« C’est fait », a déclaré via son compte Facebook le ministre israélien de la Défense. Naftali Bennet s’est en effet dit « ravi » d’avoir approuvé la création de sept nouvelles réserves naturelles en Judée-Samarie, le nom donné à la Cisjordanie par les autorités israéliennes. Ces parcs ont vocation à protéger les trésors de la nature (diversité végétale et animale, écosystèmes, paysages, …).
A noter que les sept réserves identifiées par Naftali Bennet sont situées dans la zone C, qui représente un peu plus de 60% de la Cisjordanie. Incluant les colonies israéliennes implantées en Cisjordanie, elle est sous le contrôle administratif et sécuritaire d’Israël. Cette zone comprend entre-autre la vallée stratégique du Jourdain, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré en septembre dernier qu’il prévoyait de l’annexer, en cas de victoire aux législatives.
L’initiative de Naftali Bennet s’inscrit dans le cadre d’un effort pour renforcer le contrôle d’Israël sur les territoires palestiniens. « La Judée, la Samarie et la vallée du Jourdain font partie de la Terre d’Israël », soutient-il. « Les montagnes ici sont magnifiques, les ruisseaux puissants, le désert envoûtant. Comme d’habitude, nous sommes venus pour performer et renforcer notre Terre d’Israël ! », ajoute-t-il dans son communiqué publié sur les réseaux sociaux.
Cette décision intervient alors que Naftali Bennett, dont le parti « la Nouvelle Droite » tire une grande partie de son soutien des colons juifs, cherche à être réélu aux élections législatives du 2 mars.
Le ministre avait déjà affirmé la semaine dernière qu’Israël souhaitait doubler au cours de la prochaine décennie la population dans ses colonies en Cisjordanie, pour la faire passer à un million de colons. Il avait également avancé que la « zone C » de ce territoire appartenait à Israël.
Sous la responsabilité de la Direction de la Nature et des Parcs d’Israël
Le communiqué du ministre israélien Naftali Bennet établit la liste des sept réserves dont il est question : la grotte d’Avshalom (ou grotte de Soreq) près de Bet Shemesh, le Wadi Og (ou Wadi al-Muqallek) sur les pentes orientales du mont des Oliviers à Jérusalem-Est, le Wadi Malha dans la vallée du Jourdain, la zone sud de la rivière du Jourdain, le ruisseau de Bitronot au sud de la Cisjordanie, Nahal Tirza (ou Wadi al-Far’a) et Rotem-Maskiyot, toutes deux au nord de la vallée du Jourdain.
En parallèle, le communiqué israélien fait savoir que 12 réserves naturelles déjà existantes en Cisjordanie et sous le contrôle des autorités israéliennes seront agrandies. Parmi elles, le célèbre site de Qumran, où les Manuscrits de la mer Morte ont été découverts dans des grottes entre 1947 et 1956, et Einot Tsukim (ou Ein Feshkha), sur la rive nord-ouest de la mer Morte à 3 km au sud de Qumran, qui se compose d’une section ouverte avec des bassins d’eau minérale pour la baignade entourée de feuillage élevé et d’une section fermée aux visiteurs pour protéger la flore et la faune.
L’annonce d’hier, faite aux Israéliens, explique d’autre part que les nouvelles réserves seront placées « sous la responsabilité de la Direction de la Nature et des Parcs d’Israël ». Précisant ainsi qu’elles seront « bien entretenues » et ouvertes au public, sans toutefois indiquer si les résidents palestiniens de la Cisjordanie y auront accès ou non.
Naftali Bennet, s’est félicité de faire savoir qu’il s’agissait d’une première depuis la signature des accords d’Oslo. « Depuis 25 ans (!), a-t-il écrit, tous les gouvernements israéliens ont eu peur de le faire, de peur de « bouleverser » l’Autorité palestinienne ».
Condamnation palestinienne
Cette dernière – par la voix du ministère palestinien des Affaires étrangères – n’a pas manqué de condamner cette décision qualifiée « d’expansionniste et colonialiste ». Le ministère palestinien des Affaires étrangères a déclaré, rapporte Al-Jazeera, qu’il déposerait des plaintes concernant cette « annonce dangereuse » aux Nations unies et devant les tribunaux internationaux.
Selon l’ONG anti-colonisation « Peace Now » (La paix Maintenant) citée par l’AFP, les réserves désignées dans le communiqué totalisent environ 5 300 hectares, dont environ 40% sont des terres privées palestiniennes. En vertu des lois israéliennes réglementant les réserves naturelles, les Palestiniens n’auront pas le droit de cultiver leurs propres terres, a fait valoir auprès de l’agence de presse française, Hagit Ofran, une responsable de cette ONG. « Il sera désormais plus facile d’expulser les Palestiniens de ce territoire », a-t-elle confié.
Comme le rapporte le journal Haaretz : « Les restrictions exactes (en matière d’agriculture ou d’élevage, ndlr) dépendront des règles spécifiques définies pour chaque réserve. »