La coupure de courant arrive sans prévenir, juste après le coucher du soleil. Nous sommes dans un local jouxtant le sanctuaire Saint-Ananie à Damas, le lieu où Paul de Tarse devint chrétien. Dans la pénombre que quelques petites ampoules ne suffisent pas à éclairer, un jeune homme maigre s’avance, les cheveux noir corbeau, il n’a pas beaucoup plus de 30 ans.
Nous l’appellerons Saul, en l’honneur du lieu. Mais c’est évidemment un nom de couverture. La raison est simple : Saul est catéchumène converti de l’islam au christianisme. “Selon l’islam je suis un apostat. Je devrais donc être tué”, nous explique-t-il sans détour.
L’histoire de Saul est de celles que l’Esprit saint écrit dans les vies des hommes. “Pendant mes années d’université, raconte-t-il, j’ai perdu la foi et suis devenu athée. J’ai vécu pendant des années avec un grand vide et j’ai compris que l’athéisme m’anéantissait. Je possédais le désir extrêmement fort de donner un sens à ce que je vivais. Cette pensée ne me quittait pas et elle s’imposait fortement dans ma vie…”
“Ce désir de connaître Dieu, poursuit-il, m’a poussé à chercher une réponse sur Internet… Je suis tombé sur des pages qui parlaient de Jésus. Je dévorais tout ce que je lisais à propos de la foi chrétienne. Et puis j’ai senti le besoin de rencontrer quelqu’un qui puisse m’aider à mieux connaître le Dieu chrétien et la figure de Jésus Christ.” Et puisque la Providence guide les pas des hommes, Saul un jour, apparemment par hasard, entra dans une église, parmi les nombreuses de la vieille ville de Damas. Il y trouva un frère, le père Bahjat, le curé de Bab Touma et lui raconta son histoire.
“Grâce à lui j’ai entamé le chemin du catéchuménat, et je cherche aujourd’hui à comprendre aussi l’expérience que j’ai vécue. Je la considère comme une sorte d’appel auquel je devais donner une réponse”.
Nous interrogeons Saul sur ce qu’il a découvert dans le christianisme qu’il ne trouvait pas dans sa foi d’origine. “Dans l’islam, il manque l’Esprit, répond-il sans hésiter. C’est une religion pleine de principes à suivre, mais il manque le souffle de l’Esprit. Le christianisme n’est pas une religion, je l’appellerais plutôt “souffle de vie”. Il y a une loi morale, certes… mais c’est surtout Jésus qui vit avec toi. La relation avec Dieu est une relation d’amour qui te libère, ce n’est pas la relation d’un maître à son esclave.”
Dans les prochains mois Saul achèvera sa formation en vue du baptême. En attendant, il va tous les jours à la messe, discrètement et observant du coin de l’œil ce qui s’y passe.
“Ma famille ? Elle a accepté mon choix à contrecœur, mais les souffrances sont nombreuses parce que, quoi qu’il arrive, je reste un traître. Aujourd’hui cependant, au moins à Damas, les gens sont un peu plus tolérants. La tragédie de la guerre a peut-être aidé à une certaine ouverture d’esprit.” ♦
Dernière mise à jour: 02/04/2024 13:36