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Israël : Netanyahu chargé de former le prochain gouvernement

Christophe Lafontaine
26 septembre 2019
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Le 25 septembre 2019, le président israélien ReuvenRivlin présente au Premier ministre Benjamin Netanyahu le mandat de former un nouveau gouvernement après l'annonce des résultats des élections législatives du 17 septembre 2019 © YonatanSindel / Flash90

Le Président israélien a demandé le 25 septembre 2019 au Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu de composer un gouvernement de coalition. Son rival Benny Gantz ne veut pas y participer et attend son tour.


Pour former le prochain gouvernement de coalition, « celui qui a le plus de chances, c’est Netanyahu. » C’est ce qu’a déclaré le Président d’Israël, hier, lors d’une conférence de presse, après un peu plus de trois jours de consultations et de réflexion. « J’accepte la mission. Je le fais en sachant que je n’ai pas une meilleure chance de former un gouvernement, mais une moindre incapacité que M. Gantz », a déclaré Benjamin Netanyahu.

Arrivés quasi exaequo aux législatives du 17 septembre dernier, le Likoud (droite) de Benjamin Netanyahu dispose de 32 sièges contre 33 pour son rival Benny Gantz de Bleu et Blanc (centre). Bien que battu dans les urnes, c’est le Premier ministre sortant qui jouit pour l’instant d’un léger avantage dans la perspective d’une coalition, grâce au jeu des alliances avec des partis de droite nationaliste et des partis religieux. Il peut compter sur 55 députés sur les 120 élus au Parlement israélien, la Knesset. Son challenger du parti centriste Bleu et Blanc, Benny Gantz, avec le ralliement des partis de gauche et majoritairement arabes (il s’agit de la première fois depuis 1992 que des partis majoritairement arabes soutiennent un candidat au poste de Premier ministre en Israël), n’en a, quant à lui, que 54. Mais, le président ReuvenRivlin a souligné que « 10 sur les 54 ont annoncé qu’ils ne siégeraient pas au gouvernement. » En effet, 10 députés de la Liste arabe unie, devenue la troisième force politique en Israël à l’issue des élections, ont déclaré avoir soutenu auprès du Président israélien la candidature de Benny Gantz pour le poste de Premier ministre « sans toutefois s’engager à participer dans le prochain gouvernement », a précisé l’AFP.

La mission qui incombe désormais à Benjamin Netanyahu – qui n’est pas le nouveau Premier ministre mais le Premier ministre sortant qui a donc été chargé de former un nouveau gouvernement – est de rallier 61 députés pour atteindre le seuil de la majorité à la Knesset. Il a maintenant 28 jours pour rechercher les six sièges nécessaires à une majorité parlementaire, avec une possible rallonge de 14 jours. Le calendrier n’est cependant pas optimal, Israël entrant dès ce week-end dans une période de fêtes religieuses (Roch Hachana, Yom Kippour et Souccot) qui vont sans doute percuter le rythme des négociations avec les différents partis. De plus, l’ancien ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, avec ses huit sièges remportés par YisraelBeitenu, refuse toujours de faire partie d’une coalition avec les ultra-orthodoxes, alliés à Benjamin Netanyahu… ce qui ne va pas faciliter le jeu de l’actuel Premier ministre. Sans compter l’impact possible sur les négociations du calendrier judiciaire le concernant. Dans le collimateur de la justice, Benjamin Netanyahu doit en effet être auditionné dès le 2 octobre pour des soupçons de corruption, fraude et abus de confiance dans des affaires de dons reçus de la part de milliardaires, d’échanges de bons procédés avec des patrons d’entreprises, et de tentatives de collusion avec la presse.

Malgré tout, Benjamin Netanyahu a déclaré qu’il ferait« tout ce qui est en [son] pouvoir pour former un gouvernement d’union avec une direction conjointe ». Détenteur du record de longévité au poste de Premier ministre dans l’histoire d’Israël, avec 13 ans au total, il a demandé à Benny Gantz de le rejoindre dans ce futur gouvernement évoquant un « leadership conjoint, un gouvernement paritaire ».En vain.  « Le parti Bleu et Blanc que je dirige n’acceptera pas de siéger dans un gouvernement dans lequel son chef est sous le coup d’un grave acte d’accusation », a répondu l’ancien chef d’état-major dans un message publié sur sa page Facebook. « Benny Gantz n’a pas fermé la porte à un rapprochement avec le Likoud de Netanyahu, mais seulement à un gouvernement dirigé par ce dernier, au pouvoir depuis dix ans sans interruption », a toutefois souligné l’AFP.

Dans ce scénario, Benny Gantz n’est-il pas celui qui a le plus de chance ?

A l’issue des élections du 9 avril dernier desquelles aucun vainqueur n’était – déjà ! -sorti clairement dans le duel Gantz/Netanyahou, le président Rivlin avait mandaté ce dernier de former un gouvernement. Dans l’impossibilité mathématique et politique d’y parvenir, Benjamin Netanyahu avait alors préféré dissoudre la Knesset et rappeler – dans l’espoir de réunir une coalition – les Israéliens aux urnes quelques mois plus tard pour le17 septembre, plutôt que de permettre au Président de confier le mandat de former un gouvernement à Benny Gantz.

Cette fois-ci, le chef de l’Etat s’est enquis, rapporte le Times of Israel, de se voir remettre le mandat confié à Benjamin Netanyahu en cas d’échec afin d’éviter à nouveau la dissolution de la Knesset. De ce fait, Benny Gantz hériterait – en second – de la responsabilité de former un gouvernement de coalition.

C’est d’ailleurs sur ce point que l’ancien général compte capitaliser pour forcer sa chance.

Selon une information du Times of Israel, « le chef de la Liste arabe unie, Ayman Odeh, a semblé confirmer hier que le fait que seuls 10 députés sur 13 avaient recommandé Benny Gantz comme Premier ministre, s’inscrivait dans une démarche stratégique requise par Benny Gantz, et destinée à s’assurer que le chef de Bleu et Blanc soit le deuxième à être chargé de former un gouvernement, après Benjamin Netanyahu». En clair, il voudrait que Benjamin Netanyahu essuie les plâtres avant lui, misant ainsi sur le fait que les partis redoutant une troisième élection apparaîtront plus souples dans leurs discussions avec lui.

Si cette stratégie a été démentie par l’un des députés de Bleu et Blanc, il n’empêche que la place de second apparaît au final plus avantageuse. Mais là encore, Avigdor Lieberman, avec les huit sièges gagnés par YisraelBeitenu, joue les trublions. Il a dit et redit son refus de siéger avec les députés arabes…pourtant nécessaires à Benny Gantz. Le serpent se mord la queue.Et si d’aventure ni l’un ni l’autre des rivaux n’arrivait à sortir le paysdes six mois d’impasse politique qu’il vient de connaître, de nouvelles élections devront immanquablement avoir lieu cet hiver. Ce qui ferait un troisième vote en un an. Du jamais vu dans le pays.

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