Il y a quelques mois, j’ai été nommé membre de la Commission de l’Ordre des frères mineurs pour le dialogue interreligieux et œcuménique ; à ma grande surprise, je me suis ainsi retrouvé à faire partie d’un groupe extraordinaire de personnes. Chaque année, la Commission se réunit pour se tenir informée des étapes franchies, des expériences vécues et pour planifier l’avenir. Cette fois-ci, la réunion a eu lieu à Istanbul (Turquie), au sein de la fraternité des frères mineurs, un projet de l’Ordre qui prévoit la présence stable d’une communauté internationale dédiée au dialogue et à l’accueil. Ces jours furent intenses et très beaux, riches en émotions et découvertes, ce fut une semaine vraiment particulière. Istanbul est une ville mystérieuse et complexe ; à ceux qui me demandent si je l’aime bien, je ne sais que répondre, je n’ai pas encore bien compris son identité… et il me semble qu’elle n’en a pas qu’une seule. L’ancienne Constantinople m’a tout à la fois fasciné et laissé perplexe.
La Commission est composée essentiellement de frères mineurs de différents pays (Singapour, Inde, Bosnie, Togo, États-Unis et Terre Sainte) ; elle compte également comme membres un frère du Tiers-Ordre, un journaliste et un réalisateur italien. J’ai été ému en écoutant leurs témoignages et en découvrant les nombreuses activités qu’ils mènent afin de promouvoir le dialogue interreligieux dans leurs pays. Pour eux aussi, c’était une grande nouveauté d’entendre de ma bouche les différentes occasions que nous avons en Terre Sainte, et en particulier à Jérusalem, de nous réunir avec le monde juif et beaucoup d’Israéliens qui, de plus en plus nombreux, désirent connaître le christianisme et les chrétiens. Les journées étaient organisées autour d’échanges avec la présentation des différentes activités ayant eu lieu tout au long de l’année dans les différents pays où œuvrent les membres de la Commission. Il y a eu aussi des visites dans Istanbul et des rencontres importantes.
Une notamment avec le patriarche Bartholomée Ier qui nous a accueillis chez lui, jusque dans son bureau privé, nous décrivant son quotidien et faisant de cette rencontre un moment fraternel et familial. Une soirée dans la cathédrale a été consacrée à la découverte de l’Église catholique locale, couplée à la visite chez l’évêque franciscain Mgr Ruben Tierrablanca Gonzales. Un après-midi a été dédié à la mosquée de Soliman, l’une des plus importantes de la ville : après un témoignage et une rencontre avec une jeune étudiante musulmane qui a présenté les fondements de l’islam, celle-ci a guidé la visite du quartier et de la mosquée. Pour la première fois, j’ai pu assister à la prière dans une mosquée ; à Jérusalem, c’est presque impossible pour un non-musulman d’entrer dans un lieu de culte pendant une prière ; cela a été l’expérience la plus forte et la plus importante que j’ai vécue à Istanbul.
Pendant les réunions a jailli un fort désir d’élargir et de renforcer la diffusion des expériences de dialogue qui ont lieu dans le monde entier, et qui restent souvent inconnues. Non pour en faire de la publicité, mais parce que les nombreux chrétiens liés à la famille franciscaine savent qu’il est possible de dialoguer, de mener à bien des projets avec d’autres fidèles, et qu’il est avant tout nécessaire d’abattre les murs de méfiance et de préjugés envers ceux qui sont différents ; des murs encore bien trop nombreux !♦
Dernière mise à jour: 02/04/2024 12:33