C’est une transmission que l’on doit à l’Eglise grecque-orthodoxe. Puis aux autres Eglises chrétiennes orientales. Depuis plus de 2000 ans, le chant byzantin est un art vivant qui perdure.
Raison pour laquelle l’Unesco a décidé de l’inscrire, le 11 décembre dernier, au patrimoine immatériel de l’humanité. Et ce, à la demande de la Grèce et de Chypre.
Ce chant liturgique traditionnel, après s’être historiquement développé en langue grecque, l’a été en syriaque, arabe, arménien et même géorgien.
Son inscription n’a rien d’anodin puisque la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité vise à assurer une plus grande visibilité aux traditions et aux savoir-faire portés par les communautés, pour les protéger. « Il ne s’agit pas de les protéger comme des souvenirs lointains et fragiles mais de les sauvegarder dans leur vivacité quotidienne », a signalé Audrey Azoulay, la Directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.
Tradition culturelle et système musical complet
La décision a été approuvée lors de la 14ème session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du Patrimoine culturel immatériel, réuni à Bogota en Colombie. Dans son intervention, Audrey Azoulay a aussi souligné que, depuis son entrée en vigueur en 2006, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel avait été « consolidée par (…) l’idée d’un patrimoine vivant intégrant un ensemble de pratiques, d’expériences, de techniques et de connaissances humaines, nourries au fil des générations ».
Et le chant byzantin, parce qu’il est à la fois « une tradition culturelle significative » et « un système musical complet » entre complètement dans ce champ, explique l’Unesco dans un communiqué.
Une musique vocale et monophonique
Il s’agit d’un art vocal. Fondamentalement monophonique, il « se concentre principalement sur l’interprétation du texte ecclésiastique ». Les chants sont codifiés selon un système en huit tons et différents styles de rythme sont employés afin d’accentuer les syllabes souhaitées dans certains mots du texte liturgique, explique l’Unesco.
Le chant byzantin est traditionnellement associé à la voix des hommes. Mais les femmes sont nombreuses dans les couvents et, dans une certaine mesure, dans les paroisses, a l’exercer. La prospérité de ce genre musical est due au dévouement d’experts et d’amateurs – musiciens, membres des chœurs, compositeurs, musicologues et universitaires – qui continuent son étude, sa représentation et sa diffusion.
Mais aussi l’écriture arménienne…
Parmi les autres demandes d’inscription acceptées sur la Liste du patrimoine immatériel de l’Unesco, figure l’écriture arménienne et ses expressions culturelles basées sur l’alphabet arménien créé en 405 après J.-C. selon le principe d’« une lettre pour un son ». Sa très grande variété de polices décoratives, (nœuds, oiseaux, animaux, personnages et créatures mythiques ou imaginaires) a imprégné l’art populaire et ses maîtres :tapissiers, brodeurs, peintres, sculpteurs, linguistes, calligraphes et bien sûr bijoutiers.
… et le palmier dattier
Par ailleurs, « les connaissances, le savoir-faire, les traditions et les pratiques associés au palmier dattier » ont aussi été inscrits au patrimoine culturel mondial immatériel de l’Unesco ». La demande venait de 14 pays dont l’Egypte, la Jordanie et les Territoires palestiniens. L’Unesco en ce sens rend hommage aux propriétaires de plantations de palmiers dattiers, artisans qui fabriquent des produits traditionnels, marchands de dattes, artistes et aux interprètes de contes et poèmes populaires mettant cet arbre à l’honneur.