Grâce à la coopération italienne, un nouveau « glacier social » a récemment ouvert ses portes à Gaza. Il crée du travail, tout en proposant d'offrir un petit pot de crème glacée, fabriquée avec des matières premières locales, à ceux qui n'en ont pas les moyens.
Le 16 octobre dernier, une petite foule de gens – surtout des enfants – s’est attroupée dans la rue Al Nasser, animée et au centre de la ville de Gaza, pour l’inauguration du premier magasin de crème glacée artisanal et social du quartier : gai, plein de couleurs, de lumière et, surtout, de glaces à base de vrais fruits de saison, offerts « exceptionnellement » (comme le café à Naples) à ceux qui n’en ont pas les moyens.
Soyons clairs : dans la bande de Gaza, malgré les guerres et la pauvreté, les glaces existent depuis toujours, mais sont emballées ou préparées avec du lait en poudre et des arômes variés. Elles représentent un luxe qui n’est pas accessible à tout le monde. Gelato di Gaza, gelateria sociale (l’enseigne est écrite telle quelle, en italien et sans trop en faire) utilise les produits des agriculteurs de l’enclave palestinienne et a pour objectifs non seulement de garantir à chacun le droit à la douceur d’une glace, mais également d’investir les revenus dans d’autres activités pour aider la population.
Une idée italienne
L’initiative a été promue par l’Association pour le développement des femmes palestiniennes, active dans le camp de réfugiés d’Al Burej, et par l’ONG italienne Vento di Terra, engagée à aider les populations de nombreuses régions « difficiles » du monde. C’est l’Agence italienne pour la coopération et le développement qui a donné le financement. « Le magasin de glaces a créé sept nouveaux emplois et nous comptons sur 23 agriculteurs de l’ensemble de la bande de Gaza pour fournir des fruits frais », explique à Terrasanta.net Giulia Schirò, responsable de Vento di Terra en Palestine. L’unité de production pour les glaces, qui emploie deux fabricants, se trouve dans le camp de réfugiés d’Al Burej ; trois autres jeunes travaillent à plein temps dans le magasin de la ville doté d’une salle confortable, de murs vitrés et de tables à l’intérieur. « Il y a enfin – ajoute Giulia Schirò – le responsable palestinien et le chauffeur du tuk-tuk, le fourgon qui transportera la glace dans les endroits lges plus reculés et les plus pauvres de la bande de Gaza ». Les tuk-tuks sont maintenant devenus un symbole de Gaza : ils livrent de l’eau, de la nourriture, des biens et des produits de toutes sortes, sans jamais s’arrêter, même sous les bombardements israéliens. La camionnette de crème glacée ne passera certainement pas inaperçue : cônes, sucettes glacées, coupes et fruits de toutes sortes, peints sur un fond jaune, recouvrent chaque centimètre de la carrosserie. Il livrera de nombreuses glaces « exceptionnelles ».
Les enfants des villages bédouins de Um al Nasser, l’un des endroits les plus vulnérables et les plus dévastés de la bande de Gaza, ont peint sur le tableau d’affichage de la boutique les modèles de glaces offerts.
De la glace aux livres
Lors de l’inauguration, les plus petits ont également joué le rôle de dégustateurs officiels, aux côtés des propriétaires de restaurants locaux, de travailleurs humanitaires internationaux et d’habitants. « Les glaces – rapporte Giulia Schirò – ont été jugées d’excellente qualité. Le goût le plus apprécié ? Sans aucun doute la fraise ». Les promoteurs sont confiants : les clients ne manqueront pas, à la fois pour la qualité et les objectifs du magasin, mais aussi parce qu’il est situé à un endroit où la vie urbaine se déploie de l’aube à minuit.
Le glacier de Gaza aura, entre autres, une tâche très spéciale : soutenir, avec ses recettes, le bibliotuktuk, une autre camionnette sociale qui contient des livres et des histoires racontées par un conducteur-animateur pour faire rêver les enfants de l’enclave.
Toujours est-il que le glacier de Gaza fait partie d’un réseau de glaciers sociaux créé par Vento di Terra, en collaboration avec un ancien médecin frontalier devenu fabricant de glaces social plutôt entreprenant, Ambrogio Manenti. « Avec lui – nous dit Archetti, président de Vento di Terra – nous avons promu les glaciers au Caire, dans les camps de réfugiés syriens en Jordanie, mais également à Milan, dans le district d’Adriano et à Naples, dans le district de Scampia ».