à 4,5 millions d’euros. “Il nous revient à nous (chefs des Églises), indiquait le patriarche Théophilos, de maintenir et conserver le caractère chrétien de Jérusalem. Mission qui n’est pas seulement religieuse, mais aussi diplomatique et j’oserais dire politique. L’accomplissement de ces travaux est destiné à parachever les efforts engagés depuis des années par les Églises pour restaurer la basilique et lui permettre ainsi de retrouver sa splendeur”, concluait le patriarche grec-orthodoxe.♦
Dernière mise à jour: 02/04/2024 12:29