Le projet pour la deuxième phase de travaux de restauration dans la Basilique du Saint-Sépulcre s’articule autour de quatre axes d’intervention. Il a été présenté le 10 décembre à Jérusalem en présence des trois chefs des Eglises responsables du statu quo dans le lieu saint (le Patriarcat grec-orthodoxe, la Custodie de Terre Sainte pour l’Eglise catholique et le Patriarcat arménien).
Après l’accord entre les Eglises passant à la phase 2 des restaurations (signé le 27 mai 2019) et après la signature de l’accord-cadre avec les institutions responsables (le 8 octobre 2019), le projet mené par le Centre pour la conservation et la restauration des biens culturels La Venaria Reale (CCR) de Turin (Italie), et le Département des Antiquités de l’Université La Sapienza de Rome, a été annoncé le 10 décembre.
Le directeur du projet et architecte superviseur Stefano Trucco, la coordinatrice, Michela Cardinali, et la directrice adjointe du projet, Paola Croveri, membres du CCR, étaient présents pour expliquer le projet dans le couvent franciscain de Saint Sauveur. A leurs côtés, le Professeur Francesca Romana Stasolla, chef du groupe de travail du Département des Antiquités de La Sapienza, s’occupera des recherches archéologiques liées aux travaux de restauration. Parmi les invités à la séance de présentation, se trouvait également le représentant pontifical en Terre Sainte, l’archevêque Leopoldo Girelli.
Quatre domaines d’intervention
Le comité technico-scientifique multidisciplinaire a organisé les travaux en quatre domaines : conservation et restauration du pavement de la Basilique ; évaluation de la stabilité et de la sécurité de l’Edicule qui entoure le Tombeau ; mise en place des structures techniques (hydrauliques, électriques, mécaniques, coupe-feu) ; recherche archéologique.
Une étape particulièrement délicate du travail sera l’intervention sur le sol du Saint-Sépulcre. Des investigations scientifiques seront tout d’abord menées (phase 1), pour pouvoir caractériser les différents matériaux, les levés géophysiques et la surveillance de l’environnement, afin de planifier une série d’essais expérimentaux pour nettoyer les pierres (phase 2). La zone concernée par la restauration – outre celle de l’Anastasis qui entoure l’Edicule – sera étendue jusqu’au déambulatoire et à l’entrée de l’église, et ce, afin de garder la continuité des espaces et des matériaux du pavement.
Une équipe interdisciplinaire de restaurateurs, d’archéologues et d’ingénieurs concepteurs évaluera la stabilité et la sécurité de l’Edicule. Des interventions seront effectuées afin de sonder l’existence réelle de canaux souterrains, ainsi que des recherches géométriques détaillées et des recherches des pathologies structurelles de l’Edicule.
A l’issue de cette deuxième phase des travaux, l’objectif est d’améliorer les principaux problèmes techniques à l’intérieur de la basilique, pour les communautés religieuses y vivant, comme pour les pèlerins. Par exemple, la situation sera analysée en termes de température, d’humidité et de concentration de la pollution, et des solutions seront recherchées pour répondre aux besoins identifiés.
Implications archéologiques
En ce qui concerne les recherches archéologiques, le professeur Francesca Romana Stasolla de La Sapienza a expliqué qu’une base de données serait créée, ainsi que des cartes en trois dimensions avec les données recueillies. En collaboration avec le Département de l’Ingénierie Astronautique, Electrique et Energétique de La Sapienza, les variations de l’acoustique et de la lumière naturelle dans le Saint-Sépulcre seront analysées. Le groupe de La Sapienza documentera les travaux et les phases du projet de restauration.
Comme nous l’a rappelé l’archéologue Carla Benelli de l’Association Pro Terra Sancta (ONG qui collecte des fonds et réalise des projets pour le compte de la Custodie de Terre Sainte – ndlr), le développement du projet a été réalisable grâce au don d’un particulier, qui a versé 500 000 euros. Ce chiffre est bien supérieur à celui indiqué dans la présentation du projet, évalué à un coût de 253 000 euros par le comité de travail. Cependant, le coût indiqué ne tient compte que de cette phase de l’étude de faisabilité et il est probable qu’à l’avenir, il faille rechercher de nouveaux financements pour achever les travaux.
Engagement en faveur de la transparence
Le Custode de Terre Sainte, frère Francesco Patton, a rappelé la collaboration positive des Eglises durant la première phase des travaux de restauration, achevée en mars 2016, et formulant le même vœu pour l’avenir. Le père Samuel Aghoian a félicité le patriarche arménien de Jérusalem, Nourhan Manougian, pour ce projet.
Le patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem, Théophile III, a également exprimé sa satisfaction : « En tant qu’Eglises, il est important que nous nous engagions pour protéger et préserver l’autonomie du Saint-Sépulcre, ce qui est bon aussi pour nos chrétiens. La présentation de ce projet est donc importante pour nous, mais aussi pour la transparence qui peut nous donner légitimité et confiance auprès de nos mécènes ». Une transparence, fortement souhaitée par tous les représentants des Eglises et garantie par les institutions en charge de la restauration, qui se sont engagés à faire le point tous les deux mois sur l’avancement des travaux. A l’heure actuelle, la date d’ouverture des chantiers n’est pas encore connue.