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Les chrétiens de Gaza privés d’aller à Bethléem pour Noël

Christophe Lafontaine
13 décembre 2019
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Un père et son enfant, chrétiens palestiniens grecs-orthodoxes assistant à la messe de Noël dans l'église Saint-Porphyre de la ville de Gaza, le 7 janvier 2018 ©Wissam Nassar/Flash90

Cette année, pour célébrer Noël, les chrétiens de la bande de Gaza ne seront pas autorisés à visiter les villes saintes telles que Bethléem et Jérusalem, ont annoncé le 12 décembre les autorités israéliennes.


« C’est une rupture avec la politique habituelle », souligne Reuters. Normalement, deux fois par an, à Noël et à Pâques, le Cogat- l’organisme de liaison militaire d’Israël avec les Territoires palestiniens – publie des quotas de permis, censés permettre aux habitants de Gaza de se réunir avec leur famille en dehors de l’enclave pour les vacances.

Mais l’agence de presse américaine Reuters a rapporté hier qu’une porte-parole du Cogat, avait annoncé, à moins de deux semaines des premières fêtes de la Nativité, que cette année les chrétiens de Gaza ne seront pas autorisés à se rendre pour Noël en Israël et en Cisjordanie occupée et donc ne pourront pas se rendre dans les villes saintes entre autres de Bethléem – lieu de la naissance de Jésus – de Jérusalem, de Nazareth et dans les villes où habitent leurs familles qu’ils auraient pu rejoindre pour la période des fêtes.

Alors que, comme chaque année à la même époque, l’Administrateur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem se rend aujourd’hui à la paroisse catholique de la Sainte-Famille de Gaza City pour donner du baume au cœur, la déception est bien grande pour les fidèles. L’année dernière, l’Etat hébreu avait annoncé 500 permis aux chrétiens de la bande Gaza. Nul doute que cette année les dirigeants chrétiens de Terre Sainte souhaiteront faire appel aux autorités israéliennes pour modifier leur décision annoncée hier.

Dans le passé, Israël a déjà restreint les mouvements hors de la bande de Gaza, territoire contrôlé par le Hamas, et a souvent défendu sa politique de limiter le nombre de permis pour les Gazaouis voyageant en Cisjordanie, affirmant que de nombreux Palestiniens de Gaza restaient illégalement lorsqu’ils obtenaient des permis de courte durée (généralement un mois).

C’est pour cela aussi qu’en guise de dissuasion, les autorisations de sortie de la bande de Gaza ne concernent généralement qu’une catégorie d’âge ou une partie de la famille. Les autorités ne distribuant par exemple qu’un permis au père mais pas à la mère et aux enfants.

L’enclave palestinienne qui a récemment été le théâtre d’une nouvelle escalade de violence, ne compte aujourd’hui qu’environ un millier de chrétiens – majoritairement grecs-orthodoxes (autour de 800) avec un petit troupeau de 117 âmes catholiques – sur une population de deux millions d’habitants, la plupart musulmans.

La porte-parole du Cogat a déclaré que, suite à des « obligations de sécurité », les Gazaouis seraient autorisés à voyager seulement à l’étranger via le passage frontalier du pont Allenby avec la Jordanie. Ont été ainsi annoncés 100 permis pour les résidents chrétiens de Gaza désireux d’aller à l’étranger et 200 permis pour les chrétiens vivant à l’étranger qui sont originaires de Gaza àse rendre dans l’enclave.

Mais Gisha, un groupe israélien de défense des droits, a précisé dans un communiqué hier que « seuls les chrétiens de plus de 45 ans sont éligibles pour un permis de voyage à l’étranger, donc même les familles de Gaza qui souhaitent voyager à l’étranger pour les vacances ne pourront pas le faire ensemble. »

Gisha a aussi déclaré dans son communiqué que l’interdiction pointe « vers l’intensification des restrictions d’accès entre les deux parties du territoire palestinien», la qualifiant « d’approfondissement de la politique de séparation d’Israël » pour la Cisjordanie et Gaza.

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