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Crise orthodoxe : Theophilos III propose un sommet à Amman

Christophe Lafontaine
27 novembre 2019
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Le patriarche Theophilos III à proximité de la ville de Jéricho, le 18 janvier 2018. ©Yonatan Sindel/Flash90

En raison de la crise ukrainienne qui divise aujourd'hui l’orthodoxie, le Patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem a invité en Jordanie les primats des Eglises orthodoxes, pour un dialogue sur la préservation de leur unité.


Le 21 novembre, le Patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem a reçu le « Prix du patriarche Alexis II » à Moscou, en Russie. Ce prix, de la Fondation internationale pour l’unité des nations chrétiennes orthodoxes, porte le nom de l’ancien patriarche de l’Eglise orthodoxe russe (1990-2008) et a pour but de saluer les « activités remarquables visant à renforcer l’unité des nations chrétiennes orthodoxes », ainsi qu’ « à défendre et promouvoir les valeurs chrétiennes dans la vie de la société ».

C’est à cette occasion que Theophilos III a invité – sans donner de date – à Amman en Jordanie (le Royaume hachémite étant l’un des territoires canoniques du Patriarcat de Jérusalem) les chefs des différentes Eglises orthodoxes, afin qu’ils puissent répondre au besoin de maintenir l’unité panorthodoxe.

« Nous voudrions, a-t-il dit, accueillir chez nous, en tant que Patriarcat de Jérusalem, nos frères, les Primats de l’Eglise orthodoxe, pour qu’ils se rassemblent dans un esprit de communion – koinonia – afin qu’une décision soit prise ensemble pour la préservation de notre unité dans la communion eucharistique ». Theophilos III a également rappelé que les Primats des Eglises « ont la responsabilité donnée par Dieu (…) de maintenir l’unité de l’Église, même si elle nécessite des sacrifices ».

De fait, le monde orthodoxe traverse une profonde crise générale depuis la reconnaissance par les Patriarcats de Constantinople puis d’Athènes et d’Alexandrie, de la nouvelle Eglise orthodoxe d’Ukraine qui est devenue la 15ème Eglise autocéphale orthodoxe le 5 janvier dernier avec à sa tête le métropolite Epiphane de Kiev et de toute l’Ukraine. Le Patriarcat de Moscou ne reconnaît pas cette nouvelle Eglise et ne reconnaît que l’Eglise orthodoxe ukrainienne qui lui est rattachée canoniquement et qui est dirigée par le métropolite, Onuphre de Kiev. A ce titre, le Patriarcat de Moscou a rompu la communion eucharistique avec Constantinople, Athènes et Alexandrie.

L’Eglise orthodoxe russe a dès le lendemain du discours de Théophilos III salué l’initiative d’un sommet panorthodoxe. « C’est avec gratitude que nous avons perçu l’initiative du patriarche de Jérusalem, Theophilos III. Quelqu’un doit commencer et inviter les autres responsables d’Eglise à discuter des difficultés et des différences actuelles. Et il est très bon qu’une telle initiative vienne du dirigeant de la plus ancienne, la toute première Eglise orthodoxe, qui est vraiment la Mère de toutes les autres », a déclaré à Interfax l’archiprêtre Nikolaï Balachov, adjoint du Président du Département des Relations ecclésiastiques Extérieures du patriarcat de Moscou.

Le supérieur de l’archiprêtre Nikolaï Balachov, le métropolite Hilarion de Volokolamsk a, quant à lui, dit espérer une réaction positive des autres Eglises et souhaiter que « la question de la résolution du schisme ukrainien [soit], enfin, discutée au niveau panorthodoxe et [reçoive] une solution panorthodoxe ».

Cela dit, généralement la convocation d’un sommet panorthodoxe d’une réunion de tous les primats est la prérogative exclusive du patriarche œcuménique, Bartholomé Ier, qui est primus inter pares (premier parmi les pairs) des chefs des Eglises autocéphales formant l’Eglise orthodoxe et qui bénéficie d’une primauté d’honneur héritée du statut de capitale de l’Empire romain d’Orient dont jouissait autrefois Constantinople, l’actuelle Istanbul en Turquie.

« Tout le monde ne peut pas convoquer une réunion panorthodoxe. C’est la prérogative du patriarche œcuménique. Si le patriarche œcuménique nous appelle, nous ne dirons pas non, mais si quelqu’un d’autre qui est responsable d’une église nous appelle, je dirai ‘non’ », a déclaré l’archevêque d’Athènes, Jérôme II, le chef de l’Eglise de Grèce.

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