Des fouilles en Israël ont permis de retrouver à Usha (le premier site du Sanhédrin en Galilée) des traces d’une petite activité sidérurgique qui vient s’ajouter à celles de l’industrie du verre, du vin et de l’huile.
Dans les clous ! Le hasard du calendrier ne pouvait pas mieux jouer. Alors que beaucoup de juifs construisaient à la mi-octobre dernière leur souccah (cabane) avec clous et marteaux pour la fête juive des cabanes, des volontaires participant à des fouilles archéologiques organisées pendant les vacances de Souccot sur les sites de l’Autorité israélienne des antiquités (AAI), ont déterré ces mêmes outils à Usha (près de Kiryat Ata en Galilée occidentale). A ceci près, que le marteau et les clous retrouvés (ainsi que des résidus du travail du fer) remontent à l’époque byzantine, et qu’ils dévoilent ainsi une activité sidérurgique jusqu’alors inconnue à Usha, a fait savoir hier un communiqué de presse publié par l’AAI. Yair Amitzur et Eyad Bisharat, directeurs des fouilles sur le site, ont déclaré dans le communiqué qu’environ une vingtaine de marteaux de fer sont enregistrés dans les archives de l’institution pour laquelle ils travaillent, mais que seulement six remontent à la période byzantine, ce qui indique, explique Yair Amitzur dans le Times of Israel, qu’ « Usha était une très petite exploitation ». Le travail du verre était lui plutôt important, comme en témoignent de nombreux et délicats fragments de verre à vin anciens et de lampes dans des tons bleus et verts, qui révèlent que « les habitants d’Usha maîtrisaient bien l’art du soufflage du verre », a également déclaré Yair Amitzur dans le communiqué de l’AAI. L’activité était tant répandue que d’après les sources juives, un rabbin dénommé Yitzhak Nafha, habitant Usha, aurait lui-même porté un nom signifiant en hébreu « le souffleur », preuve, sans doute, de son activité de verrier.
Les fouilles qui sont effectuées à Usha s’inscrivent dans le projet du Sentier du Sanhédrin (l’assemblée législative traditionnelle et la cour suprême des juifs). Le Sentier du Sanhédrin est un chemin interactif de 70 km initié par l’AAI, qui traverse la Galilée de Bet Shearim à Tibériade en passant par plusieurs sites antiques (et leurs découvertes) associés au Sanhédrin aux époques romaine et byzantine. « Le site d’Usha est souvent mentionné dans les sources juives à l’époque romaine et byzantine, comme le village où l’institution du Sanhédrin a été renouvelée, après la destruction du temple à Jérusalem et après l’échec de la révolte de Bar Kochba en 135 ap. J.-C. », explique Yair Amitzur, également directeur du Sentier du Sanhédrin. Le Sanhédrin a déménagé pour la première fois à Usha en 80 après J.-C., sous la direction de Shimon Ben Gamliel II, suivi de son fils Yehudah Hanasi. C’est dans ce village que les rabbins ont réfléchi et statué sur la manière de restructurer la vie juive après la destruction du Temple en 70. A partir du IIème siècle jusqu’au VIème siècle – soit le milieu de l’ère byzantine – des générations de juifs ont vécu à Usha, rapporte le Times of Israel.
Production de vins et d’huiles rituellement purs
A côté de la petite industrie du fer et de la florissante industrie du verre, des pressoirs à vin et à huile indiquent que la principale source de revenus des habitants d’Usha était très probablement d’origine agricole (raisins et olives). Près des pressoirs ont été mis au jour deux bains rituels (mivkvaot en hébreu), creusés il y a environ 1 800 ans et parés de murs et de marches en plâtre, datant des périodes romaine et byzantine. Une hypothèse basée sur la proximité des pressoirs et bains poussent les archéologues à penser que les bains ont probablement été utilisés avant que les travailleurs ne commencent leur travail « afin de produite de l’huile et du vin rituellement purs », indique le communiqué de l’AAI. Ce serait une preuve pour les chercheurs que « les Sages du Sanhédrin ont porté une attention particulière aux problèmes de pureté rituelle. »
Par ailleurs, un exemple d’art juif a également été découvert sur une lampe à huile en argile intacte datant du milieu à la fin de la période byzantine, sur laquelle est gravé un rameau de palmier dattier et une menorah.
Le site et ses bains rituels auraient continué à être utilisés par la population juive locale jusqu’à il y a environ 1 500 ans, a déclaré Yair Amitzur. « Suite à l’abandon du site par les juifs, celui-ci a été occupé par des résidents chrétiens et des artefacts attestant de leur établissement ont été retrouvés sur le site », a par ailleurs rapporté l’archéologue.