Hier, mercredi au soir, l’armée libanaise a annoncé avoir visé deux drones israéliens qui survolaient une région du sud du pays du cèdre. Un épisode inédit depuis le conflit israélo-libanais de 2006 qui avait fait 1 200 morts côté libanais et 160 côté israélien. Rappelons que le Liban et son voisin Israël sont toujours techniquement en état de guerre.
Les tirs de l’armée mercredi sont intervenus quatre jours après que les autorités libanaises ont déclaré qu’une attaque de deux drones israéliens – causant des dommages matériels – avait eu lieu dimanche à l’aube dans la banlieue sud de Beyrouth, un fief du groupe chiite Hezbollah, acteur politique majeur au Liban et allié de l’Iran. Pour mémoire le Hezbollah est considéré par Israël et les Etats-Unis comme une « organisation terroriste » et Israël voit le Hezbollah comme l’un de ses principaux adversaires régionaux.
Face à l’agression des drones, Michel Aoun, le président du Liban a parlé d’une « déclaration de guerre qui nous permet de faire usage de notre droit de défendre notre souveraineté », a indiqué lundi la présidence libanaise, citant dans un tweet le chef de l’Etat.
Mardi, le Patriarche des maronites a également dénoncé ces attaques, a fait savoir Fides. D’après un communiqué qu’elle relaye, l’agence de presse rapporte que le cardinal condamne « les violations répétées de la part d’Israël de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies d’août 2006. » Cette résolution visait à résoudre le conflit israélo-libanais connu aussi sous le nom de « guerre des Trente-trois jours ». Le texte stipulait entre autres le retrait des forces armées israéliennes du Sud du Liban, l’arrêt des attaques des milices du Hezbollah à l’encontre de l’armée israélienne et la fin de toute opération militaire dans les zones frontalières.
Le patriarche des maronites invite également à la mise œuvre d’« une stratégie de défense nationale » et ce de manière urgente pour faire face à ce type d’attaque, invitant la communauté internationale à faire pression sur l’Etat d’Israël pour qu’il respecte « les résolutions internationales et en particulier la résolution n°1701 qu’il viole régulièrement » mais aussi à « renforcer le soutien politique, économique et militaire au Liban pour l’aider à surmonter ses difficultés. »
Menaces de représailles de la part du Hezbollah
De son côté, Hassan Nasrallah, le chef de l’organisation chiite Hezbollah, a menacé Israël de riposter. « Chaque fois que les drones israéliens entreront dans l’espace aérien du Liban, nous chercherons à les abattre », a-t-il déclaré. En réponse, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, à quelques semaines de nouvelles élections législatives fixées au 17 septembre pour lesquelles les derniers développements régionaux pourraient avoir des conséquences sur les intentions de vote, a averti Hassan Nasrallah et l’Etat libanais : « Prenez garde à ce que vous dites et surtout à ce que vous faites. » Le Times of Israel rapporte jeudi que « les soldats du nord d’Israël sont en état d’alerte cette semaine de crainte d’une attaque en représailles du Hezbollah. »
Tensions régionales exacerbées
Ces incidents interviennent dans un climat régional tendu. Samedi dernier, quelques heures avant l’attaque de dimanche, l’aviation militaire israélienne s’est livrée à une incursion sur Aqraba, en Syrie, au sud-est de Damas. Selon des sources israéliennes, rapporte Fides, le raid aérien avait pour objectif « des unités opérationnelles de gardiens de la révolution iraniens et des milices chiites qui, ces derniers jours, préparaient des attaques avancées sur des sites israéliens depuis la Syrie » au travers de l’usage de « drones tueurs ». L’opération israélienne en Syrie a causé la mort de deux combattants du mouvement chiite libanais Hezbollah et d’un Iranien. Il faut savoir que le Hezbollah soutient militairement le président syrien Bachar al-Assad, lui-même soutenu par l’Iran. Or, Israël refuse que l’Iran s’installe militairement en Syrie de manière durable.
L’Onu a appelé lundi les parties concernées à « une retenue maximale ». La chargée d’affaire de l’Ambassade de France au Liban Salina Grenet-Catalano a redit via twitter « l’attachement de la France à la stabilité de la région et au respect des résolutions de l’Onu » et a, elle-aussi, appelé « à éviter toute escalade. »